Cours d’agriculture (Rozier)/ÉBULLITION DE SANG
ÉBULLITION DE SANG. L’ébullition de sang se manifeste à la peau par de petits boutons rouges, plus ou moins nombreux, plus ou moins colorés. Quelquefois l’habitude du corps se trouve en partie recouverte de ces boutons rouges avec une petite vésicule, comme on l’observe dans la petite vérole volante.
Beaucoup d’auteurs ont confondu cette maladie avec la gale ; mais il est aisé de distinguer & connoître séparément l’une de l’autre. L’ébullition n’affecte point les glandes inguinales, ni les axillaires, comme la gale ; elle se manifeste sur tout le corps ; la démangeaison n’est pas si forte dans celle-ci ; ce n’est pas qu’elle ne force à se grater ; aussi, par ce moyen les boutons se déchirent, & forment une croûte qui tombe d’elle-même. Il n’est pas rare de voir dégénérer l’ébullition en dartre, qui s’étend plus ou moins selon les tempéramens & l’âcreté du sang de ceux qui en sont attaqués.
Plusieurs causes peuvent produire cette maladie ; un exercice trop violent, une transpiration arrêtée, l’abus des plaisirs en tout genres, celui des liqueurs spiritueuses, tout ce qui peut faire fermenter le sang ; tout ce qui est salé, épicé & de haut-goût ; les passions vives, & enfin ce qui excite un mélange de la bile avec l’humeur de la sueur.
On ne doit pas confondre cette ébullition avec celle qui survient dans les maladies, dont la cause est ordinairement la putridité. Quelquefois même elle dépend du défaut du renouvellement d’air dans l’appartement occupé par le malade. La curation de ces deux espèces est différente de celle que nous traitons, & dont le siège est toujours dans les glandes miliaires qui se gonflent par l’abondance de l’humeur de la sueur qui y aborde impétueusement.
La différence entre l’ébullition & la dartre, est que la première est toujours discrète, & qu’elle se guérit promptement. Elle diffère encore de l’érysipèle en ce que les boutons sont circonscrits, & que l’érysipèle, au contraire, est une tumeur très diffuse ; enfin, des autres maladies éruptives, en ce qu’elles sourdent pendant quelque temps, avant de paroître, & que l’ébullition se montre tout à coup.
La curation de cette maladie, doit varier selon la cause qui l’a produite ; si elle est un symptôme d’une transpiration arrêtée, elle cédera à l’usage des légers diaphorétiques.
Si elle reconnoît un vice d’âcreté, une vivacité naturelle, une effervescence dans les humeurs, l’eau de poulet, celle de veau, dans laquelle on fera fondre quelques grains de nitre purifié, produiront les effets les plus salutaires.
Mais si elle est opiniâtre, on emploiera les saignées du bras, les bains tièdes, les bouillons frais, le petit lait, les tisannes faites avec le pourpier ; les eaux minérales gazeuses ; les crèmes de riz acidulées avec le jus de citron, d’orange ; l’avenat, l’orge perlé, & tout ce qui peut adoucir la masse des humeurs. M. AM.
Ébullition, Médecine vétérinaire. L’ébullition de sang est caractérisée dans le bœuf & le cheval, par des élevures considérables, accompagnées de démangeaison. Les élevures sont plus ou moins multipliées & serrées dans une plus ou moins grande étendue de la surface du corps de ces animaux ; quelquefois aussi elles se manifestent seulement à de certaines parties, telles que la tête, l’encolure, les épaules, les côtes & les environs de l’épine.
Les maréchaux de la campagne confondent très-souvent les échauboulures avec le farcin & les traitent de même. Nous croyons devoir placer ici les signes qui distinguent les échauboulures & qui les caractérisent, pour l’instruction de ceux qui sont incapables d’en faire la différence.
On distingue les échauboulures des boutons du farcin,
1°. Par la promptitude avec laquelle les échauboulures se forment & sont formées.
2°. Elles n’ont ni la dureté, ni l’adhérence qu’on observe aux boutons de farcin.
3°. Elles ne sont jamais aussi volumineuses.
4°. Elles sont circonscrites, n’ont point d’intervalle de communication, & ne sont point disposées en corde ni en fusées.
5°. Elles ne s’ouvrent jamais d’elles-mêmes, & ne dégénèrent jamais en pustules.
6°. Elles ne sont point contagieuses, & cèdent promptement aux remèdes indiqués.
Causes. Un exercice outré, un régime échauffant, tel qu’un usage immodéré de luzerne & d’avoine, le trop long repos, la suppression de la transpiration ou de la sueur ; en un mot, tout ce qui peut susciter la rarescence des humeurs, l’épaississement de la lymphe, sont les principes ordinaires de cette maladie.
Traitement. On remédie aux échauboulures qui reconnoissent pour cause la rarescence des humeurs, par la saignée, par un régime humectant & adoucissant. Un régime de cette nature calme l’agitation désordonnée des humeurs, diminue leur mouvement intestin, corrige l’acrimonie des sucs lymphatiques ; aussi apperçoit-on bientôt les fluides qui occasionnoient les échauboulures, reprendre leur cours, & les échauboulures elles-mêmes disparoître de la surface des tégumens. Les ébullitions qui sont une suite d’une transpiration, ou d’une sueur arrêtée ou supprimée, cèdent à l’usage de quelque léger sudorifique, tels que la noix muscade que l’on fait bouillir pendant deux ou trois minutes, dans demi-pinte de bon vin, & dans un vase bien couvert, & que l’on fait prendre à l’animal, à titre de breuvage ; on doit bien sentir qu’il seroit dangereux de saigner l’animal dans cette circonstance. M. T.