Cours d’agriculture (Rozier)/AUVENT

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 109-110).
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AUVENT, ou qui pare le vent & qui en garantit ; ces mots sont synonymes. Ce qu’on appelle auvent, dit M. l’abbé Roger de Schabol dans son Dictionnaire du Jardinage, est totalement inconnu des jardiniers. Il n’y a qu’à Montreuil & les endroits où la méthode de Montreuil est pratiquée, qu’on connoît les auvents. Ce sont des inventions ingénieuses dont les habitans de ce lieu se sont avisés pour conserver leurs arbres.

Ils ont des tablettes au lieu de larmiers, à leurs murs. On appelle larmier la petite avance qui fait saillie au bas du chaperon ; mais à Montreuil, c’est une tablette de cinq à six pouces de large ; de plus, ils ont de trois en trois pieds ou environ, de forts échalas, ou d’autres bois scellés dans leurs chaperons, & incorporés dans ces tablettes. Ces bois scellés de la sorte, ont un pied & demi de saillie ; là-dessus, ils mettent, au printems, des paillassons, à plat, de la même grandeur que ces bois, ainsi scellés dans les murs. Ceux qui sont en état de faire de la dépense, ont des potenceaux de fer au lieu d’échalas ; & au lieu de paillassons, ce sont des planches fort larges qu’ils posent dessus, durant les tems fâcheux ; ils laissent ainsi ces paillassons, à plat, & ces planches ; quand les dangers sont passés, on serre le tout pour l’année suivante. Comme ils ont reconnu que ce sont les vapeurs de la terre qui gèlent les bas, ils appliquent leurs paillassons par le bas seulement, & le haut se trouve suffisamment garanti par leurs tablettes & leurs paillassons posés à plat sur les échalas, ou par leurs planches également posées à plat.

Nous avons admis dans le jardinage, continue ce grand maître, une espèce d’auvent inconnu jusqu’ici, & lequel est fort simple ; il est le plus avantageux de tous pour les espaliers. Ce sont des paillassons posés en forme de toit ou de tentes, prenant du haut du mur où ils sont attachés ferme à cause des vents, & descendant, à peu près, vers la moitié de la hauteur du mur ; vous soutenez par en bas, ces paillassons, soit avec des perches, soit avec des piquets, assez fermement pour résister aux vents. On les y laisse ainsi durant les dangers, parce qu’il y a assez d’air pour que les feuilles, les fleurs & les bourgeons, ne s’attendrissent pas, ou bien on les y pose de façon qu’on puisse les enlever à volonté.