Cours d’agriculture (Rozier)/CHATON

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 179-181).


CHATON, Botanique. Parmi les différentes espèces de calices, ou plutôt parmi les réceptacles qui renferment les parties de la fructification des plantes, on est convenu de donner le nom de chaton à celui qui formant un axe ou un poinçon, porte, dans toute sa longueur, des amas de petites fleurs ordinairement unies entr’elles. Comme cette forme approche en quelque façon de celle de la queue d’un chat, on lui en a donné le nom. Le chaton est rarement garni de corolle ou de calice, mais à leur place les étamines sont défendues par des écailles. La disposition de ce genre de fleurs est trop intéressante à connoître, pour que nous n’en fassions pas ici le développement, partie par partie. Prenons pour exemple le chaton du noisetier. Sur un noisetier vigoureux & dans son plein rapport, le chaton (Fig. 1, Planche du mot Coque) a entre trois & quatre pouces de longueur, & environ quatre lignes de diamètre. Le nombre de petites fleurs mâles qui sont implantées sur le filet, est prodigieux. Si l’on pénètre dans l’intérieur de ce chaton, l’on distingue d’abord une écaille plus ou moins bombée, (A & B) au bas de laquelle sont implantées les étamines. Ces écailles & ces étamines sont quelquefois tellement multipliées & groupées, que l’on ne distingue point le filet qui les porte. Dans les fleurs amentacées ou à chaton, les fleurs mâles se trouvent séparées des fleurs femelles, c’est-à-dire, que les étamines sont sur un endroit de l’arbre, & les pistils sur l’autre. Ainsi, dans le noisetier, le noyer, &c. les fleurs mâles sont rassemblées dans un chaton, (Fig. 1 & 2) tandis que les fleurs femelles existent sur d’autres branches avec une forme différente. Cependant, dans plusieurs arbres, les fleurs femelles, comme les mâles, sont groupées en chaton comme dans le sapin, le mélèze, &c.

Quand on étudie avec soin la nature, on trouve souvent une espèce de régularité, même dans sa variété. Si l’on jette un coup d’œil léger sur tous les chatons des différens arbres, on croit, au premier coup d’œil, qu’ils sont tous les mêmes, & qu’ils ne diffèrent entr’eux que parce que chaque fleur du chaton est plus ou moins rapprochée. Si on les considère plus attentivement, & qu’on les analyse, on croira bientôt qu’ils n’ont aucun rapport entr’eux ; cependant il est facile d’établir un ordre assez exact, & une division assez générale entre tous les chatons. On en remarque d’abord de trois espèces bien distinctes. Les chatons longs & pendans, comme ceux du noisetier, du bouleau, du chêne, &c. (Fig. 4) Les chatons courts & droits, comme ceux du sapin, du mélèze, du pin, &c. (Fig. 5, A le chaton, B une bourse d’étamine, C la même ouverte) Enfin les chatons ronds, comme ceux du hêtre, du platane, &c. (Fig. 6, A le chaton, B la fleur du chaton.) Les chatons pendans doivent cette situation à leur longueur, au poids des étamines & des écailles dont ils sont garnis ; enfin à la foiblesse du pédicule qui les attache à la branche. Le filet des chatons ronds est fort court, mais ordinairement plus gros & plus fort que celui des chatons pendans. Les fleurs sont groupées tout autour de son sommet en forme de boule. Cette division ne peut convenir qu’à la forme extérieure ; il y en a une autre naturelle, plus distincte encore : la position des étamines, la présence ou l’absence du calice, de la corolle, des pétales, servent à l’établir. La nature semble alors les distribuer en quatre classes. Dans la première seront renfermés tous les chatons, dont les étamines sont rassemblées dans un calice ou une corolle, soit découpées, soit non découpées, comme le chêne, l’ilex, le châtaignier, l’aune (Fig. 2, A représente son chaton, B une fleur du chaton vue en dessus, on y distingue quatre étamines ; C la fleur vue en dessous) & le mûrier. Dans la seconde classe, les chatons dont les étamines sont sans calice ni corolle proprement dite, mais qui, sous la forme d’un corps rond, ou d’une bourse à deux loges, contiennent une très-grande quantité de poussière fécondante, comme les chatons du sapin, (Fig. 3. A le chaton, B la petite bourse de l’étamine, C la même s’entr’ouvrant pour laisser échapper la poussière, D la même vue à la loupe) le pin, le mélèze, le cyprès, le cèdre & le genevrier. La troisième classe renferme les chatons, dont les étamines portées par des filets, sont adhérentes à des écailles dentelées, comme dans le noyer, (Figure 4, A le chaton, B un paquet d’étamines adhérentes, par leur filet, à une écaille dentelée, vue en dedans, C la même vue par-derrière, D une étamine) le bouleau, le peuplier. Enfin, dans la quatrième classe seront rangés les chatons, dont les étamines portées par des filets adhérens à des écailles non dentelées, comme ceux du noisetier, (Fig. 1.) du charme, du saule. M. M.