Cours d’agriculture (Rozier)/ALYSSE, ALISSON, ALISSUM
ALYSSE, ALISSON, ALISSUM, c’est-à-dire herbe à la rage, genre de plantes de la famille des crucifères ; il est, dans la méthode de Linnæus, le dixième de la première section de la quinzième classe, la tètradynamie siliculeuse.
Description du genre. Fleur, à calice oblong, composé de quatre folioles conniventes et caduques ; corolle formée de quatre pétales rangés en croix, étendus et ouverts au dessus du calice ; six étamines dont deux sont plus courtes que les autres ; l’ovaire ovale, placé dans le centre de la fleur, et surmonté d’un style obtus de la longueur des étamines.
Fruit ; silique aplatie, divisée en deux loges qui renferment plusieurs semences plates.
L’on a attribué, plus que légèrement, aux plantes de ce genre, la vertu de guérir la rage, d’où est venu leur nom, dérivé du verbe grec alysson, qui signifie être enragé.
Les botanistes comptent un assez grand nombre d’espèces d’alysses ; quoique plusieurs soient cultivées dans quelques jardins, elles n’y tiennent pas une place assez distinguée, pour en occuper une dans cet Ouvrage. La seule espèce dont la culture plus généralement répandue présente de l’intérêt, est l’alysse jaune ou alysse saxatile, que les jardiniers connaissent sous le nom de corbeille d’or. Elle se distingue des autres espèces par ses tiges ligneuses, ses feuilles en forme de lance, ondulées, d’un vert blanchâtre, et très-molles ; ses fleurs en grappes et paniculées. Elle croît naturellement dans les lieux pierreux de l’Autriche, de l’île de Candie, et, sans doute, de plusieurs autres pays.
Les tiges très-nombreuses et très-ramifiées de cette sorte d’arbrisseau vivace, s’élèvent rarement à plus d’un pied de hauteur ; mais elles s’étalent en rond avec symétrie et forment une touffe ou buisson circulaire qui représente, une corbeille ouverte. Dès le premier printemps, ces tiges, disposées avec une élégante régularité, se chargent d’une multitude de petites fleurs qui se succèdent sans interruption pendant six semaines, et dont la couleur et l’éclat ne le cèdent point à l’or le plus pur. C’est alors que cette corbeille d’or devient une des plus riches et des plus agréables parures des parterres, et qu’elle produit les plus brillans effets, par son opposition avec la robe verdoyante dont commencent à se revêtir les arbrisseaux, parmi lesquels elle se trouve communément entremêlée. Si l’on veut jouir pendant toute la belle saison de ce tableau enchanteur et éblouissant, il suffit de couper les bouquets de fleurs à mesure qu’ils défleurissent.
Cette plante donne rarement de bonnes graines dans nos climats, et l’on ne peut guères en espérer que des jeunes plants ; elles mûrissent pour l’ordinaire au mois de juillet.
Culture. Un terrain maigre, sec, et mêlé de décombres, est celui qui convient le mieux à l’alysse jaune. Ce n’est pas qu’elle ne réussisse fort bien sur un sol plus gras et plus fertile ; mais ses fleurs y sont moins abondantes, et l’humidité des longs hivers l’y fait quelquefois périr. On la multiplie par des semis au mois de mars ; les graines ne tardent pas à germer, et les plantes qui en proviennent donnent souvent des fleurs dans la même année. Les semences doivent être peu couvertes de terre, et les jeunes plants nettoyés de mauvaises herbes ; on ne les arrose que dans les grandes sécheresses. Quand ils ont cinq ou six pouces de hauteur, on les enlève avec un peu de terre, et on les place dans les endroits où ils doivent rester ; un arrosement léger suffit pour les faire reprendre, comme un binage superficiel pour les entretenir en vigueur.
Les boutures sont aussi une voie de multiplication de cet arbrisseau. Elles se font en avril et en mai ; elles prennent aisément racine, si on les place le long d’un mur exposé au levant, mais avec la précaution de les tenir à l’ombre, pendant la chaleur du jour, et de leur donner, de temps à autre, quelques légers arrosemens. Quand elles annoncent par leurs pousses qu’elles sont bien enracinées, on les enlève, et on les traite comme les plants provenant de semis.
On propage encore l’alysse jaune, au moyen des marcottes qu’il faut choisir parmi les tiges les plus hautes, coucher avec précaution, couvrir de feuillages et arroser quelquefois le matin ; en juillet, on les sèvre, c’est-à-dire qu’on les sépare de la plante mère, et, quinze jours après, on les plante à demeure.
La culture a produit une variété dont les feuilles sont agréablement panachées ; l’on ne peut guères la multiplier que par les marcottes. (S.)