Cours d’agriculture (Rozier)/BÉQUILLER

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 200-201).


BÉQUILLER. J’emprunte ce mot en entier du Dictionnaire économique. Se dit, dans le jardinage, quand on a fait un petit labour avec une houlette, ou une espèce de béquille, ou avec la serfouette, ou la bêche, dans des caisses d’arbrisseaux, ou dans une planche de laitue, pois, fèves, chicorées, fraisiers, &c. Cela se fait pour ameublir la terre qui paroît battue, en sorte que l’eau de pluie ou les arrosemens puissent pénétrer jusqu’au fond de la motte qui est dans la caisse, ou du moins au-dessous de la superficie, pour servir de nourriture aux racines.

M. Duhamel, dans son ouvrage sur la culture des terres, observe que dans le pays d’Aunis, on donne au blé qui est en terre, deux petits labours, avec l’instrument appelé béquille ou béquillon. Comme cette province est très-peuplée, il en coûte peu pour faire donner cette façon par des femmes, & la récolte en devient beaucoup meilleure, quoique ces labours détruisent beaucoup de pieds de froment.

La béquille est un instrument de fer recourbé, moins large que la râtissoire, mais recourbé en rond, & dont le manche est plus court. La béquille a pris ce nom, dit M. Roger de Schabol, parce que jadis, au bout de son manche, il y avoit un morceau de bois en travers, posé comme celui qui forme une béquille. Quelques jardiniers ont conservé jusqu’à présent cette forme de manche, qui embarrasse plus qu’elle ne sert.