Cours d’agriculture (Rozier)/CYCLAMEN

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 615-617).


CYCLAMEN ou PAIN DE POURCEAU. (Voyez Pl. 18) M. Tournefort le place dans la septième section de la seconde classe, qui comprend les herbes à fleur en entonnoir imitant une rosette, dont le pistil devient un fruit mou & charnu, & il l’appelle cyclamen. M. von Linné le nomme cyclamen europæum, & le classe dans la pentandrie monogynie.

Fleurs, purpurines penchées vers la terre. La partie supérieure de la fleur, vue intérieurement avec les cinq étamines, est représentée en B ; C fait voir la réunion des étamines autour du pistil ; D le pistil lui-même posé sur l’embryon ; E le fond du calice duquel sort le pistil. Le tube globuleux de la fleur est deux fois plus grand que le calice.

Fruit F, baie sphérique à une seule loge membraneuse s’ouvrant en cinq parties, renfermant des semences ovales, anguleuses, brunes. En G, le fruit est représenté coupé latéralement, pour faire voir comment les semences y sont distribuées.

Feuilles, elles partent toutes de la racine, presque rondes, souvent pointues à leur extrémité, entières, vertes en-dessus, rougeâtres en-dessous, portées par de longs pétioles.

Racine, tubéreuse, quelquefois ronde & aplatie, souvent irrégulière, noire en-dehors, blanche dans l’intérieur. A, représente ce tubercule coupé dans une de ses extrémités. Il sort de la masse des racines chevelues.

Port. Chaque fleur est portée par sa tige propre qui part de la racine ; elle est roulée en spirale en sortant de terre ; elle est droite tant que la fleur subsiste, courbée lorsque le fruit est formé ; les racines gardées dans une chambre poussent des feuilles & des fleurs sans eau ni soins.

Lieu. Les bois & les montagnes froides ; fleurit en mai, la plante est vivace.

Propriétés. La racine fraîche est inodore, mucilagineuse, âcre ; dans cet état elle purge avec plus de force que desséchée ; elle entraîne quelquefois les vers contenus dans les intestins, donne de vives coliques accompagnées de ténesme ; sans aucun fondement elle est recommandée pour expulser les graviers par les voies urinaires. Son usage intérieur exige beaucoup de prudence dans celui qui le prescrit. Extérieurement sous forme de pulpe, elle résout des tumeurs dures, insensibles, enkistées, incapables de prendre un mauvais caractère, malgré l’inflammation qu’elle peut y attirer : pulvérisée & inspirée par le nez, elle fait vivement éternuer.

Usage. On la donne desséchée & pulvérisée, depuis six grains jusqu’à trente, incorporée avec un sirop, ou délayée dans cinq onces d’eau ; l’onguent, fait avec cette racine, appliqué sur le ventre, est purgatif ; & sur l’estomac il fait vomir. On appelle cette plante pain, à cause de sa forme, & de pourceau, parce que cet animal la mange avec plaisir.

Culture. Cette plante, ses espèces Ou variétés font l’ornement des jardins des curieux, & ses variétés sont très-nombreuses. On les distingue en cyclamen du printemps, d’automne & d’hiver. Quelques-uns donnent des fruits pendant toute l’année, & d’autres, pendant l’hiver & au printemps. En général, ceux du printemps sont, le cyclamen appelé oriental, celui d’antioche à fleurs blanches, bordées de pourpre ; en été le cyclamen romain, l’odorant, celui de Véronne, de celui de Byzance ou de Constantinople ; en automne les cyclamen de Syrie, de Corfou, de Poiriers, du Mont-liban, celui d’Antioche à fleur pourpre ; en hiver celui de Chio, celui de Perse.

Pour les multiplier, il faut choisir la graine bien mûre ; on sème au printemps ceux de cette saison, & ainsi pour ceux des autres saisons. La graine, en germant, ne produit pas des feuilles, mais un tubercule d’où sortent ensuite des racines & des feuilles. Cette graine demande une terre bien meuble & de l’eau dans le besoin, & lorsque chaque tubercule a poussé un certain nombre de feuilles, on le transplante ; il vaut mieux attendre que les feuilles soient fanées ; ainsi on ne contrariera pas la nature.

Il est plus court, pour multiplier ces plantes, de partager leurs tubercules en plusieurs morceaux, ainsi qu’on le pratique pour les pommes de terre. Si on peut leur conserver des chevelus, on fera très-bien.