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Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier/15/1788/Janvier

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Texte établi par Maurice Tourneux, Garnier frères (Volume 15p. 190-198).

1788.

JANVIER.

Le vendredi 14 décembre on a donné, sur le Théâtre-Italien, la première représentation des Étourdis, ou le Mort supposé, comédie en trois actes et en vers de M. Andrieux, connu déjà avantageusement à ce théâtre par la jolie pièce d’Anaximandre, dont nous avons eu l’honneur de vous rendre compte dans le temps[1].

Cette comédie a obtenu le plus grand succès. La vivacité piquante de l’exposition pouvait faire craindre que l’auteur ne pût pas en soutenir la gaieté ; mais il a eu le talent très difficile d’en accroître le mouvement et l’intérêt, et de les varier par une succession de situations, qui, si elles sont quelquefois un peu forcées, le font oublier du moins au spectateur, grâce à la gaieté d’un dialogue toujours vif, naturel et serré. L’auteur ne s’est pas permis d’ailleurs, dans cette comédie du genre le plus gai, une seule plaisanterie qui ne soit du meilleur goût et toujours analogue au caractère de ses divers interlocuteurs. Il était très-difficile de répandre quelque intérêt sur un ouvrage aussi comique, et M. Andrieux a eu encore ce talent ; l’amour presque épisodique de Julie pour son cousin lie non-seulement l’action, il sert à la développer, et il a fourni à l’auteur une scène d’un genre absolument neuf ; rien de plus délicat que l’aveu que le jeune homme continue de faire à sa maîtresse sous le nom d’un tiers, en présence de l’hôtesse qui est venue l’interrompre. Cette seule scène suffirait pour donner les plus grandes espérances du talent de M. Andrieux ; elle est d’un comique de situation tout à fait neuf, et le développement en est tout à la fois spirituel et naïf, plein de grâce, de sentiment, et de délicatesse. Il y a dans cette comédie une foule de vers qui rappellent très-heureusement la gaieté si originale du style de Regnard.

— On a donné, le mercredi 2 janvier, sur le Théâtre-Français, la première représentation d’Odmar et Zulma, tragédie en cinq actes, de M. de Maisonneuve, connu par le succès de Roxelane et Mustapha. La fable qui fait le sujet de cette nouvelle tragédie est purement de l’invention de M. de Maisonneuve.

L’embarras et l’invraisemblance de cette fable, la nullité des moyens employés par l’auteur pour attacher une sorte d’intérêt public à la vie de l’enfant d’un vice-roi du Mexique, le romanesque des situations, leur longueur et leur monotonie, le défaut de convenance et de vérité dans les caractères, l’obscurité du plan et la faiblesse de l’exécution : tous ces défauts ont paru rachetés en quelque manière par le sentiment qu’inspirera toujours au théâtre la première et la plus intéressante des douleurs, celle de la tendresse maternelle. L’inquiétude cependant avec laquelle le spectateur partage les alarmes de Zulma est en général plus pénible qu’elle n’est attachante. L’auteur nous montre cette mère infortunée durant quatre actes dans une situation qui est, pour ainsi dire, toujours la même ; il n’a pas eu le talent de nous intéresser à la douleur de Zulma, comme on s’intéresse à celle d’Andromaque, de Mérope, d’Idamé, en faisant succéder tour à tour au danger qu’elle redoute des lueurs d’espoir qui n’auraient reposé l’âme du spectateur que pour lui faire éprouver de nouvelles émotions et plus vives et plus pressantes. Le caractère d’Hernandez n’a paru qu’une faible imitation de celui d’Alvarès ; le rôle de Vasquez rappelle trop celui de Gusman ; quoique Odmar soit agité des mêmes sentiments de haine et de vengeance que Zamore, ce sont deux caractères qu’on ne se permettra sûrement pas de comparer. Tout le plan de la nouvelle tragédie n’est en général qu’un assemblage de conceptions dramatiques beaucoup trop connues au théâtre, et le style en est plus faible encore que celui de Roxelane et Mustapha ; on y a trouvé cependant, comme dans ce premier ouvrage de l’auteur, des détails d’une sensibilité douce et touchante, quelques vers d’un naturel heureux, d’une expression simple et vraie, tels que ceux-ci, qu’on a fort applaudis :

Puisqu’il fut malheureux, il doit être sensible…
En cessant d’être roi, j’appris à me connaître…
Un monarque est puissant quand son peuple est heureux.
Il n’a point encor vu les larmes d’une mère…

— C’est le 26 décembre que les Comédiens italiens ont donné la première et dernière représentation du Prisonnier anglais, comédie en trois actes, mêlée d’ariettes. Le poëme est de M. des Fontaines, l’auteur de l’Aveugle de Palmyre, de la Dot, etc. La musique est de M. Grétry.

La chute de cette pièce a été suivie d’un tumulte dont on n’a guère vu d’exemple à aucun de nos théâtres. Il est vrai que le mécontentement et l’ennui qu’avait causés la pièce y ont eu moins de part que l’imprudence des Comédiens qui, après avoir annoncé qu’ils allaient donner les Étourdis, pièce que le parterre avait demandée, sont venus annoncer, au bout de trois quarts d’heure, qu’il leur était impossible de donner cette comédie, et se sont obstinés, malgré les réclamations les plus bruyantes, à vouloir lui substituer la Servante Maîtresse dont le public ne voulait pas. Cette scène très-orageuse a duré jusqu’à onze heures du soir. « C’est la nation, me disait un de mes voisins, qui prélude aux états généraux… » Nous devrons au scandale de ce désordre le rétablissement d’une ordonnance qui prescrit aux Comédiens de tenir toujours une pièce ancienne prête, lorsqu’ils en donnent une nouvelle, au cas que celle-ci tombe. Ce qui est plus important, et pour la tranquillité des spectateurs, et surtout pour leur santé, c’est que l’on vient d’asseoir le parterre à ce théâtre comme au Théâtre-Français, établissement désiré par tous les honnêtes gens, mais que l’intérêt de la recette avait empêché les Italiens d’adopter jusqu’à ce jour.

Almanach des honnêtes gens[2]. C’est un almanach dans la forme la plus vulgaire, mais où l’on a substitué aux noms des saints ceux des hommes célèbres de tous les siècles, de toutes les religions et de tous les peuples ; cette sottise a causé tant de scandale que l’on s’est cru obligé de la dénoncer au Parlement. La dénonciation a été suivie d’un réquisitoire foudroyant qui a provoqué non-seulement la flétrissure de l’imprimé, mais encore un décret de prise de corps contre l’auteur, M. Sylvain Maréchal, autrement dit le Berger Sylvain, connu par un grand nombre de petits écrits, et surtout par une jolie pièce fugitive que nous avons eu l’honneur de vous envoyer dans le temps, intitulée Stances à mon portier. Le gouvernement a prévenu les suites du décret en faisant enfermer l’auteur à Saint-Lazare ; M. de Sauvigny, qui avait approuvé l’ouvrage, a été exilé à trente lieues de Paris, et risque beaucoup de perdre sa place de censeur de la police. Voilà bien des malheurs assurément pour un assez mince sujet ; le pauvre almanach nous avait été donné cependant pour l’an premier de la raison. Un des torts de M. Sylvain, qui paraît avoir excité le plus l’indignation de l’auteur du réquisitoire, c’est d’avoir osé réunir des hommes qui ont fait la gloire et les délices de la terre avec ceux qui ont fait la honte et le malheur de l’humanité. « Quel blasphème, dit-il, de voir ranger dans la même classe Moïse et Mahomet, Titus et Cromwell, Sully et Machiavel, etc. » Mais peut-être sera-t-on surpris, du moins en Allemagne, de trouver au milieu de pareils rapprochements celui de Wolf et Colbert. Il y a tout lieu de penser que c’est une méprise échappée à la précipitation avec laquelle M. de Séguier a été forcé de faire ce réquisitoire ; personne n’ignore que c’est une fonction de son ministère, qu’il n’est pas toujours libre de remplir à son gré ; mais l’épigramme qu’on a faite à ce sujet n’en a pas eu moins de succès. La voici :

Est-il bien vrai ? l’ai-je entendu ?
Ô mœurs ! Ô siècle de sottise !
Voilà donc un homme perdu
Pour avoir fait une bêtise !
Où fuirez-vous, mes bons amis ?
Être un sot n’est donc plus permis ?
À nos seigneurs esprit et gloire !
Il est pourtant trop abusif,
Que l’auteur du réquisitoire
Ait le privilège exclusif.

Désaveu du sieur Grimod de La Reynière, touchant la parodie d’Athalie, brochure in-8o. Ce nouveau pamphlet n’est qu’une suite du premier[3] ; bien loin d’en être le désaveu, et l’on y reconnaît sans peine le même esprit ou la même malignité. Voici, pour en juger, de quelle manière on y désavoue l’insulte fait à Mme de Genlis et à M. de Buffon :

« Mme la comtesse de Genlis, après avoir fait, il y a quelques années, les délices des enfants par son Théâtre d’éducation, voulut un peu désoler leurs mères, et donna son fameux roman d’Adèle et Théodore. Elle y désigna la mienne (c’est M. de La Reynière qui parle) sous le nom de Mme d’Olcy, et y traça avec malignité son penchant naturel à n’estimer que la haute noblesse. Cette satire, quoique indirecte, fut un peu blâmée par les gens qui ne sont que raisonnables ; ils dirent que madame la comtesse avait sacrifié l’honnêteté de son cœur à la moralité de son livre, et que, même auprès d’une femme, les bienfaits doivent l’emporter sur les ridicules. Pour moi, je fus d’abord partagé entre la vengeance filiale et l’estime due aux grands talents, mais cette dernière l’emporta bientôt, et je gardai un silence respectueux, etc… Quant à l’insulte faite au génie de M. de Buffon, je m’en laverai en peu de mots : mon ignorance doit lui répondre de mon innocence et de mon estime. N’ayant jamais parcouru que les spectacles, l’Almanach des muses et les rues de Paris, comment ne m’en serais-je pas rapporté au ton qu’il prend en expliquant la lanterne magique de la nature ? Est-ce pour moi que quelques physiciens ont eu des aperçus plus profonds que les siens ? Est-ce pour moi que ses erreurs ont été relevées ? Non, sans doute ; il sera toujours le même à mes yeux, et rien ne peut le sauver de ma vénération. »

Lettres écrites de Lausanne, première partie, Caliste, ou Suite des Lettres écrites de Lausanne, deux petits volumes in-8o.

Ces Lettres sont de Mme de Charrière, née de Theuil[4], d’une des plus anciennes familles de Hollande ; elle a fait dans sa première jeunesse, il y a quinze ou vingt ans, un conte fort original, intitulé le Noble. Le premier volume des Lettres écrites de Lausanne offre plusieurs peintures de mœurs et de caractères où l’on trouve beaucoup de finesse et de vérité, mais dont les détails sont quelquefois minutieux et de mauvais goût. L’histoire de Caliste nous a paru d’un ton fort supérieur ; quoique ce soit le roman d’une fille entretenue, elle n’a rien dont le sentiment le plus pur puisse être blessé, et nous connaissons peu d’ouvrages où la passion de l’amour soit exprimée avec une sensibilité plus vive, plus profonde et dont l’intérêt soit tout à la fois plus délicat et plus attachant.

— Nous ne pouvons rien dire de la comédie des Rivaux, en cinq actes et en vers, qu’on a essayé de donner au Théâtre-Français, le mardi 18 décembre. Les premières scènes de l’ouvrage ont été si mal accueillies que, malgré toute l’attention que nous avons l’habitude de porter au spectacle, il nous a été impossible de suivre même l’exposition du sujet. Au commencement du troisième acte, le parterre a forcé les acteurs à baisser la toile. Ce que nous avons pu comprendre à travers tant de bruit et de murmures, c’est que cette pièce devait être l’imitation d’un drame du théâtre anglais, de M. Sheridan, déjà traduit en prose par Mme la baronne de Vaase. On sait aujourd’hui qu’elle est de M. Imbert, à qui nous devons le Jaloux sans amour et plusieurs autres ouvrages très-agréables. On sait aussi que c’est lui qui s’est chargé de rendre compte lui-même, dans le Journal de Paris, de son triste succès. Il l’a fait sans aucune aigreur, en observant seulement que la manière de juger que le public paraît avoir adoptée depuis peu n’est pas très-encourageante pour ceux qui s’occupent de ses plaisirs.

Estelle, roman pastoral, par M. de Florian, capitaine des dragons et gentilhomme de S. A. S. Mgr le duc de Penthièvre, des Académies de Madrid, de Florence, de Lyon, etc. À Paris, de l’imprimerie de Monsieur, un volume in-8o de 235 pages.

M. de Florian avoue, dans une assez longue préface, qu’il a toujours entendu reprocher au genre pastoral d’être froid et ennuyeux, et il en conclut que la meilleure manière de traiter ce genre, c’est le roman. Ce sont deux idées dont il n’est pas trop aisé sans doute d’entrevoir la liaison, car si le genre en lui-même est ennuyeux, parce qu’en effet les moyens en sont bornés et que l’espèce de mouvement dont il est susceptible est naturellement monotone, on conçoit bien mieux, ce me semble, comment une imagination douce et sensible en peut soutenir l’intérêt dans quelques églogues détachées que dans une longue suite de tableaux et de situations, dont la couleur ne peut être fort variée sans s’éloigner plus ou moins du caractère propre à la pastorale. Et s’il faut justifier ce sentiment par quelques exemples, ne conviendra-t-on pas sans peine qu’on se lasse encore moins de relire les églogues de Virgile et de Théocrite que le roman de Longus, les Églogues de Mme Deshoulières, que l’Astrée du marquis d’Urfé, les Idylles de Gessner, enfin, que son Daphnis ?

Quoi qu’il en soit de la nouvelle poétique de M. de Florian, son Estelle offre plusieurs tableaux agréables et quelques situations touchantes. Il annonce lui-même dans sa préface qu’il a de grandes obligations à la Diane de Monte-Mayor, mais il paraît qu’il s’est bien gardé de suivre en tout son modèle. Le plan d’Estelle est beaucoup plus simple que celui du roman espagnol, l’on reconnaît également dans l’exécution un choix plus pur, un goût plus sévère. Le lieu de la scène est un des plus beaux pays de la France et c’est heureusement la patrie de l’auteur. C’est un vallon délicieux du Languedoc, connu sous le nom de Beau-Rivage. L’époque qu’a choisie M. de Florian est celle du règne de Louis XII. Le dernier livre est presque entièrement héroïque. Son héros, Némorin, de berger qu’il était, devient guerrier, s’engage sous les drapeaux de Gaston de Foix et sert avec succès les vues de ce prince qui commandait l’armée française contre les Castillans ; c’est de lui qu’il obtient enfin la main d’Estelle comme la récompense de sa valeur.

Les événements qui amènent cette heureuse catastrophe n’inspirent pas tous le même intérêt, l’invention en est assez commune ; et, ce qui est à nos yeux un tort plus réel, elle n’en paraît pas moins dépendre quelquefois de sentiments trop recherchés, trop précieux pour la pastorale. Mais, dans le nombre de situations qu’offre ce roman, il en est plusieurs cependant qui respirent une sensibilité douce et vraie. L’épisode qui nous a fait le plus de plaisir est celui d’Isidore. On a remarqué avec raison que le style d’Estelle, à force d’être poli, manquait souvent de naturel et de naïveté. Quant aux romances dont cet ouvrage est encore semé, il en est quelques-unes de fort jolies, mais celle de Galathée nous a paru avoir en général un caractère plus piquant, plus original.

Le dernier livre commence par le portrait d’un prince[5] que sa modestie et sa piété font aisément reconnaître.

« Ô grandeur, que tu es belle quand la vertu te rend utile ! Je le vois tous les jours, ce mortel bienfaisant, parcourant ses immenses domaines et choisissant pour s’y rendre le moment où le pauvre a besoin de lui. Là où l’hiver est plus rigoureux, où le feu vient d’exercer son ravage, où des fleuves débordés ont emporté l’espoir du laboureur, où des loups affamés ont semé l’effroi, c’est là qu’il faut sûrement l’attendre. Occupé de suivre le malheur, il arrive presque aussitôt que lui pour en effacer la trace. Il paraît, et le pauvre est riche, l’infortune sèche ses larmes, l’opprimé rentre dans ses droits. C’est pour eux qu’il aime son rang, c’est pour eux qu’il a des richesses. Sa récompense est son bienfait même, surtout quand il reste ignoré. Ah ! que sa modestie se rassure, mon respect et mon amour m’empêcheront de le nommer. »



  1. Voir tome XIII, p. 235.
  2. Ce que Meister, pour complaire à ses lecteurs titrés, a la faiblesse d’appeler une sottise est un des premiers efforts qu’ait faits un homme de sens pour amener l’esprit humain de l’état théologique à un état plus rationnel ; mais en essayant ainsi de substituer aux noms des saints adoptés par le christianisme ceux d’hommes qui, selon lui, ont bien autrement mérité de l’humanité, Sylvain Maréchal froissait trop ouvertement les préjugés qui dominaient son époque.

    Cependant, aujourd’hui que nous pourrions les juger avec plus de sang-froid, comparons l’un et l’autre système d’almanach : Le jour où je trace ces lignes, le 14 novembre 1830, j’ouvre l’almanach des catholiques vulgairement adopté. À qui vois-je ce jour consacré ? à saint Maclou ! ! !… Je le demande à tout homme doué de quelque rectitude de jugement, au catholique même le plus stupide, le nom de Galilée, s’il arrivait qu’il remplaçât Maclou ; de l’homme qui d’un mot, et en frappant du pied, renversa à jamais l’édifice théologique ; celui d’un Bacon, dont les travaux scientifiques, une fois bien compris, permettront de reconstituer la société sur une base réellement solide et durable, ne réveilleraient-ils pas en nous des idées d’un ordre plus élevé ?…

    Si la liberté des cultes, que l’on a cru proclamer depuis notre dernière révolution, n’est point une dérision, il faudra bien que la courageuse tentative de Sylvain Maréchal soit renouvelée de nos jours ; il faudra bien que l’on refasse un almanach où ne figureront plus des noms qui, convenables pour la gent catholique, peuvent blesser la conscience du protestant, du quaker, du musulman, de tout autre déicole, et même de celui qui, pour être honnête homme, n’a pas besoin de croire en Dieu.

    Cette dernière opinion était en tout point partagée par Sylvain Maréchal, et il la reproduisit constamment dans tous ses travaux philosophiques. Il pensa toujours que la morale la plus pure est celle qui est basée sur l’athéisme de bonne foi ; celle qui, sans dépouiller la vertu de ce qu’elle a de désintéressé, porte l’homme à faire le bien sans espoir de récompense, et le détourne du mal par d’autres motifs que la crainte des châtiments. C’est ce qu’il a nettement exposé dans son Dictionnaire des athées, dans son Code des hommes sans Dieu, dans son beau traité de la Vertu et dans une foule d’autres ouvrages moraux.

    La publication du Livre échappé au déluge (1785), où, pour se conformer au langage consacré, Sylvain Maréchal avait emprunté les formes emphatiques dont sont revêtues les niaiseries de la Bible, et qu’un fou allemand, d’Eckartsaushen, a, dit-on, sérieusement traduit comme échappé au déluge, lui avait fait perdre son modeste emploi de sous-bibliothécaire au collége Mazarin ; l’Almanach des honnêtes gens le fit enfermer à Saint-Lazare, et sans la première révolution française, il eût été infailliblement destiné à terminer ses jours dans les cachots de nos inquisitions religieuses. (Ch.)

  3. Inséré dans cette Correspondance, précédemment, page 170.
  4. M. de Charrière avait été le gouverneur de son frère. (Meister.)
  5. M. le duc de Penthièvre. (Meister.)