Correspondance inédite de Hector Berlioz/089

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 248-249).
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LXXXIX.

AU MÊME.


Paris, 15 novembre 1857.

Mon cher Morel,

Je vous remercie de m’avoir envoyé des nouvelles de Louis. Dieu veuille que son voyage continue comme il a commencé. Quant à moi, je suis toujours malade ; j’ai, dit mon médecin, une névrose intestinale. Cela me tourmente à un point que je ne saurais exprimer. Je travaille pourtant tout de même.

On vient de donner enfin l’opéra en deux actes de M. Billetta, célèbre professeur de piano à Londres. Je voudrais que vous entendissiez cela. Ne croyez pas un mot des quelques éloges que contient sur cette musique mon feuilleton de ce matin, et croyez, au contraire, que je me suis tenu à quatre pour en faire aussi tranquillement la critique. On a travaillé treize mois à l’Opéra pour accoucher de ce chef-d’œuvre. La troisième représentation n’a pas suivi la seconde ; on l’annonce pourtant pour lundi. La Rose de Florence sera bientôt fanée et effeuillée. Fiorentino, qui a une grande peur de ses compatriotes, et qui a été forcé de louer celui-là, n’a jamais pu se décider à écrire lui-même son nom ; il l’a laissé en blanc dans son manuscrit.

Je viens de me procurer un de mes portraits, vous le recevrez prochainement. Comment se porte Lecourt ? que fait-on, sinon de bon, au moins de mauvais, en musique à Marseille ?