Cours d’agriculture (Rozier)/ÉRUPTION

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Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 318-319).


ÉRUPTION, Médecine rurale. Le mot éruption est employé en médecine, pour désigner la sortie des boutons, des pustules, des taches sur la peau. Une éruption peut être considérée comme maladie essentielle ; elle est quelquefois la crise & la terminaison complète de beaucoup de maladies.

Il se fait plusieurs sortes d’éruptions, sur la peau ; elles varient par la couleur des boutons, par leur nombre ; les pustules peuvent être rouges, tout comme blanches ou noires.

Il se fait des éruptions dans certaines maladies inflammatoires, qui sont essentielles à ces maladies pour les bien caractériser, telles que la petite vérole & la rougeole, le millet & le pourpre.

Ces deux dernières ne sont jamais regardées comme des affections essentielles ; elles sont toujours subordonnées à un état putride ou inflammatoire, ou elles dépendent de toute autre cause.

Tout ce qui peut porter la fermentation dans les humeurs, incendier le sang, comme les exercices immodérés, les plaisirs trop vifs, l’usage des alimens salés & épicés, de haut goût, les fortes passions de l’ame, l’abus de liqueurs spiritueuses sont les véritables causes qui peuvent produire différentes éruptions.

Pour les bien traiter, il faut plutôt voir & examiner quelles causes elles reconnoissent, & se conduire alors, d’après cet examen, de manière à pouvoir les combattre avantageusement. Si elles tiennent à une cause inflammatoire, les rafraîchissans, les antiphlogistiques, les saignées plus ou moins répétées, l’eau de poulet nitrée, la limonade, le petit lait, conviendront très-bien.

Mais si elles dépendent d’un engorgement putride dans les premières voies, on insistera sur les émétiques & sur les purgatifs.

Quand le caractère des éruptions tient à une cause putride maligne, qu’il y a abbatement des forces, il faut alors donner des acides & du quinquina, à très-forte dose ; il faut en tout avoir soin de ne les pas faire rentrer ; il faut encore, dans les éruptions critiques, soutenir les forces de la nature, donner des cordiaux pour ne pas laisser abattre le principe vital, renouveller l’air des appartemens ; le vin est le meilleur cordial qu’on puisse administrer dans le cas où il faille donner du courage, & soutenir la nature languissante & foible dans ses efforts ; le vin, outre cette vertu, peut, par sa partie acide, s’opposer à la putridité ; aussi Hippocrate ne cesse d’en recommander l’usage ; il avoit été à même de pouvoir en apprécier le mérite. M. AMI.