Cours d’agriculture (Rozier)/VERMIFUGES

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Libairie d’éducation et des sciences et des arts (Tome dixièmep. 51-53).


VERMIFUGES. Médecine rurale. C’est ainsi qu’on appelle les médicamens qui ont la propriété de tuer les vers, et de les chasser du corps humain. Ils sont encore connus sous le nom d’anthelmintiques. Les deux règnes de la nature nous en offrent un nombre très-considérable. Le règne végétal en fournit plus de cinquante, s’il faut en croire un auteur de ce siècle. Nous nous contenterons d’indiquer et de faire connoître ceux dont l’expérience et l’observation garantissent les bons effets. De ce nombre sont les racines de fougère mâle et de gentiane ; la rhubarbe, les feuilles de pourpier, d’absinthe, de scordium, de tanaisie, de santoline ; la semence contre les vers, ou la barbotine, la coraline, l’huile d’olive, celle d’amandes douces et d’amandes amères, le sucre vermifuge, la thériaque.

Le règne minéral n’est pas si abondant ; ceux qu’il nous donne peuvent se réduire à trois ou quatre ; savoir, à l’huile pétrole, au sel ammoniac, au mercure et à ses différentes préparations. Ces derniers sont, sans contredit, préférables à tous les autres vermifuges.

Après le mercure, ce sont les huiles qui tiennent le premier rang, en ce qu’elles font également mourir les vers, en bouchant les organes de leur respiration ; ensuite viennent les substances amères, les absorbans et les purgatifs, qui sont peut-être plus utiles, lorsqu’ils sont combinés ensemble. Il est rare qu’ils laissent séjourner long-temps dans les intestins ces hôtes incommodes.

On ne doit pas donner indifféremment tous ces remèdes dans les attaques des vers. Il y a un choix à faire : la majeure partie ne peut convenir qu’aux vers lombricaux ; quelques uns aux ascarides ; d’autres, enfin, au ténia, et au verd cucurbitin. Voyez ver.

Nous finirons cet article par quelques formules vermifuges, qu’on pourra mettre en usage au premier symptôme qui feroit soupçonner leur présence dans l’estomac et les intestins.

Tisanne vermifuge.

Prenez de racine de chiendent, deux onces ; faites bouillir avec une livre de mercure, dans une suffisante quantité d’eau, jusqu’à réduction de quatre livres. On en donnera dans la journée plusieurs verres aux malades.

Potion vermifuge à la cuillerée.

Prenez confection hyacinthe et de thériaque, de chacun un gros ; yeux d’écrevisse, corail rouge préparé, réduit en poudre, de chacun dix grains ; semen-contra en poudre, une pincée ; vin émétique, demi-once ; sirop de limon, une once ; huile d’amandes douces, deux onces ; eau de fleurs d’oranges, une cuillerée ; eau de menthe, eau de pourpier, de chacune deux onces. On en fait prendre toutes les demi-heures une cuillerée aux enfans, et on a le soin de leur donner de l’eau tiède, s’ils veulent vomir.

Bol vermifuge.

Prenez mercure doux, vingt grains ; jalap, douze grains. Mêlez le tout ensemble dans suffisante quantité de conserve de roses, ou d’énula-campana. Ce bol.se donne le matin, en faisant avaler, une heure après, au malade, une tasse d’infusion de camomille.

Poudre vermifuge.

Prenez rhubarbe en poudre une drachme ; semen-contra et coraline en poudre, de chacun quarante-huit grains ; mercure doux, trente-six grains. On fait prendre aux enfans jusqu’à un demi-gros de cette poudre, délayée chaque fois dans une ou deux cuillerées de bouillon.