Coups de clairon/Charette/Les deux Bannières
LES DEUX BANNIÈRES
et celle des Zouaves Pontificaux)
Vers le Tien, — Ô Jehanne ! — un Étendard se penche !
Et ces deux Étendards, sur l’horizon noirci,
Ressemblent à deux lys bravant une avalanche !
— Ta bannière — Ô Jehanne ! — est très pure et très blanche :
La nôtre est pure et blanche aussi !
Comment toi, l’humble enfant, la timide bergère,
As-tu pu guerroyer, as-tu pu vaincre ainsi ?
C’est qu’avant le départ un Ange de lumière
Avait écrit ce nom : « Jésus », sur ta bannière :
Ce nom est sur la nôtre aussi !
Brandissant ta bannière encore immaculée,
Tu quittas Domrémy, n’ayant que le souci
D’obéir aux deux voix qui t’avaient appelée…
— Ta Bannière, à Patay, flotta dans la mêlée :
Or, Patay vit la nôtre aussi !
Sous le fer de l’Anglais quand tu tombas, meurtrie,
Sans te plaindre un instant, sans demander merci,
Tu baignas de ton sang ta Bannière chérie !
— D’un noble sang versé gaîment pour la Patrie
Notre bannière est teinte aussi !
Enfin la France voit la petite Lorraine
Rendre à la Royauté son éclat obscurci :
Le Roy prend l’Étendard de Jehanne et le mêne
À l’Honneur… Lui qui fut si souvent à la Peine…
… Le nôtre, y sera-t-il aussi ?
Ô Jehanne ! Ô Martyre ! Ange de la Victoire !
À genoux devant toi, regarde ! nous voici :
Si l’on revient aux jours mauvais de notre Histoire,
Fais que notre étendard flotte au vent de la gloire
Et sauve la Patrie aussi !