Cours d’agriculture (Rozier)/BANDAGE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 150).
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BANDAGE. Mot emprunté de la chirurgie & appliqué au jardinage par M. l’abbé Roger de Schabol. En voulant tailler une branche, on l’éclate ou on la tord : un ouragan casse des branches qui ne sont pas encore séparées ; des branches surchargées de fruit sont, ou forcées, ou à demi-cassées ou éclatées. Dans tous ces cas & autres semblables, le jardinier coupe, c’est plutôt fait, & souvent un arbre est estropié, ce qu’on appelle épaulé. Le jardinier soigneux rapproche habilement & promptement les parties l’une contre l’autre avant que le hâle les flétrisse ; il met des éclisses ou petits morceaux de bois tout autour, de peur que la ligature n’offense l’écorce, ou s’il n’en a pas besoin, il enveloppe & garnit sa branche avec quelques chiffons ; mais auparavant, pendant que quelqu’un tient la branche en état, & les parties bien rapprochées, il met autour de la plaie un enduit de bouse de vache un peu épais, sur lequel il applique ensuite son chiffon & ses éclisses, faisant un bandage ferme avec de l’osier ou de la corde un peu grosse. Afin que la secousse des vents, ou quelqu’autre accident ne puisse rien déranger, il met, ou une fourche de bois, ou quelque support auquel il attache sa branche malade ; par ce moyen la branche reprend, & il se fait un bourrelet ou cicatrice à la plaie. Quelle analogie avec les os de l’homme ! Outre que l’arbre n’est pas défiguré, ces branches portent des fruits comme s’il ne leur étoit rien arrivé.


Bandage. Terme de chirurgie & de maréchallerie. On entend par ce mot, une circonvolution de bande autour de quelque partie du corps, blessée, luxée, ou fracturée, pour la maintenir dans son état naturel, ou pour contenir les compresses ou les médicamens qu’on applique dessus. Il seroit trop long, & même déplacé, de rapporter ici toutes les espèces de bandages que l’art a imaginées. Ceux pour l’animal sont en général plus difficiles à exécuter que ceux pour l’homme, à cause du volume & de la forme du coffre ; cependant le bon sens seul dicte la manière de le faire. Une grande attention, en appliquant le bandage, est de ne pas meurtrir une partie pour en soulager une autre, c’est à-dire qu’il ne doit faire aucun pli, ni être trop fortement lié, ni gêner aucun des principaux mouvemens de toutes les parties qui ne sont pas affectées dans l’animal.