Cours d’agriculture (Rozier)/ELLÉBORE

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 194-195).


ELLÉBORE NOIR, À FLEUR ROSE. (Voy. Planche 1, pag. 40) M. Tournefort le classe dans la sixième section de la sixième classe qui comprend les herbes à fleurs régulières, en rose, dont le pistildevient un fruit compose de plusieurs pièces ou capsules, & il l’appelle helleborus niger flore roseo. M. von-Linné le nomme helleborus niger, & le classe dans la polyandrie polyginie.

Fleur, composée de cinq pétales C, ovales, terminés par un onglet ; les filets des étamines posés sur un disque orbiculaire, sur lequel repose le pistil, entre plusieurs cornets ou nectaires D. E représente deux cornets séparés du grouppe.

Fruit, amas de capsules F, en même nombre que les ovaires ; chaque capsule est à une seule loge, renferme deux rangées de semences, comme on le voit en G, & en H ; la forme des semences rondes, lisses & dures.

Feuilles B, palmées, composées, ordinairement de sept ou huit folioles, ovales, terminées en pointes, par un pétiole fort & rond, dont la base embrasse la tige en manière de gaîne. Les feuilles des tiges sont entières, terminées en pointe, sans découpures.

Racine A, amas de fibres simples, longues & charnues.

Port. La tige s’élève à la hauteur de six à huit pouces, la fleur naît au sommet ; les feuilles qui partent des tiges & des racines sont placées alternativement. Les feuilles se fanent pendant l’été.

Lieu ; ordinaire d’Italie, cultivé dans les jardins ; la plante est vivace & se multiplie en divisant & partageant les racines ; la fleur paroît même dans les mois de novembre & décembre, & il en pousse de nouvelles pendant tout l’hiver, s’il n’est pas rigoureux. C’est une plante à multiplier dans les jardins & bosquets d’hiver.

Propriétés. Racine d’une saveur nauséabonde, très-âcre, amère, d’une odeur virulente ; elle est un purgatif violent. Les anciens vantoient l’ellébore d’Anticyre contre la folie & l’imbécillité : son infusion déterge les anciens ulcères insensibles & arrosés d’un pus ichoreux ; elle détruit quelquefois la rache rebelle à l’action des autres remèdes ; pulvérisée, elle excite avec promptitude l’éternuement si fort & si souvent répété, qu’il survient des accidens très-fâcheux. On s’en sert beaucoup en maréchalerie pour les sétons.

Usage. On donne la racine pulvérisée, depuis trois grains jusqu’à trente, dans cinq onces de véhicule fluide & mucilagineux ; en infusion, depuis six grains jusqu’à une drachme. Les bergers ignorans s’en servent pour guérir les brebis galeuses ; mêlée avec le beurre, ils en font un onguent dont ils les frottent ; presque toutes enflent & périssent.

Éllébore À Fleur Verte. (Voyez Planche l, page 40) M. Tournefort le classe comme le précédent, & l’appelle helleborus niger vulgaris, flore viridi ; & M. von-Linné le nomme helleborus viridis.

Fleur, beaucoup plus petite que la précédente & verte. A est un des pétales séparés ; B le pistil ; C les étamines courtes & jaunes ; D les cornets en forme d’éperon ; les étamines naissent à la base du pistil B.

Fruit E, composé de plusieurs gaines membraneuses, représentées entrouvertes F, afin de laisser voir la disposition des semences qui sont noires & rondes.

Feuilles, digitées, depuis quatre jusqu’à huit folioles, alongées, quelquefois dentelées, étroites en comparaison des précédentes.

Racine G, rameuse, de couleur noire.

Port. La plante est vivace ; les tiges s’élèvent souvent depuis douze jusqu’à dix-huit pouces.

Lieu. Presque toute l’Europe tempérée ; la plante est vivace & fleurit au printemps.

Propriétés. Les mêmes que celles de la plante précédente.

Ellébore Noir, pied de grifon, (Planche 2) M. Tournefort l’appelle helleborus niger fœtidus, & M. von Linné le nomme helleborus fœtidus : ces deux auteurs le placent dans la même classe que le précédent.

Fleur, composée de cinq pétales B ; les étamines C attachées au placenta ; le pistil D est enveloppé par sa base de cornets qui forment une espèce de corolle.

Fruit. Le pistil devient un fruit E, renfermant des semences F, ovales, arrondies.

Feuilles, d’un vert brun, digitées, longues, étroites, dentelées.

Racine A, charnue, très-fibreuse.

Port. La tige s’élève de douze à dix-huit pouces, elle est feuillée ; les fleurs naissent au sommet, disposées comme en ombelle, une feuille florale au bas de chaque pédoncule ; les fleurs sont d’un vert pâle, & le sommet de chaque pétiole est coloré en rouge terne.

Lieux. Les terreins sablonneux, au bord des grands chemins ; la plante est vivace, fleurit presque pendant toute l’année ; son odeur est fétide.

Propriétés. Les mêmes que celles des précédens. On doit en général être très-circonspect dans l’administration intérieure de toutes les espèces d’ellébore.