Cours d’agriculture (Rozier)/SEMENCE ou GRAINE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 172-173).


SEMENCE ou GRAINE. C’est le rudiment d’une nouvelle plante, & elle renferme toute la plante en miniature. En un mot, c’est l’œuf végétal qui fécondé par la poussière des étamines, vivifié par le pistil, & pour ainsi dire, couvé par la chaleur de la terre, doit reproduire une plante semblable à celle qui lui donna naissance. Le plus grand, & même l’unique but de la végétation, est la reproduction des individus par les semences ; c’est au perfectionnement de ce point central que tendent toutes les purifications que la séve reçoit, & c’est à la quintessence de la séve que la graine doit sa formation. L’art que la nature emploie pour la former, est égal à celui dont elle se sert pour la conserver. Considérons en effet une châtaigne, une amande, &c. ; un brou piquant dans la première, lisse & charnu dans la seconde, sert de couverture ; l’une a une écorce coriace, & l’autre a un bois très-dur, jusqu’à ce que ces enveloppes aient acquis une consistance solide. Du moment qu’elles sont en état de subsister par elles-mêmes ; du moment que l’existence & la conservation sont assurées, ces brous, ces hérissons se dessèchent, s’écartent, tombent, & la châtaigne ou l’amande restent isolées. Cette première attention ne suffiroit pas pour la suite, il faut encore que l’écorce brune & coriace de la châtaigne défende ce fruit des impressions de l’air & de l’humidité du soleil, & la coque de l’amande produit les mêmes effets. Outre ces enveloppes extérieures, la châtaigne & l’amande en ont encore une particulière qui est l’enveloppe proprement dite de la semence. Lorsqu’on dérobe les amandes dans l’eau chaude, on dissout le gluten qui l’unissoit avec les deux lobes de l’amande, & lorsqu’on pèle une châtaigne on trouve sous son écorce brune, une écorce cotonneuse. Que l’une ou l’autre de ces dernières enveloppes soit endommagée, l’amande rancit, & la châtaigne pourrit promptement. Ce que l’on observe facilement dans le gros fruit, se voit également dans les plus petites graines. Toutes sont défendues par une coque ou écorce dure qui contient de l’huile, & cette huile sert à la défendre contre l’humidité qui la feroit moisir, si la chaleur ne hâtoit pas sa germination. Les fonctions réelles de toutes les enveloppes sont de recevoir les sucs nourriciers les plus épurés, de les transmettre au-dedans, de concentrer la chaleur & de concourir à leur fermentation.

Les semences sont nues ou couvertes. Les premières sont celles qui ne sont enveloppées que de leur tunique propre ; telles sont celles des plantes graminées. Les secondes son renfermées dans un fruit comme le noyaux, les pépins, &c… On appelle semence simple, celle qui n’est ni ailée, comme celle de l’érable, ni couronnée par un petit rebord en manière de couronne, comme celle de l’œil de bœuf, de quelques espèces de courges, ni égrenée comme celle de la dent de lion, &c.

On distingue dans la semence son écorce ou peau qui lui sert d’enveloppe ; les deux lobes, la plantule, la radicule. Les lobes ou cotylédons sont appliqués l’un sur l’autre, ordinairement convexes a l’extérieur, aplatis du côté où ils se touchent ; mais intérieurement un peu concaves vers le point par lequel ils se tiennent & se réunissent. Ils sont très-visibles dans presque toutes les semences des plantes légumineuses au moment de leur germination. Ce sont les deux parties de la séve, des haricots, épaisses & charnues, qui sortent de terre avec le germe. Le germe est cette petite partie séparée des deux lobes que l’on voit très-distinctement dans l’amande, dans la châtaigne, &c. La partie supérieure de ce germe, qui pointe à l’extrémité de l’amande, est ce qui forme la radicule, & la partie inférieure de ce germe, renfermée au milieu des lobes, se convertit en plantule ou premier développement qui sort de terre. Il est inutile d’entrer dans de plus grands détails. (Consultez les articles Graines, Germe, Germination ; & sur la nécessité de changer les semences, l’article Froment.)

SEMER. Voyez Semaille.