Cours d’agriculture (Rozier)/CLAPIER

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 384).


CLAPIER. Trou où les lapins se retirent. On auroit peine à se persuader, si le fait étoit moins commun, que des seigneurs de terres en font creuser exprès, pour loger cette maudite engeance. De tels seigneurs sont les tyrans de leurs vassaux, plutôt que leur père & leur protecteur ; &, pour avoir la petite satisfaction de tuer & de manger des lapins, ils mettent la plus pesante de toutes les impositions sur les terres qui les avoisinent. En veut-on la preuve la plus convaincante ? M. le Cardinal de la Rochefoucauld avoit, sur sa terre de Gaillon, près de Rouen, une garenne, dont la chasse étoit affermée 13000 livres. Il fit le sacrifice de cette garenne, & la même année, la dîme augmenta de 1000 liv. On peut juger combien elle a été augmentée dans les années suivantes. Ce que ce respectable prélat a fait uniquement par zèle, & pour le bien-être des habitans qui l’environnent, tous les seigneurs de terres le doivent pour leur propre intérêt. Il n’existe aucun animal plus destructeur : il ronge & coupe tout ce qu’il rencontre, non pas qu’il soit pressé par la faim, mais pour avoir le plaisir cruel de détruire. Pourquoi détruit-on les loups, & laisse-t-on subsister les lapins ? Quelle inconséquence ! Les dégâts causés par les loups, sont un tort moins réel, quoique plus apparent au premier coup d’œil, que celui des lapins.