Cours d’agriculture (Rozier)/NOMBRIL

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Hôtel Serpente (Tome septièmep. 113-114).


NOMBRIL. Médecine Rurale. On appelle nombril, le nœud enfoncé dans la partie moyenne & antérieure du bas-ventre, formé de la réunion de la peau & du cordon ombilical. C’est par ce cordon composé d’une veine & de deux artères, que le sang de la mère est transmis à l’enfant, & au placenta ou arrière-faix. Mais cette circulation cesse, dès que l’enfant voit le jour, & les vaisseaux qui composent l’ombilic se changent en ligamens.

À peine la mère est-elle accouchée, qu’on s’empresse aussitôt de faire à l’enfant, la ligature de l’ombilic. Cette opération trop précipitée peut lui être très-nuisible. Il est bon de laisser évacuer une certaine quantité de sang pour faciliter le jeu des poumons & la nouvelle circulation du sang qui doit avoir lieu au moment de la naissance. Cette circulation s’exécute quelquefois très-difficilement, sur-tout si l’enfant vient au monde dans un état pléthorique, toujours caractérisé par la rougeur de sa peau, & sur-tout par celle de son visage très monté en couleur. Par cette évacuation on a sauvé ou ramené à la vie, un grand nombre d’enfans nés, pour ainsi dire, apoplectiques, & qui seroient morts victimes d’une ligature faite sans réflexion & avec trop de précipitation.

Je n’indiquerai point la manière de procéder à cette ligature. Il n’est aucune femme de la campagne qui ne la sache faire. Mais, si comme le prétend un auteur, & comme il l’a éprouvé lui-même, ainsi qu’il l’a annoncé dans un papier public, on peut préserver les enfans de la petite vérole, en faisant la ligature comme il l’enseigne ; pourquoi n’adopteroit-on pas la méthode ? Elle consiste à lier le cordon ombilical à quatre travers de doigt auprès de son origine. On coupe ensuite environ un demi pouce du cordon ombilical au dessous de la première ligature, & on exprime la portion du cordon qui tient à l’ombilic, de manière qu’il n’y reste pas une goutte de sang. Cela fait, on pratique une seconde ligature à deux travers de doigts de l’ombilic. Il est aisé de voir qu’il n’en peut résulter aucun inconvénient, & dans l’incertitude même, il y a toujours à gagner.

Le nombril est sujet à différentes maladies. Des coups, des chutes, des efforts, enfin tout ce qui occasionne une distension des solides, peut exciter une tumeur sur cette partie, vulgairement appelée hernie exomphale. Les femmes y sont en général plus exposées que les hommes.

Les enfans sont aussi sujets à la relaxation de l’ombilic, & à y avoir des tumeurs. Il faut bien se donner de garde de les ouvrir ; ce seroit leur donner la mort, en déterminant la sortie des parties internes, & quelquefois une hémorragie considérable ; lorsque la ligature de l’ombilic a été mal faite, ou que le cordon s’est rompu, l’application de l’huile de térébenthine, ou de l’esprit de vin avec un bandage, est le remède le plus approprié & celui qui réussit le mieux.

Des vers se logent souvent dans l’interstice de la cicatrice du nombril. Il faut alors laver cette partie, & la déterger avec la décoction des feuilles d’abrotanum, de tanaisie ou de fougère mâle. L’huile d’olive est encore un excellent remède très-propre à détacher les matières visqueuses qui sont collées tout autour, & qui par leur ténacité, excitent une démangeaison désagréable, souvent même une inflammation qui dégénère en ulcère dont le pus & la puanteur exigent l’emploi des antiseptiques. M. AMI.