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Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier/15/1789/Septembre

La bibliothèque libre.
Texte établi par Maurice Tourneux, Garnier frères (Volume 15p. 503-520).

SEPTEMBRE.

LETTRE[1]

ÉCRITE À L’AUTEUR DE CES FEUILLES, À LONDRES,
OÙ IL AVAIT ÉTÉ FAIRE UN VOYAGE DE QUELQUES SEMAINES,
PAR LE SIEUR GIRBAL, SON PLUS ANCIEN COPISTE.

De Paris, le 3 août 1789.
Monsieur,

Quoique je sois l’homme de Paris le moins nouvelliste, je ne puis me refuser à l’honneur et au plaisir de vous rendre compte du plus beau spectacle que j’aie encore vu, l’arrivée de M. Necker à l’Hôtel de Ville, jeudi dernier 30 juillet. C’était vraiment une de ces marches triomphales qu’on lit avec admiration dans l’histoire ancienne.

Une nombreuse troupe de cavalerie et d’infanterie avait été recevoir hors de Paris M. Necker, qui avait avec lui dans son carrosse M. le comte de Saint-Priest. Dans une seconde voiture étaient M. de Clermont-Tonnerre, M. Dufrêne de Saint-Léon et deux autres personnes. M. de Rulhière, commandant un fort détachement du guet à cheval, ouvrait la marche ; il était suivi de la cavalerie bourgeoise, mêlée de dragons et de cavaliers de divers régiments, ayant tous des bouquets et portant de grandes branches de laurier. Les tambours battaient, la musique jouait, le drapeau de la Bastille, ceux des gardes-françaises et ceux des districts étaient déployés. Les poissardes marchaient en chantant, dansant et jetant des fleurs en l’air. Le cortège a descendu la rue Saint-Honoré, a pris celle du Roule, le quai de la Ferraille et le quai Pelletier. Toutes les croisées étaient pleines, toutes les rues étaient bordées d’une foule immense. Les femmes levaient les mains au ciel, les joignaient, les hommes applaudissaient, tout le monde criait : Vive M. Necker ! vive ce grand ministre ! que Dieu nous le conserve ! On n’entendait que louanges et bénédictions ; c’était une acclamation continue, une ivresse universelle. M. le directeur général était un peu pâle, il paraissait fatigué et plus ému encore ; mais à travers cette émotion on discernait la sérénité, la douce sécurité d’une âme vertueuse. Il remerciait le public avec une sensibilité aussi noble que franche.

Arrivé vers les une heure au bas des escaliers de l’Hôtel de Ville, messieurs du comité permanent, ayant à leur tête M. Bailly et M. de La Fayette, sont venus le prendre et l’ont conduit dans la grande salle de messieurs les cent vingt représentants de la Commune. M. le maire lui a adressé un fort beau discours, qu’on n’a pas encore imprimé. De là il s’est rendu dans la salle des électeurs, accompagné de M. le commandant général. Il y avait été précédé par Mme Necker, par Mme de Staël, et par Mme la marquise de La Fayette, qui ont été accueillies avec des démonstrations universelles d’intérêt et d’estime. Lorsqu’il a été placé sur l’estrade du président, le silence a succédé aux acclamations, M. Moreau de Saint-Méry lui a présenté la cocarde patriotique en lui disant : Monsieur, voici des couleurs que vous chérissez sans doute, elles sont celles de la liberté. M. Necker a reçu la cocarde et l’a attachée à son chapeau. Alors il a été harangué par M. de La Vigne, président de l’assemblée. M. Moreau de Saint-Méry a prononcé ensuite un autre discours qui a été interrompu par des applaudissements répétés à un trait court, mais heureux, qui caractérise les vertus de Mme Necker, et à l’éloge de M. le comte de Saint-Priest, « ce ministre patriote qui, invariablement attaché aux mêmes principes que M. Necker, a montré dans les circonstances les plus difficiles les vues de l’homme d’État unies au courage d’un bon citoyen. »

Le discours que M. Necker a prononcé dans l’une et dans l’autre assemblée a fait verser des larmes à tous ceux qui ont pu l’entendre. Vous trouverez, monsieur, ce discours ci-joint.

Il y avait une heure et demie que M. Necker était à l’Hôtel de Ville, lorsque le peuple impatient sur la place de Grève demandait à grands cris à le voir. On le détermina à passer dans une chambre voisine pour satisfaire l’empressement du peuple. Il se montra à l’avant-dernière croisée du côté de la rue du Mouton ; il salua le public avec beaucoup d’attendrissement et de respect. À peine l’eut-on aperçu, qu’il entendit une bruyante explosion de battements de mains de cris de : Vive M. Necker ! et ces acclamations durèrent plusieurs minutes. Mais quand on vit ce grand homme, se livrant aux mouvements de la sensibilité que lui causaient de telles marques d’amour, lever ses yeux et ses bras vers le ciel, que sans doute il prenait à témoin de la sincérité de sa reconnaissance, les reporter sur son cœur, et les déployer ensuite vers le peuple, à qui il semblait envoyer ce cœur généreux et patriotique ; quand on vit avec quel abandon, quelle cordialité touchante il répéta huit à dix fois de suite ces vives démonstrations d’une âme profondément pénétrée, alors il se fit un silence général ; cet homme parut un dieu, les larmes coulèrent de tous les yeux, on voulait parler et on ne le pouvait pas ; on était comme suffoqué par un sentiment inexprimable, par un sentiment que je n’avais pas encore éprouvé, et que sûrement je n’éprouverai plus, car ces scènes délicieuses, uniques, n’arrivent pas deux fois pendant la vie d’un homme. Je ne crois pas qu’on pût vivre longtemps dans une pareille situation morale. J’étais dans un épuisement tel qu’à peine je pouvais me soutenir.

Revenu de cette espèce d’évanouissement, je n’ai pu m’empêcher de me dire en moi-même : Cette place que j’entendais, il y a huit jours, retentir de malédictions, de cris de la plus terrible fureur ; ces pavés que je vis teints du sang et souillés par les cadavres flétris et mutilés de deux hommes odieux et détestés[2] ; cette même place retentit aujourd’hui de bénédictions, de louanges, de vœux sincères pour la conservation de l’ami, du sauveur de la patrie ; on couvre de fleurs le chemin par lequel il va remonter sur son char de triomphe !… Ô Providence ! vous avez voulu que je fusse témoin oculaire de la scène la plus sanglante et du spectacle le plus ravissant. Je vous en rends grâces.

M. le directeur général est sorti de l’Hôtel de Ville dans le même ordre qu’il y était entré, et a été reconduit par le même cortège (qui grossissait même par la jonction de plusieurs patrouilles qui accouraient de tous les quartiers de la capitale) jusqu’à la barrière de la Conférence, où il a remercié la garde bourgeoise, qui voulait absolument l’accompagner jusqu’à Versailles. Mme Necker, Mme de Staël et M. l’ambassadeur de Suède étaient dans une troisième voiture qui suivait à une assez grande distance les deux premières. Ils étaient aussi précédés et suivis de gardes bourgeoises marchant tambour battant et drapeaux déployés. Les acclamations étaient aussi bruyantes au départ qu’à l’arrivée. Il était trois heures quand le cortège quitta l’Hôtel de Ville.

Il n’est point de beau jour sans nuage, et cette belle journée eut aussi le sien. Peu s’en est fallu que du sein même d’une joie si pure ne sortissent de nouveaux troubles. Pendant que M. Necker recevait à la croisée les hommages, je dirais presque les adorations du peuple, l’assemblée des électeurs, vivement émue par le discours du ministre, prenait l’arrêté suivant :

« Sur le discours vrai, sublime et attendrissant de M. Necker, l’assemblée des électeurs, pénétrée des sentiments de justice et d’humanité qu’il respire, a arrêté que le jour où ce ministre si cher, si nécessaire, a été rendu à la France devait être un jour de fête ; en conséquence elle déclare, au nom des habitants de cette capitale, certaine de n’être pas désavouée, qu’elle pardonne à tous ses ennemis, qu’elle proscrit tout acte de violence contraire au présent arrêté, et qu’elle regarde désormais comme les seuls ennemis de la nation ceux qui troubleraient par aucun excès la tranquillité publique ;

« Arrête en outre que le présent arrêté sera lu au prône de toutes les paroisses, publié à son de trompe dans toutes les rues et carrefours, et envoyé à toutes les municipalités du royaume ; et les applaudissements qu’il obtiendra distingueront les bons Français. Fait à l’Hôtel de Ville le 30 juillet 1789. »

M. Necker étant rentré dans la salle, M. de Clermont-Tonnerre lui lut cet arrêté : il en fut touché jusqu’aux larmes ; il se prosterna d’attendrissement, et exprima la vive émotion et le bonheur qu’il éprouvait par quelques phrases pleines de ce trouble d’un cœur oppressé de sentiments divers. On jeta ensuite par les croisées de l’Hôtel de Ville un grand nombre de feuilles volantes, sur lesquelles on avait écrit à la hâte Amnistie générale, pardon du passé, et qu’on faisait circuler dans toute la place en les portant au bout d’une épée. Ces expressions équivoques firent succéder une inquiétude subite à la douce émotion qu’on venait d’éprouver. Amnistie générale ! Mais le roi, disait-on, a déjà manifesté ses intentions à l’égard des soldats. Pardon du passé ! pour qui ? pour les citoyens ? Mais ils n’ont fait qu’user du droit naturel de se défendre. Pour les ennemis de M. Necker ? Mais on ne lui connaît d’ennemis que ceux de la nation, et ceux-là, la nation seule a le droit de leur pardonner ou de les punir, etc. Voilà, monsieur, ce que l’on disait dans la place même de Grève. Quelques-unes de ces feuilles furent portées au Palais-Royal. L’arrêté des électeurs fut envoyé aux districts ; on sut que ces électeurs avaient dépêché un courrier à Villenauxe pour faire relâcher M. de Besenval. Voilà tout à coup le Palais-Royal dans une fermentation pareille à celle des premiers jours de la révolution ; les districts s’assemblent pendant la nuit, et prennent des arrêtés plus violents les uns que les autres contre les électeurs, dont ils déclarent la compétence et le jugement nuls et absurdes, etc. Le district de l’Oratoire dépêche deux de ses membres à Villenauxe pour s’opposer à l’élargissement de M. de Besenval ; celui des Blancs-Manteaux envoie une députation à l’Assemblée nationale pour l’instruire de ce qui se passe et protester contre ; enfin le feu se rallume dans la capitale. L’assemblée des électeurs prend le parti extrêmement sage de chanter la palinodie, et de dépêcher un second courrier qui porte un contre-ordre à Villenauxe ; M. de Besenval est amené à Brie-Comte-Robert, et gardé à vue. L’Assemblée nationale, ayant entendu la lecture du discours de M. Necker, les griefs du district des Blancs-Manteaux et les raisons des députés de la municipalité de Paris, ayant à leur tête M. Bailly, a pris, le 31 juillet, à quatre heures après-midi, un arrêté qui a été imprimé et affiché dans tout Paris.

— C’est le mercredi 12 août qu’on a donné au Théâtre-Français la première représentation des Fausses Présomptions, ou le Jeune Gouverneur, comédie en cinq actes et en vers, imitée de l’allemand, par M. Patrat, l’auteur des Méprises par ressemblance, du Fou raisonnable, etc.

Il s’agit d’une vieille folle qui se croit aimée par un jeune gouverneur ; d’un pupille qui devient amoureux de la sœur de son instituteur ; d’un duel entre l’élève et le maître, où celui-ci est entraîné par l’impétuosité du premier, et où il se comporte en homme généreux ; d’un duc qui s’extasie sur la conduite du gouverneur au point de consentir au mariage de son fils avec la sœur de ce gouverneur, qui se trouve un homme très bien né, etc. C’est tout ce que nous avons pu démêler à travers la confusion d’un ouvrage dont l’ennui seul a décidé la chute. Le style en a paru aussi faible, aussi négligé que le fond en est insipide et romanesque.

— Nous ne croyons pas devoir nous étendre davantage sur Éricie, tragédie en trois actes et en vers, représentée pour la première fois sur le Théâtre-Français le mercredi 19. Cet ouvrage, imprimé depuis longtemps sous le nom de la Vestale, est de M. de Fontanelle, qui a été pendant plusieurs années le rédacteur de la Gazette des Deux-Ponts, et qui l’est aujourd’hui de celle de France. Nous lui devons déjà une autre tragédie, mais dont le succès fut encore moins heureux que celui d’Éricie ; c’est Lorédan, tombée en 1776 ; Éricie, ou la Vestale, a été accueillie, dit-on, sur quelques théâtres de province. On en a donné ici trois ou quatre représentations peu suivies, à la vérité, mais où l’on a cependant applaudi plusieurs beautés de détail, surtout dans la scène du premier acte entre Éricie et la plus jeune des Vestales. Le peu d’effet qu’a produit cet ouvrage tient au défaut même de l’action ; tous les personnages discourent longuement et demeurent pour ainsi dire immobiles. Il n’y a point de nœud véritable, et le dénoûment offre une catastrophe terrible, tous les apprêts d’un supplice affreux, le double suicide d’Éricie et de son amant.

La première représentation de cette pièce a été suivie d’une scène assez remarquable. Au moment où l’on a levé la toile pour commencer la petite pièce, il s’est élevé plusieurs voix du parterre qui ont demandé Charles IX, ou la Saint-Barthélemy. Le cri étant devenu assez tumultueux pour obliger les acteurs qui étaient sur la scène de se retirer, le sieur Fleury a reparu seul ; alors un orateur du parterre s’est chargé d’expliquer plus clairement le vœu de son parti : « Nous demandons, a-t-il dit, pourquoi l’on ne donne pas Charles IX, tragédie de M. Chénier, qui doit être à l’étude depuis très-longtemps. — Monsieur, a répondu fort respectueusement l’acteur, cette pièce n’est point encore à l’étude, parce que jusqu’ici nous n’avons encore obtenu la permission de la donner. — Plus de permission, a répliqué l’anonyme ; il est temps que le despotisme qu’exerçait la censure des théâtres cesse. Nous voulons pouvoir entendre ce qu’il nous plaît de penser. — Me dispenserez-vous, monsieur, ainsi que mes camarades, d’obéir aux lois que nous sommes accoutumés à respecter depuis plus de cent ans ? — Ces lois sont abusives, et par là même elles sont nulles. » Le dialogue allait devenir plus vif, il s’y mêlait déjà beaucoup de cris et de brouhaha, lorsqu’une voix dominant enfin sur les autres fit entendre le mot de municipalité : « Adressez-vous à la municipalité. — Eh bien, oui. — Et vous nous rapporterez sa réponse demain. » La réponse a été qu’on examinerait la pièce, et après l’avoir examinée, on l’a permise.

Il a paru quelques jours après[3], dans le Journal de Paris, une excellente lettre sur la censure des théâtres ; elle est de M. Suard, et renferme des vues si justes et si modérées, que nous ne pouvons nous refuser au plaisir d’en transcrire au moins une partie.

« Il serait étrange, dit-il, que la liberté civile consistât dans le droit illimité de rassembler dans de vastes théâtres les citoyens d’une grande ville pour y exposer à leurs yeux des scènes licencieuses ou atroces, pour y tourner en ridicule la religion, la morale et les lois, pour y insulter le souverain, les magistrats, les prêtres, les particuliers, pour y prêcher la sédition, et dénoncer aux vengeances du peuple des citoyens innocents qu’un méchant voudrait perdre. Ces excès sont exagérés, dites-vous, et la licence n’ira pas jusque-là. Je l’espère, mais si la liberté ne peut pas aller jusque-là, il y a donc une borne où elle doit s’arrêter ; là commence la censure…

« Dans les démocraties les plus libres de l’antiquité, la police des théâtres était surveillée par des magistrats particuliers. Dans le seul gouvernement moderne où existe la liberté de la presse, les pièces de théâtre sont souvent soumises à une censure. Il est vrai que nous commençons à croire que les Grecs, les Romains, et surtout les Anglais, n’entendaient pas grand’chose aux principes de la liberté. Un de nos législateurs patriotes disait, il y a quelques jours, à un Anglais : « J’espère que vous allez enfin apprendre de nous à être libres… » Lorsque Solon vit des théâtres publics s’élever dans Athènes, il s’écria : « Ces amusements parleront bientôt plus haut que les lois. » Eh bien, faisons parler sur nos théâtres l’esprit même qui va examiner nos lois, l’amour de l’ordre et de la liberté, etc. »


L’AN MIL SEPT CENT QUATRE-VINGT-NEUF

par M. peltier, l’auteur de Sauvez-vous ou sauvez-nous,
de la Trompette du Jugement et du Coup d’Équinoxe[4].

Et çà, ma voisine, oyez un conte neuf,
C’est celui d’une année en miracles féconde,
Et C’est le portrait de l’an quatre-vingt-neuf,
Et c’est à la rebours l’histoire de ce monde.

Des lois sans règle, un despote sans frein,
Une peuplade esclave, infortunée,
De cent cachots le sombre souterrain,
Des grands sans mœurs, une cour effrénée,
Souillant le cœur de notre souverain ;
C’était l’horreur de notre destinée
Vers le printemps de cette triste année ;
Et ce chaos, ce détestable enfer
Se peut vraiment nommer siècle de fer.

Au mois de juillet un nouveau feu s’allume,
La liberté brille dans tous les cœurs,
On voit couler le soufre et le bitume ;
Mille canons, mille foudres vengeurs
En mille endroits font retentir l’enclume.
Nous combattons, nous revenons vainqueurs.
Le sang, la mort sont pour nous une fête ;
Nous faisons plus sur le fer assassin
De nos tyrans nous promenons la tête.
Dieux ! quel été ! c’est le siècle d’airain.

Mais cependant voici venir l’automne,
Et de l’État le péril est urgent.
Tout est brisé, plus de lois, plus de trône,
Il faut payer le major, le sergent ;
Pas un écu, la mort nous environne :
Pour l’éviter, il nous reste un agent,
Necker le dit ; voyez comme avec joie
D’un cœur allègre et d’un pied diligent
Chacun de nous se porte à la Monnoie.
Oui, cette automne est le siècle d’argent.

Ayant ainsi de la triste patrie
Abondamment réparé le trésor,
La liberté, cette âme de la vie,
Va dans nos cœurs prendre un nouvel essor,
La douce paix, depuis longtemps bannie,
Dans nos foyers peut reparaître encor,
Et de nos maux la source étant tarie,
L’hiver prochain sera le siècle d’or.


ÉPITAPHE DE M. LE PRÉSIDENT D’ORMESSON
PAR Mme LA MARQUISE DE LA FÉRONNIÈRE.

Pleurez ce magistrat éclairé, vertueux,
Qui servit à la fois Dieu, les lois et son maître,
EtEt qui jamais n’a fait de malheureux
Et Que le jour qu’il a cessé d’être.

— La séance publique de l’Académie française, le jour de la fête de la Saint-Louis, n’a été remarquable que par la réception de M. l’abbé Barthélemy, élu à la place de M. Beauzée. L’illustre récipiendaire, après avoir parlé de lui-même avec beaucoup de modestie, s’est borné à faire un grand éloge de son prédécesseur qui, après avoir cultivé dans sa jeunesse les sciences exactes, s’est livré dans la suite à l’étude des langues anciennes et modernes, et s’y est distingué en effet par d’utiles travaux. On lui doit une nouvelle Grammaire générale, une traduction de Salluste assez estimée, une nouvelle édition fort augmentée des Synonymes de l’abbé Girard, et la plus grande partie des articles de grammaire de la nouvelle Encyclopédie. De l’éloge de M. Beauzée l’orateur a passé plus ou moins adroitement à celui de l’Académie française et de celle des inscriptions, des corps littéraires en général, des bienfaits de l’imprimerie, du siècle enfin où s’est levé un jour éternel dont l’éclat toujours plus vif pénétrera successivement dans tous les climats… « La France, ajoute-t-il, va sans doute se ressentir de cet heureux effet. Elle voit ses représentants rangés autour de ce trône d’où sont descendues des paroles de consolation qui n’étaient jamais tombées de si haut (la singularité de cette phrase a été fort applaudie), et qui ont laissé dans les cours une impression profonde. Ils sont venus poser les fondements inébranlables de la félicité publique… » Ô utinam !

Si le discours de M. l’abbé Barthélemy n’a pas paru d’un grand effet, la réponse de M. le chevalier de Boufflers, chargé des fonctions de directeur de l’Académie, a fini par réunir tous les suffrages de la manière la plus éclatante. On a trouvé d’abord ce qu’il a dit à la suite de l’éloge de M. Beauzée, sur la métaphysique des langues, d’une discussion trop subtile, trop obscure, au moins trop longue pour un discours oratoire ; mais le morceau où il a peint la Grèce détruite par la main du temps, et tous ses monuments relevés, tous ses grands personnages ressuscités par le génie de M. l’abbé Barthélemy, a excité des applaudissements universels. Il est impossible de louer avec plus d’esprit, de grâce et d’imagination. Nous ne nous refuserons point au plaisir d’en transcrire au moins une partie.

« La Grèce, dit M. de Boufflers, est le pays qui atteste le moins ce que fut autrefois la Grèce ; le voyageur qu’une curiosité audacieuse a conduit loin de sa patrie vers ces rivages désolés n’y retrouve pas même la nature, et pour unique fruit de tant de fatigues et de dangers, il ne remporte qu’une grande leçon, c’est que pour les pays comme pour les peuples la liberté est un principe de vie et le despotisme un principe de mort… Mais quel autre Orphée, quelle voix harmonieuse a rappelé sur ces coteaux dépouillés les arbres majestueux qui les couronnaient, et rendu à ces lieux incultes l’ornement de leurs bocages frais, de leurs vertes prairies et de leurs ondoyantes moissons ? Quels puissants accords ont de nouveau rassemblé les pierres éparses de ces murs autrefois bâtis par les dieux ? Tous les édifices sont relevés sur leurs fondements, toutes les colonnes sur leurs bases, toutes les statues sur leurs piédestaux ; chaque chose a repris sa forme, son lustre et sa place, et dans cette création récente, le plus aimable des peuples a retrouvé ses cités, ses demeures, ses lois, ses usages, ses intérêts, ses travaux, ses occupations et ses fêtes. C’est vous, monsieur, qui opérez tous ces prodiges ; vous parlez, aussitôt la nuit de vingt siècles fait place à une lumière soudaine et laisse éclore à nos yeux le magnifique spectacle de la Grèce entière au plus haut degré de son antique splendeur. Argos, Corinthe, Sparte, Athènes et mille autres villes disparues sont repeuplées. Vous nous montrez, vous nous ouvrez les temples, les théâtres, les gymnases, les académies, les édifices publics, les maisons particulières, les réduits les plus intérieurs… et jamais les Grecs n’ont aussi bien connu la Grèce, jamais ils ne se sont si bien connus entre eux que votre Anarcharsis nous les a fait connaître, etc. »

Beaucoup d’auditeurs se sont permis de croire que dans tout l’ouvrage si délicieusement loué l’on aurait peut-être de la peine à trouver autant de poésie, autant d’imagination qu’il y en a dans ce seul morceau.

Après les deux discours, M. Marmontel a annoncé que M. de Fontanes avait remporté le prix de poésie, et qu’une Épître de M. l’abbé Noël sur le même sujet avait obtenu une mention honorable. Nous avons déjà eu l’honneur de vous faire connaître la pièce couronnée que l’auteur a désiré de lire lui-même. On a remarqué, dans le Poëme sur l’Édit en faveur des non catholiques, les portraits de Bossuet et de Fénelon, surtout le dernier où se trouve ce vers charmant :


Son goût fut aussi pur que son âme était belle.

Mais ce qu’on a le plus applaudi, c’est l’éloge de ce ministre citoyen[5]


Que les complots des cours ont trois fois exilé,
Et que le vœu public a trois fois rappelé.

Le prix d’éloquence, dont le sujet était l’Éloge de Vauban, a été réservé pour l’année prochaine, ainsi que celui fondé par l’abbé Raynal, et pour sujet duquel on avait proposé un Discours historique sur le caractère et la politique de Louis XI. Le prix d’utilité a été accordé à M. Gudin de La Brenellerie pour son ouvrage sur les Comices de Rome, les états généraux de France et le Parlement d’Angleterre ; cette distinction pourra faire connaître l’ouvrage, assez ignoré jusqu’ici. Le prix d’encouragement a été donné à M. l’abbé Noël, et celui de vertu à une domestique du sieur Réveillon, qui est à son service depuis plus de quarante ans, et qui a déployé un courage surnaturel pour son sexe et pour son âge au milieu de l’horrible pillage de la maison de son maître dans la dernière émeute du faubourg Saint-Antoine.

Ce qui a étonné du moins quelques personnes, c’est d’entendre que le sujet du nouveau prix d’éloquence proposé par l’Académie pour l’année prochaine était l’Éloge de Jean-Jacques Rousseau. Qu’en diront les mânes de d’Alembert et de Voltaire ? Mais on ne gagnera que six cents livres à louer Rousseau, et deux mille quatre cents à déchirer Louis XI.

Examen politique et critique d’un ouvrage intitulé : Histoire secrète de la cour de Berlin, ou Correspondance d’un voyageur français, par Frédéric, baron de Trenck. Un volume in-8o avec cette épigraphe


Quid immerentes hospites vexas ?
· · · · · · · · · · · · · · ·
Cave, cave, namque in malos asperimus
Cave, Parata tollo cornua.

(Horat., Epod. Od. VI.)

On croira difficilement que M. le baron de Trenck, si tant est que l’ouvrage soit de lui, ait trouvé la meilleure manière de répondre au fameux voyageur. Est-ce d’un examen politique et critique que l’Histoire secrète devait paraître susceptible ? En prenant ce parti, ne fallait-il pas éviter au moins les longueurs, les répétitions fastidieuses dont ce gros volume est rempli ? Les injures viennent bien animer quelquefois la discussion, mais dans le genre de l’injure ne sait-on pas que depuis longtemps M. le comte de Mirabeau a laissé loin derrière lui tous ses rivaux et tous ses modèles ? Voici cependant un échantillon des plaisanteries de M. de Trenck, qui a paru assez ferme, à propos des fausses prédictions du comte sur l’affaire de la Hollande : « Ne mériterait-il pas, dit-il, d’éprouver le sort du juif Michée ? Tout le monde connaît l’aventure du prophète : il prédit la destruction de Jérusalem, un autre prophète lui donna un soufflet en lui disant : « Par quelle inspiration prophétises-tu ? »

Si l’on désire quelque autre exemple du style de M. le baron de Trenck, le voici. « Que vogue donc la galère prussienne ! Guillaume en sera toujours le capitaine, et tandis que le duc de Brunswick en sera le pilote, qu’Hertzberg observera la boussole, que Mollendorf, Calskreuter, le prince de Prusse, etc., seront ses lieutenants, elle saura toujours éviter les écueils, et l’aigle noir, toujours puissant et formidable, conservera en Europe sa réputation et sa gloire, etc. »

M. le baron, qui prétend savoir parfaitement le secret de tous les grands cabinets de l’Europe, ne blâme pas toujours le voyageur français, il trouve du moins qu’il raisonne fort juste sur ce qu’a fait la cour de Russie pour empiéter sur les droits du duché de Courlande, en le traitant comme une province légitimement conquise. Je pourrais encore y ajouter, dit-il, quelques réflexions, mais je garde le silence. Je ne veux pas prévenir les dispositions de la Prusse sur un article qui intéresse si fort son arrondissement et ses frontières ; quand l’instant sera venu, on se convaincra que ce Guillaume (l’indolent, si lourd, si inactif au jugement de M. de Mirabeau) peut bien se reposer, mais non pas s’endormir sur les lauriers de son prédécesseur… Les projets du prince Potemkin, dit-il dans un autre endroit, annoncent des révolutions. C’est à ces révolutions que doit veiller la Prusse, afin de garantir ses États, par la suite, des incursions des Kalmouks et des Tartares. »

Nous ne garantissons pas plus l’anecdote suivante que tout le reste, mais elle nous a paru cependant avoir un air de vérité :

« Pendant qu’on méditait en Prusse la vengeance de la princesse d’Orange, je quittai Berlin pour retourner à Vienne. L’empereur me parla des affaires de la Hollande : je vis facilement qu’il ne s’attendait à rien de sérieux de la part des Prussiens ; qu’il était persuadé qu’on agirait comme il avait agi lui-même dans la dispute sur la navigation de l’Escaut : je lui expliquai la situation des affaires, les projets conçus, les mesures prises pour l’exécution ; je l’assurai positivement qu’à tel jour préfixe le duc de Brunswick entrerait en Hollande, d’après les ordres qu’il en avait reçus et dont j’avais connaissance, qu’enfin sous huit jours les Prussiens seraient à Amsterdam. L’empereur éclata de rire, il se moqua de ma crédulité, me taxa de prévention pour la fermeté comme pour la rapidité des opérations prussiennes. Peu de jours après un courrier apporta à Vienne la nouvelle que le coup était frappé. Le souverain cessa de me questionner, etc. »


ÉPIGRAMME
SUR QUATRE PROCUREURS QUI PORTAIENT LE DAI
À LA PROCESSION DE LA FÊTE-DIEU,
PAR M. L’ABBÉ GIROD.

Le CPour laver nos iniquités
Le Christ mourut jadis d’un supplice barbare
Le CEntre deux brigands redoutés.
Aujourd’hui, triomphant et vainqueur du Tartare,
Le CIl en a quatre à ses côtés.


À UNE DAME
EN LUI ENVOYANT DES JARRETIÈRES EN ÉCHANGE D’UN SERRE-TÊTE,
PAR LE MÊME.

Le CJour et nuit mes liens sont doux.
LeVous me serrez et me tournez la tête.
Le CMoi je vous serre les genoux :
En un si beau chemin faut-il que je m’arrête ?

Domine, salvum fac regem. Brochure in-8o, ayant pour épigraphe ces vers parodiés de Racine :

Ô vous qui combattez pour un chef régicide,
Examinez sa vie et songez qui vous guide.
Un seul jour ne fait pas d’un lâche factieux
Un patriote pur, un prince vertueux.

C’est encore, on l’assure du moins, et nous ne pouvons guère en douter, c’est encore une nouvelle production de la tête volcanique de M. Peltier[6], jeune homme de Nantes, l’auteur de Sauvez-vous ou sauvez-nous, de la Trompette du Jugement, du Coup d’Équinoxe, etc. Si par le temps qui court il y avait encore quelque chose qui pût paraître audacieux, ce serait sans contredit ce pamphlet ; on y dit tout crûment qu’il y avait à la cour un parti pour faire aller le roi à Metz, et pour fomenter une cabale qui proclamât le duc d’Orléans lieutenant général du royaume, et Mirabeau, maire ou ministre de Paris ; que les chefs du conseil secret étaient M. de La Clos, officier d’artillerie, auteur d’un roman honteusement célèbre, nommé les Liaisons dangereuses, M. le comte de La Touche, Shée, secrétaire du prince, etc. On ajoute qu’Agnès Buffon, puissante législatrice du duc, était l’âme de cette horrible intrigue… qu’il avait fallu une grande étude préliminaire pour agencer tout, et surtout une grande combinaison de choses pour faire sortir le duc d’Orléans de son apathie, de son épicurisme, tranchons le mot, de sa jeanf… habituelle, mais que rien n’était impossible au séducteur de la présidente de Tourvel. » (Personnage du roman des Liaisons dangereuses.) On ne craint pas d’assurer que le départ de Son Altesse est le résultat d’une transaction faite entre les conjurés. « M. de La Fayette, dit l’auteur anonyme, connaissait le moral de l’homme, il se charge de la vengeance du roi, de la patrie… Il mande sur-le-champ au duc qu’il lui conseille de sortir de la capitale avant trois jours, ou que sa vie est en danger : il fait mieux, il lui fait parvenir par tous les échos de Paris que, puisqu’il a voulu compromettre son existence, il lui offrira l’occasion de se satisfaire, et qu’il le flétrira d’un soufflet en quelque lieu qu’il le trouve, fût-ce dans l’antichambre du roi. La foudre n’a pas un effet plus prompt que la menace du jeune général, ce lâche et vil conspirateur vient tomber aux pieds du trône qu’il voulait envahir, etc. » Nous ne nous permettrions pas de rapporter ici des inculpations aussi atroces, à beaucoup d’égards même si peu vraisemblables, si l’écrit qui les contient n’avait pas été répandu avec autant de profusion qu’aucune autre feuille du jour. Il est bon d’apprendre aux étrangers quelle est aujourd’hui l’étendue de ce bienfait si désiré par tous nos philosophes, par tous nos législateurs, la liberté indéfinie de la presse.

Le morceau le plus remarquable de ce singulier pamphlet, c’est celui où l’on a essayé de peindre le plus fameux de nos augustes représentants à l’Assemblée nationale ; le voici : « Peut-on s’empêcher de porter ici le regard de l’indignation sur ce composé monstrueux d’éloquence et d’intrigues, de talents et de vices, connaissant tous les principes sans en avoir aucun ; interdit par les lois et les tribunaux ; faisant des lois et créant des tribunaux : méprisé partout et partout recherché ; astucieux comme Ulysse, éloquent comme Hector, et lâche comme Thersite ; caméléon éternel, serpent vénéneux qui vous pique en vous pressant ; cœur dès longtemps flétri, étranger aux douceurs de l’amitié, sourd aux accents de la nature, brûlot sulfureux au milieu d’une flotte égarée ; vertébreux Minotaure de toutes les Pasiphaés ; être mal conséquent qui n’a pas eu, dans cette circonstance, l’esprit d’être ou de paraître moral ; ennemi né de tout ce qui méritait nos hommages ; ami inestimé d’une mésestimable société de révolutionnaires étrangers qui voudraient violer la patrie qui les alimente, etc. »

M. de Mirabeau ayant appris qu’un libraire, Le Tellier, qui s’est permis de contrefaire ce vigoureux portrait, venait d’être arrêté, a eu la générosité d’écrire sur-le-champ une belle lettre au comité de police pour solliciter son élargissement ; le comité n’a pas eu plus d’égards pour ses sollicitations que M. le comte n’en désirait probablement. Le premier imprimeur de l’ouvrage n’étant point connu, l’auteur n’a pu être dénoncé légalement.

Mémoires secrets de Robert, comte de Parades, écrits par lui au sortir de la Bastille, pour servir à l’histoire de la dernière guerre[7]. Un vol.  in-8o.

M. de Paradès, mort l’année dernière dans une habitation qu’il avait acquise à Saint-Domingue, prétendait descendre de la maison des Paradès en Espagne. On croit qu’il était bâtard d’un comte de Paradès, grand d’Espagne, mort au service de France. Ce qui paraît plus certain, c’est qu’il était fils d’un pâtissier de Phalsbourg.

Les Mémoires que nous avons l’honneur de vous annoncer ne contiennent qu’une justification assez mal écrite de la conduite qu’a tenue l’auteur, relativement aux différentes missions qui lui furent confiées. On y trouve l’état des services qu’il a rendus à la France, et celui de sa fortune ; il avoue que les bénéfices qu’il fit pour son compte dans l’année 1778 se montèrent à 825,600 livres. S’il faut l’en croire, en 1779, Plymouth était vendu au ministère français, et rien n’eût été plus facile à M. d’Orvilliers que de s’en rendre maître sans coup férir. Il résulte de ces Mémoires justificatifs que toutes les intrigues tissues par M. de Paradès, toute son habileté, toute sa prudence et deux ou trois millions qu’il fit dépenser au gouvernement, ne produisirent en effet aucun avantage à la France, mais il soutient que ce n’est pas sa faute. C’est donc celle des ministres qui l’employèrent. À la bonne heure !

On lit dans l’avertissement que c’est d’après la lecture de ces Mémoires que M. le maréchal de Castries, alors ministre de la marine, rendit la liberté au comte de Paradès, et fit acquitter le reliquat de ses comptes.

La Galerie des états généraux. Deux volumes in-8o, avec cette épigraphe :


Tros Rutulusve fuat, nullo discrimine habebo.

(Virg.)

C’est une suite de portraits ; et en conséquence de l’épigraphe, il n’y a que M. le comte de Mirabeau et deux ou trois de ses amis qui soient loués sans mesure ; presque tous les autres sont égratignés ou déchirés avec plus ou moins de haine et d’adresse. Il faut avouer cependant que, quoique écrit avec beaucoup d’inégalité, c’est l’ouvrage d’un homme de talent et d’esprit, d’un homme du monde qui connaît même en général assez bien toutes les personnes dont le caractère a pu tenter sa malignité. On l’a d’abord attribué à MM. de Champcenetz et de Rivarol, ensuite à M. le marquis de Luchet. Des gens mieux instruits ont cru y reconnaître la manière de M. Sénac de Meilhan, l’auteur des Mémoires de la Princesse palatine, des Considérations sur les mœurs, etc.[8].

  1. La relation que contient cette lettre a paru si vraie, si touchante, si bien circonstanciée, qu’on s’est flatté qu’elle pourrait intéresser votre attention, et l’on ne s’est pas permis d’y changer un seul mot. (Meister.)
  2. MM. Foulon et Bertier. (Meister.)
  3. Le 27 août 1789.
  4. Trois pamphlets adressés à l’Assemblée nationale, remplis de raison, de violence, d’esprit et de mauvais goût. (Meister.)
  5. Necker.
  6. Plusieurs personnes m’ont affirmé que le véritable auteur du Domine salvum fac regem était non le fameux Peltier, mais feu M. de Bourgoing. M. Toustain Richebourg, dans son ouvrage intitulé Famille de Toustain Frontebose, 1799 et 1802, 2 vol.  in-8o, affirme que Suleau est l’auteur de ce pamphlet. (B.) — Depuis Barbier l’a mis sur le compte de Peltier. (Voir la dernière édition de son Dictionnaire des anonymes.)
  7. Publiés par l’abbé Dupin, secrétaire interprète de Monsieur, frère de Louis XVI. Cette place ne demandant point de résidence, l’abbé Dupin s’était attaché d’une manière toute particulière au marquis de Créquy d’Hesmond. Il a fourni un grand nombre d’articles aux journaux royalistes des commencements de la révolution. Il est auteur du Résultat des Assemblées provinciales. Dupin mourut à Hesdin au mois de juillet ou d’août 1792, à l’âge d’environ trente ans. (B.)
  8. Barbier, dans son Dictionnaire des anonymes, attribue cet ouvrage à Rivarol, Mirabeau, Choderlos de La Calos et au marquis de Luchet. Il ajoute : « Cet ouvrage a été distingué de la foule des brochures qui ont paru en 1789 et 1790 ; les portraits qu’il contient sont en général tracés avec autant de talent que d’impartialité. Suivant l’auteur de la brochure intitulée le Comte de Mirabeau dévoilé, ouvrage posthume trouvé dans les papiers d’un de ses amis qui le connaissait bien, 1789, in-8o, Rivarol aurait eu la plus grande part à cette galerie ; Mirabeau n’aurait tracé que le portrait de Necker sous le nom de Narsès et le sien sous celui d’Iramba ; Rivarol se serait peint sous le nom de Cnéis. » — M. Poulet-Malassis, qui avait fait une étude attentive des écrits de Rivarol, s’inscrivait en faux contre cette collaboration, et ne reconnaissait pas davantage la manière ou les traits du pamphlétaire dans le portrait signalé par Barbier.