Correspondance inédite de Hector Berlioz/110
CX.
AU MÊME.
[23 octobre 1861.]
J’ai reçu tes deux lettres avec les détails que contenait la première sur ta prochaine position. Je la trouve plus avantageuse que je n’avais espéré. Avec 200 francs par mois, étant logé et nourri (car ton navire est ta maison quand tu voyages), tu seras assez à l’aise. Mais tu ne me dis pas quelle assurance tu as d’être deuxième lieutenant. Je serai embarqué, me dis-tu, j’aurai tout. Qui donc a pu te dire quelque chose de positif à cet égard ? tu me le laisses ignorer complétement. Tâche d’observer la diète quand tes maux d’estomac te tourmentent ; il paraît que c’est le grand moyen de les conjurer. J’ai travaillé hier pendant sept heures à un petit ouvrage en un acte que j’ai entrepris ; je ne sais si je t’en ai parlé. C’est très joli, mais très difficile à bien traiter. J’aurai encore longtemps à travailler au poème ; il m’arrive si rarement de pouvoir y songer avec suite. Puis la musique aura son tour. Rien de nouveau pour les Troyens, sinon que le Théâtre-Lyrique approche de plus en plus de sa ruine, pendant que sa nouvelle salle s’élève. Je voudrais que la catastrophe fût déjà accomplie ; on aurait une nouvelle administration moins malheureuse et moins maladroite que celle qui existe. Tu as donc entendu le finale de la Vestale ? Tu me dis le duo, tu te trompes. La phrase citée dans ta lettre appartient au finale, à moins qu’on n’ait fait à Marseille un pot-pourri des deux.