Cours d’agriculture (Rozier)/GOUJON

La bibliothèque libre.


GOUJON, (Cyprinus gobio Lin,) poisson du genre des cyprins ou des Carpes. (Voyez ce dernier mot.)

Caractères de l’espèce. Onze rayons à la mâchoire anale ; deux barbillons.

Les eaux des lacs et des rivières qui reposent ou coulent sur un fond sablonneux, sont légèrement agitées par des grandes troupes de petits poissons au corps arrondi, au dos bleu noirâtre, aux nageoires et à ligne latérale tachetées ; enfin aux côtés bleus, au ventre blanc et jaune, à l’œil petit, dont l’iris est un cercle d’or. Ce sont des goujons que la délicatesse et la salubrité de leur chair font rechercher et servir amoncelés sur nos tables. Nous trouvons dans cette espèce deux propriétés qui ne vont pas toujours ensemble, la quantité et la qualité ; les individus qui la composent ont, pour l’ordinaire, moins de trois à quatre pouces de longueur ; il est rare d’en rencontrer qui parviennent à sept pouces de long. et encore plus rare d’en trouver dont le poids sont d’une demi-livre, comme il m’en est tombé un sous la main. Les femelles sont beaucoup plus nombreuses les mâles, et cette disproportion rend l’espèce extrêmement abondante.

Le printemps est l’époque du frai des goujons ; mais ils procèdent lentement à cet acte de leur multiplication, et ils y emploient tout un mois. Ils vivent de plantes aquatiques, de vers et des débris de corps organisés. On les dit très friands de la cervelle de bœuf et de cheval, ce qui fournit un moyen de les rassembler et de les prendre en quantité.

Pêche du goujon. Les filets à mailles étroites, les masses et les hameçons s’emploient le plus souvent à cette pêche. Je l’ai vu pratiquer dans la Moselle d’une manière particulière : on se sert d’un échiquier a mailles serrées ; le pêcheur qui le porte entre dans l’eau et y plonge un peu incliné. Deux enfans traînent une chaîne de fer à trente ou quarante pas en avant de l’échiquier, et chassent ainsi les goujons vers le filet que l’on ne relève que quand la chaîne le touche ; il s’y trouve souvent plus de quatre cents goujons à chaque coup. Pour que cette pêche réussisse, il ne faut pas que l’eau soit trouble, parce qu’alors, au lieu de s’avancer avec la chaîne, les goujons sautent par-dessus ; il ne faut pas non plus que l’air soit froid ou agité par un grand vent : dans ces deux circonstances, les goujons ne se tiennent point près des bords des rivières. (S.)