Cours d’agriculture (Rozier)/CYNOGLOSSE

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 617-618).


CYNOGLOSSE ou LANGUE DE CHIEN, Pl. 18, page 615. M. Tournefort la place dans la quatrième section de seconde classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce, en forme d’entonnoir, dont le fruit est composé de quatre semences renfermées dans le calice ; & il l’appelle cynoglossum majus vulgare. M. von Linné la nomme cynoglossum officinale, & la classe dans la pentandrie monogynie.

Fleur, légèrement violette, quelquefois un peu rouge, formée par un tube découpé à son sommet en cinq segmens égaux, composée de cinq étamines & un pistil ; B représente le tube ; C ce tube ouvert avec les étamines ; D le pistil ; E le calice.

Fruit F, composé de quatre capsules G, un peu aplaties, hérissées extérieurement ; elles renferment chacune une graine pointue, bossue & lisse.

Feuilles, en forme de fer de lance, cotonneuses, adhérentes à la tige.

Racine A, pivotante, en forme de navet, blanchâtre en-dedans & noirâtre en-dehors.

Lieu, les pays incultes ; la plante est annuelle & fleurit en mai & juin.

Propriétés. L’écorce de sa racine a un goût amer, salé, stiptique, gluant ; elle passe pour vulnéraire, pectorale & assoupissante. On a beaucoup vanté l’usage de cette plante ; elle est très-employée en médecine. Voici les observations de M. Vitet à son sujet. Les feuilles & la racine diminuent les forces vitales & musculaires, fatiguent l’estomac, procurent un mal-aise universel très-sensible & souvent dangereux, lorsque les feuilles & les racines sont récentes & prises à haute dose. Il n’existe point d’observations certaines qui prouvent qu’elle calme les maladies douloureuses ; qu’elles diminuent & suppriment la diarrhée bilieuse ; la diarrhée causée par des médicamens âcres, la dyssenterie bénigne, l’hémoptysie par une toux violente ; qu’elles détergent les ulcères des poumons, qu’elles arrêtent les progrès & les douleurs de la brûlure récente. Les pilules de cynoglosse font dormir, augmentent la transpiration insensible, diminuent pour quelques instans la diarrhée & la dyssenterie ; mais en supprimant une partie des matières excrétoires, elles produisent ordinairement des accidens fâcheux & rendent le mal plus grave. Elles sont nuisibles dans la pleurésie, dans la péripneumonie & l’asthme, La dose des pilules est depuis quatre grains jusqu’à vingt-quatre ; pour les animaux, on donne la décoction des feuilles à la dose d’une poignée sur deux livres d’eau.