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Cours d’agriculture (Rozier)/AIRELLE ou MIRTILLE

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Hôtel Serpente (Tome premierp. 346-347).


AIRELLE, ou MIRTILLE. (Voyez Planche 7, p. 287) M. Tournefort place ce petit arbuste dans la section six de sa vingtième classe, qui comprend les arbres & arbrisseaux à fleurs monopétales dont le calice devient une baie. D’après Bauhin, il la désigne ainsi : Vitis idœa, foliis oblongis, crenatis, fructu nigricante, M. le chevalier Von Linné la classe dans l’octandrie monogynie, & la nomme vaccinium myrtillus.

Fleur, d’une seule piece, imitant un grelot divisé par ses bords en quatre ou cinq parties recourbées en dehors. Le calice est petit, posé sur le germe, & il persiste jusqu’à la maturité du fruit, dont il forme l’enveloppe. On compte huit étamines & un pistil… A représente la fleur dans son entier… B, l’intérieur de la corolle ouverte & dans toute son étendue… C, les huit étamines & le pistil : les étamines sont attachées au réceptacle placé au fond du calice… D représente le pistil avec le calice : le sommet du pistil ou stigmate est arrondi.

Fruit. C’est une baie E, d’un brun violet, globuleuse, marquée d’un nombril dans la partie supérieure, intérieurement divisée en plusieurs loges F, qui contiennent plusieurs semences attachées à l’axe ou colonne, qui occupe le centre du fruit depuis sa base jusqu’à son sommet.

Feuilles, portées sur des pétioles courts, simples, ovales ; dentées en manière de scie, garnies de fortes nervures, fermes, imitant celles du buis, plus grandes & moins dures, moins coriaces.

Racine, ligneuse, rameuse.

Port. Arbrisseau d’un à deux pieds de haut, tout au plus, les rameaux grêles, anguleux, flexibles, l’écorce verte. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles, & toujours séparées & isolées. Les feuilles sont placées alternativement sur les rameaux, & tombent dans l’hiver.

Lieu. Les bois, les montagnes, particuliérement celles du Lyonois. Cet arbrisseau est très-difficile à élever dans les jardins.

Propriétés. Les baies ont un goût astringent, légérement acide, assez agréable. Elles sont rafraîchissantes & coagulantes.

Usage. On n’emploie en médecine que les baies dont on tire un suc qu’on fait épaissir jusqu’à consistance de sirop ; ou bien, on les fait sécher pour les donner en poudre depuis une drachme jusqu’à deux, ou en décoction jusqu’à demi-once. La poudre se donne aux animaux jusqu’à demi-once, & en décoction à la dose de deux onces sur une livre d’eau. L’usage du sirop est très-agréable & très-utile pendant les grandes chaleurs ; il calme admirablement bien la soif. La poudre est prescrite avec succès dans les dyssenteries, & le suc épaissi pour modérer les ardeurs d’urine & pour arrêter le cours de ventre.

Les cabaretiers des provinces du nord s’en servent pour colorer en rouge les vins blancs, & leur donner un petit goût piquant. C’est une friponnerie, mais c’est une des moins mal-faisantes parmi celles que l’avidité leur a fait imaginer.