Cours d’agriculture (Rozier)/ADOUCISSANT

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Hôtel Serpente (Tome premierp. 247).


ADOUCISSANT. Les adoucissans, à la tête desquels il faut placer l’eau tiède simple & l’eau chargée des parties mucilagineuses des plantes & des fruits, conviennent dans tous les cas où le sang desséché roule dans les vaisseaux en traits de feu, & porte le désordre jusqu’aux sources de la vie. Ces remèdes ne réussissent avantageusement que lorsque la quantité du sang a été diminuée par les saignées qui sont proportionnées à la force de la maladie, à l’âge, au tempéramment & au sexe du malade : quand la fièvre ne règne pas, on s’abstient de verser le sang : la sobriété, la diète, le repos & l’usage des adoucissans rétablissent la paix, l’ordre, &, par une suite nécessaire, la santé. (M. B.)

Les principaux adoucissans sont le lait, les huiles douces, & surtout l’huile d’amandes, lorsqu’elle n’est pas vieille. Il est rare d’en trouver de douce pendant les chaleurs de l’été, lorsqu’elle a plus d’un mois ou six semaines. Alors elle est rance, & produit un effet tout opposé à celui qu’on attendoit. Les émulsions d’amandes, de maïs ou bled de Turquie, d’avoine dépouillée de son écorce & mise en gruau, sont très-adoucissantes. Extérieurement appliquées sur la peau, la mie de pain de froment trempée dans l’eau, les feuilles de mauve cuites, celles de bette fraîches, &c., sont très-adoucissantes : assez, & même très-mal-à-propos se sert-on des beurres, graisses & huiles en application sur la peau, surtout s’il y a chaleur, inflammation, &c. Ces substances y rancissent promptement ; & loin d’adoucir & calmer l’inflammation, elles tendent à l’augmenter & à excorier la peau. Le meilleur & le plus simple de tous les remèdes est l’eau. Tenez des compresses à plusieurs doubles sur la partie, ou des serviettes mouillées ; ayez soin de les imbiber de tems en tems avec de nouvelle eau, & vous obtiendrez l’effet que vous desirez, & plus promptement que par tout autre moyen. Comme ce remède est simple, on le néglige, & on préfère les médicamens graisseux ou huileux, enfantés & conservés par la charlatanerie. Voilà l’homme !