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Cours d’agriculture (Rozier)/ALCARAZAS

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Marchant (Tome onzièmep. 121-122).


ALCARAZAS. On appelle, en Espagne, alcarazas, des vases minces plus ou moins poreux, destinés à rafraîchir l’eau qu’on veut boire. Ces vases, très perméables, laissent suinter de toute leur surface des petites gouttes d’eau que l’air vient continuellement enlever ; elles sont remplacées par l’eau de l’intérieur, dont le refroidissement est d’autant plus prompt que celle de la surface est plus tôt évaporée. Ils sont très-communs sur toute la côte d’Afrique, et fort employés en Égypte, en Syrie, en Perse, en Chine et en Espagne, où les Arabes en ont fait adopter l’usage. Les vases dont on se sert dans l’Inde, pour avoir de l’eau fraîche, portent le nom de gargoulettes. Ce sont des bouteilles de métal garnies d’un tissu de paille comme nos bouteilles d’osier ; la gargoulette remplie, on la trempe dans l’eau et on l’expose au soleil. Cette manière de rafraîchir les liquides par l’évaporation est bien connue des chasseurs qui, après avoir enveloppé leurs bouteilles dans une serviette mouillée, les laissent ensuite à l’air. On distingue, en Espagne, les vases rafraîchissans en jarras, qui sont les plus grands, et en botisas ou cantaros, qui sont les plus petits. Les meilleurs alcarazas viennent de l’Andalousie. La terre qu’on emploie à cet usage est naturellement un mélange de terre calcaire, de silice, d’argile, et d’un peu de fer. En la travaillant avec beaucoup de soin, on y mêle du sel dans des proportions déterminées. On fait encore, dans l’Estramadure, des alcarazas rouges appelés bucaros, mais ils sont moins estimés, parce qu’ils rafraîchissent peu, et qu’ils communiquent à l’eau une saveur argileuse fort désagréable. Cette fabrique tomberoit même entièrement, sans le goût particulier que les femmes et les filles de Madrid ont pour ces sortes de vases, dont elles mêlent la poussière avec leur tabac, et qu’elles mangent avec plaisir lorsqu’elles sont atteintes de la chlorose.

J’ai fait exécuter en l’an 8, à Savignies, département de l’Oise, des alcarazas qui réussirent assez bien. M. Fourmi, un des hommes les plus instruits que nous ayons en France, sur la poterie, et à qui nous devons la belle fabrique d’hygiocérames, établie à Paris, rue de la Pépinière, s’est occupé avec beaucoup de succès de leur fabrication. D’après quelques expériences que j’ai faites l’an dernier sur l’évaporation, je me suis assuré que les alcarazas à tissu lâche refroidissent beaucoup mieux, et que, suivant l’intensité du courant et du soleil, les différences de température entre celle de l’atmosphère et de l’alcarazas sont ordinairement de six à dix degrés. (J. L. R.)