Cours d’agriculture (Rozier)/CRIBLE, CRIBLURE

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 546-547).


CRIBLE, CRIBLURE. Instrument percé d’un grand nombre de trous, par le moyen duquel on sépare le bon grain du mauvais & d’avec les ordures. Le mot criblure indique les ordures & les mauvais grains que l’on a séparés du bon par le moyen du crible : elles servent à nourrir la volaille pendant l’hiver. La Planche 11, au mot Blutoir, Tome II, page 309, Figure 11, représente un crible.

Dans les provinces où l’on ignore l’usage du van pour nettoyer le grain, on emploie deux sortes de cribles. Le premier est percé de trous ronds, de deux à trois lignes de diamètre, & on l’appelle le passe-tout, parce que toute espèce de grain y passe ; il ne reste dans le crible que les pierres & les pailles. Le second est nommé l’émondeur : une rangée de trous est ronde, & l’autre de forme longue, & les trous sont beaucoup plus petits que ceux du premier. Ces cribles sont soutenus à une certaine hauteur, par des cordes qui leur laissent la facilité d’être mus en tout sens. Quant au premier, on le pousse en avant, & on le retire à soi : par ce mouvement droit, le grain tombe plus facilement. Quant au second, il faut que le grain y éprouve un mouvement circulaire, afin de rassembler dans le milieu les ordures & les graines étrangères, & trop grosses pour passer par les trous ; enfin, on continue ce mouvement circulaire, jusqu’à ce qu’on ait enlevé tout grain étranger. Celui-ci est particulièrement destiné, après ce premier usage, à séparer la poussière & les petites graines. Cette manière d’opérer, qui demande un coup de main assez difficile pour jeter le grain hors du crible, & pour rassembler dans le milieu les grains étrangers, ne vaut pas l’opération du van, plus simple & plus expéditive. Il faut encore cribler de nouveau les grains séparés, parce qu’il a été impossible de les séparer de la masse du bon grain, sans en enlever beaucoup.