Cours d’agriculture (Rozier)/CONTUSION

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 473-475).


CONTUSION, Médecine rurale. Blessure ou plaie forte, avec épanchement sous la peau, faite par le choc d’un corps rond. (Voyez Plaie) M. B.


CONTUSION, Médecine vétérinaire. On donne le nom de contusion aux effets qui résultent de l’impression subite & violente d’un corps rond & contondant, sur les parties charnues de l’animal. La contusion diffère de la plaie, en ce que dans la première il n’y a point de perte de substance, ni de solution de continuité à la peau. (Voyez Plaie)

Dans les fortes contusions, le sang & la lymphe s’extravasent ordinairement hors des vaisseaux défîmes à les contenir ; il se forme alors des tumeurs dans les aponévroses, dans les ligamens & les tendons, des bosses à la tête, qui, négligées par le maréchal, produisent quelquefois des ankyloses, lorsqu’elles s’étendent jusqu’aux articulations.

Les contusions sont ou simples ou compliquées ; elles diffèrent encore entr’elles par les lieux qu’elles occupent, par les parties qu’elles intéressent ; & aussi en raison de la force & de la violence du corps contondant, & par la commotion qu’il produit dans tout le genre nerveux. « La seule pression de l’air, agité avec violence, dit M. Vitet, est capable de produire de fortes contusions : on a vu des boulets de canon, au milieu de leur course rapide, blesser ou tuer des chevaux sans les toucher, & sans laisser d’autres marques d’un effet si funeste, qu’une grande contusion. »

Il est certain que des affections de cette espèce menacent toujours d’un danger éminent, relativement à la grande commotion dont elles sont une suite, sur-tout lorsqu’elles intéressent les tégumens de la tête, puisque dans des contusions semblables, le cerveau est exposé à des épanchemens, ou à une inflammation qui emporte tout à coup l’animal.

Traitement. Les indications que l’artiste vétérinaire ou le maréchal, ont à remplir, consistent, 1°. à résoudre le liquide épanché ; 2°. à prévenir l’inflammation violente, la suppuration & la gangrène.

Si la contusion est légère, il suffit d’appliquer par-dessus des substances salines, telles que la dissolution de sel ammoniac dans l’eau commune ; si elle est récente, il faut employer les spiritueux, tels que l’eau de vie, &c. ; mais s’il y a commotion, plaie, & disposition à l’inflammation, l’eau de vie camphrée est à préférer. On ne doit point oublier, si le coup a été violent, de saigner l’animal à la veine jugulaire, de répéter même la saignée, si l’inflammation prend de l’accroissement, & de mettre l’animal au régime humectant & rafraîchissant ; mais lorsque l’épanchement du sang & de la lymphe occupe une grande étendue, & que l’on a à craindre des accidens violens, il ne faut pas seulement s’en tenir à la simple application des topiques prescrits, il faut encore se hâter de scarifier les parties, afin de prévenir des suppurations douloureuses, la gangrène, & peut-être même le sphacèle : les scarifications faites, on couvre la plaie avec des compresses imbibées de la décoction suivante.

Prenez feuilles de sauge, d’absynthe, de romarin & de sabine, une poignée de chaque ; coupez ces plantes bien menu ; faîtes infuser pendant une heure, dans environ deux livres de vin rouge bouillant ; coulez, ajoutez un verre d’eau de vie camphrée, trempez les plumaceaux ou les compresses dans cette liqueur, & couvrez-en la contusion, en les renouvelant d’heure en heure.

Dans les contusions accompagnées d’une commotion violente dans le systême nerveux, sur-tout dans le cerveau, on ne doit pas négliger de faire prendre en breuvage à l’animal, des remèdes actifs ; tels que la bétoine, la véronique mâle, la sauge, le romarin, la racine de persil, &c. : on peut aussi lui administrer deux fois par jour, & trois s’il le faut, un bol composé de parties égales de racines de gentiane pulvérisée & de camphre, incorporées dans suffisante quantité de miel. La saignée sera préférable à tous les remèdes, si l’animal est d’un tempérament sanguin & pléthorique, s’il y a fièvre & battement de flancs : la nourriture, dans l’un & l’autre cas, sera de son mouillé, & de l’eau blanche seulement.

Les contusions de la poitrine sont, pour l’ordinaire, moins dangereuses que celles de la tête ; on doit les traiter de même : celles qui affectent le dos, la croupe & les extrémités, sont dangereuses en tant qu’elles blessent la moelle épinière & les principaux nerfs. Un mulet, qui ne vouloit point se laisser ferrer, fut atteint d’un violent coup de brochoir, par un garçon maréchal, sur l’épine dorsale, exactement entre la dernière fausse côte, & la première vertèbre lombaire ; il tomba tout à coup, & perdit l’usage des extrémités postérieures.

Quant à la manière de remédier aux contusions qui affectent les tendons, Voyez Nerferure ; mais à l’égard de celles qui résultent de la compression de la sole, ou de la substance cannelée, voyez Compression de la Sole. M. T.


Contusion de l’Os. Celle-ci s’annonce par le gonflement du périoste, par la sensibilité que témoigne l’animal, &c principalement par la rougeur de l’os : les suites de cette contusion ne sont point dangereuses, si dans le commencement on emploie les émolliens, en raison de la sensibilité & de l’inflammation, suivis des résolutifs spiritueux, dont nous avons parlé plus haut ; il est quelquefois nécessaire de recourir au feu, si la contusion est violente, si l’os est noir, & s’il y a carie. (Voyez Carie) M. T.