Cours d’agriculture (Rozier)/GRATIOLE ou HERBE À PAUVRE HOMME

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Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 341-342).


GRATIOLE ou HERBE À PAUVRE HOMME. (Voyez Pl. XIV, page 277). M. Tournefort la classe dans la troisième section des herbes à fleur irrégulière, en tuyau, ouvert par les deux bouts, & dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle, d’après Morison, digitalis minima gratiola dicta. M. von-Linné la nomme gratiola officinalis, & la classe dans la diandrie monogynie.

Fleur, vue dans son entier en B, tube cylindrique long, légèrement gonflé par le milieu, divisé à son extrémité en deux lèvres ; la supérieure, disposée en cœur, & l’inférieure, en trois parties égales & arrondies. C représente la corolle ouverte, & l’insertion des étamines à sa base. Cette fleur présente une singularité assez remarquable ; elle a cinq étamines, dont trois avortent : c’est pourquoi M. von-Linné l’a placée dans la classe des fleurs à deux étamines. Le pistil D occupe le centre de la corolle ; le calice E est d’une seule pièce, à quatre ou cinq dentelures.

Fruit F, capsule ovoïde, terminée par un filet partagé en deux lobes & deux valves qui renferment plusieurs semences G, menues, roussâtres & presque rondes.

Feuilles, en forme de lance arrondie, dentées en manière de scie à leur sommet, lisses, veinées, embrassant la tige par leur base.

Racine A, rampante, horizontale, noueuse, avec des fibres perpendiculaires.

Port. Tiges hautes d’un pied environ, droites, noueuses, cannelées ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, & seules à seules : leur couleur est purpurine ; les feuilles naissent opposées deux à deux.

Lieu ; les prés humides. La plante est vivace, & fleurit en juin & juillet.

Propriétés. Feuilles inodores, d’une saveur âcre & très-amère. Les feuilles excitent le vomissement, & purgent avec violence : voilà ce que l’expérience a parfaitement démontré. Quant aux autres propriétés qu’on lui attribue, elles sont incertaines.

Usages. Feuilles séchées & pulvérisées, comme vomitif & purgatif, depuis cinq grains jusqu’à demi drachme, délayés dans cinq onces de véhicule mucilagineux ; feuilles sèches, depuis vingt grains jusqu’à deux drachmes, en infusion dans cinq onces d’eau ou de lait ; le suc exprimé des feuilles récentes, & évaporé au bain-marie jusqu’à consistance d’extrait, depuis dix grains jusqu’à quarante grains. On fait des infusions pour le cheval & le bœuf à la dose d’une poignée sur deux livres d’eau, ou les feuilles à la même dose, macérées dans une pinte de vin blanc.