Cours d’agriculture (Rozier)/SEMI-DOUBLE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 173-174).


SEMI-DOUBLE, terme usité par les fleuristes pour désigner les fleurs qui ont un plus grand nombre de pétales ou feuilles de la fleur, que n’en a la même fleur lorsqu’elle est simple. La fleur semi-double n’a qu’un embonpoint de plus à acquérir pour devenir double ; c’est-à-dire, un monstre aussi vrai dans son espèce, que le sont un chapon ou un carpeau dans la leur. Les fleurs semi-doubles produisent des graines en moins grand nombre que les fleurs simples, mais plus grosses & mieux nourries. À force de les semer dans de bonne terre & de leur prodiguer des soins, on obtiendra à coup sûr des fleurs doubles. Si elles le deviennent dans toute l’étendue du mot, alors toutes les étamines & les pistils, les seuls agens de la génération, se convertiront en pétales, & la fleur ne produira plus de graines. Telles sont les superbes renoncules, hyacinthes, &c. très-doubles. Mais, s’il reste quelques-unes des étamines & le pistil, on aura des graines. Considérez un pied de balsamines très-doubles, on n’obtiendra point de semences des premières fleurs qui épanouiront, parce que toute la plante est dans sa plus grande force ; mais à mesure qu’elle s’épuise un peu, les fleurs sont moins doubles, & produisent de la semence. La fleur semi-double conserve plus long-temps sa durée & ses couleurs, que la fleur simple, & la fleur double plus que les deux autres. Du moment que la fécondation des grains a eu lieu dans la plante simple, la fleur se dessèche, & en général la même fleur n’y subsiste que pendant un, deux ou trois jours. La fleur semi-double subsiste plus long-temps, parce que la fécondation est plus lente ; mais comme cette fécondation est nulle dans la fleur vraiment double, celle-ci conserve sa fraîcheur & sa beauté presqu’au tant de temps que la simple en met à fleurir& à grainer.