Cours d’agriculture (Rozier)/EUFRAISE
EUFRAISE. (Voyez Pl. II, p. 195) M. Tournefort la place dans la quatrième section de la troisième classe, qui comprend les fleurs d’une seule pièce irrégulière, terminée par un mufle à deux mâchoires, & il l’appelle Euphrasia officinarum. M. von Linné lui conserve la même dénomination, & la classe dans la didynamie angiospermie.
Fleur B, divisée en deux lèvres, dont la supérieure est relevée & découpée, & l’inférieure C est divisée en trois parties égales, chacune subdivisée en deux parties égales & obtuses ; la corolle D est blanche, couverte de quelques raies violettes, & d’une tache jaune au centre des divisions de la lèvre inférieure ; les étamines au nombre de quatre, dont deux plus grandes & deux plus courtes, attachées à la lèvre supérieure ; le calice E d’une seule pièce, est divisé en cinq parties.
Fruit F, capsule oblongue, arrondie, comprimée, partagée en deux loges qui renferment de petites semences G, arrondies.
Feuilles ovales, à dents aiguës, lisses, luisantes, veinées.
Racine. A, simple, menue, tortueuse, ligneuse, blanchâtre.
Port. La tige s’élève de quelques pouces, cylindrique, velue, noirâtre, quelquefois simple, quelquefois branchue ; les fleurs naissent au sommet : on y remarque deux feuilles florales.
Lieu. Les terreins arides, les bords des bois, les bruyères ; la plante est annuelle, elle fleurit en août, septembre, octobre.
Propriétés. Les feuilles ont un goût amer. On a attribué de grandes vertus à cette plante, comme de fortifier la mémoire, de remédier aux affections soporeuses, &c. ce qui n’est point démontré par l’expérience. La plante fleurie est diurétique, céphalique, ophtalmique. Si l’ophtalmie est humide, ou avec chassie, elle produit de bons effets ; si, au contraire, l’humeur qui coule des yeux est âcre ou en très-petite quantité, l’eufraise est très-contre-indiquée. On distille cette plante unie avec l’eau, & on en trouve dans toutes les boutiques d’apothicaires ; cette eau n’a aucune propriété supérieure à la simple eau de rivière.
Usages. On réduit les feuilles en poudre que l’on respire par le nez comme du tabac. Les feuilles fraîches & pilées sont mises en cataplasmes sur les yeux ; sèches, on les fait infuser dans l’eau & on les applique également. Quant aux autres préparations, elles sont très-inutiles.