Cours d’agriculture (Rozier)/AURONNE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 108-109).
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AURONNE ou Citronelle. M. le chevalier von Linné la classe dans la syngénésie polygamie superflue, & l’appelle artemisia abrotanum. M. Tournefort la place dans la troisième section de la douzième classe, qui comprend les herbes à fleur à fleuron qui laisse après elle des semences sans aigrette.

Fleur, composée, à fleurons hermaphrodites dans le disque, & à fleurons femelles dans la circonférence ; les fleurons sont en manière de tube, rassemblés dans un calice commun ; le réceptacle est nu.

Fruit ; les semences des fleurons, soit hermaphrodites, soit femelles, sont solitaires & nues.

Feuilles, très-nombreuses, découpées en plusieurs folioles linéaires, soyeuses au toucher, & leur couleur ressemble au verd de mer.

Racine, ligneuse & fibreuse.

Port ; arbrisseau, les tiges hautes, de deux à trois pieds, dures, cassantes, droites, cannelées, branchues ; les fleurs en grand nombre le long des tiges ; les feuilles alternes.

Lieu ; au bord des vignes, dans les provinces méridionales de France. Elle fleurit en Août & Septembre.

Propriétés. Plante âcre, amère au goût, d’une odeur forte, mais agréable, approchant de celle du citron ; ce qui l’a fait nommer citronelle. Elle est tonique, stomachique, vermifuge, carminative, détersive, résolutive, très-répercussive. Les feuilles favorisent l’effet des terres absorbantes sur les humeurs acides contenues dans les premières voies ; elles font mourir les vers ascarides, lombricaux, & quelquefois les cucurbitains renfermés dans l’estomac ou dans les intestins ; souvent elles fatiguent les enfans & leur donnent des coliques ; extérieurement & intérieurement, elles sont nuisibles dans la rache ; extérieurement, elles sont quelquefois utiles dans la gangrène humide.

Usage. On emploie toute la plante dont on tire une huile par infusion & par décoction, on en fait aussi des vins médicinaux. Les feuilles sèches, se donnent depuis demi-drachme jusqu’à une once, en infusion dans six onces d’eau.

Culture. Il faut se hâter de recueillir la graine aussi-tôt après sa maturité, parce qu’elle se détache aisément de la tige, & le mieux est de ne pas différer à semer ; la graine se dessèche aisément ; elle n’exige aucun soin plus particulier que celui des plantes ordinaires ; une terre douce, légère & substantielle suffit.

Dès qu’on est parvenu à en avoir un pied un peu fort, s’il ne pousse pas de nouvelles tiges de ses racines, il suffira de le couper après l’hiver à un pouce au-dessus de terre ; bientôt paroîtront de nouvelles tiges, & à mesure qu’elles s’eleveront, on chargera le pied de terre en écartant les tiges. Ces tiges pousseront des racines, & l’année suivante on aura presque autant de pieds à lever, à séparer du tronc, qu’il y aura de tiges. Ce sous-arbrisseau supporte la tonte au ciseau ; sa verdure est agréable, & il figure bien dans les bosquets d’hiver.