Cours d’agriculture (Rozier)/FEU SAINT-ANTOINE

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Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 553-554).


Feu Saint-Antoine, Méd. vét. Cette maladie se manifeste dans la brebis par un bouton douloureux qui s’élève sur la peau dans les endroits dénués de laine, ainsi que dans ceux qui en sont couverts. Ce bouton dégénère le plus souvent en gangrène, & détruit les parties qui l’avoisinent.

M. Hastfer prétend que cette maladie n’est point contagieuse, parce que, dit-il, il a vu des brebis qui en étoient attaquées & qui alloient avec les troupeaux, sans infecter celles qui étoient saines.

Traitement. Parmi les bergers, les uns regardent cette maladie comme incurable, tandis que les autres vantent l’usage du mercure & du soufre. Mais selon nous, ces topiques paroissent plus propres à accroître la gangrène, qu’à l’arrêter. Nous conseillons, au contraire, les lotions sur les boutons, avec une décoction de feuilles de rue & la seule huile de tabac, ou bien l’infusion d’absynthe saturée de sel ammoniac, & l’infusion de sabine & de sauge dans du bon vin, en observant de faire prendre intérieurement aux bêtes attaquées, pendant tout le cours de la maladie, des bols composés chacun d’une drachme de racine de gentiane pulvérisée, de demi-drachme de sel de nitre purifié, & de suffisante quantité de miel commun, pour incorporer le sel de nitre & la poudre de gentiane, & d’extirper le bouton inflammatoire, si l’on s’aperçoit qu’il tombe en gangrène.

Le cochon est aussi sujet à une maladie qui porte le même nom, & qui, loin de se manifester, comme dans la brebis, par un bouton douloureux & inflammatoire, s’annonce d’abord par une inquiétude, un dégoût, une nonchalance qui dure de cinq à six jours. Cet état devient plus sensible, à mesure que le mal fait des progrès ; enfin, la vacillation des jambes est plus marquée ; l’animal porte ses oreilles pendantes, a des alternatives de froid & de chaud, & a de la peine à soutenir sa tête. Ses oreilles de viennent froides. Cet état se décide ainsi du septième au huitième jour, avec un changement très-sensible dans la couleur de la langue, une haleine fétide & un écoulement par les naseaux, d’une morve épaisse, muqueuse, avec accompagnement d’une rougeur érysipélateuse point saillante, qu’on apperçoit très-sensiblement sous le ventre. C’est alors que l’animal pousse des cris extrêmement aigus. Cet état de phlogose se convertit bientôt en gangrène bien décidée, puisqu’il se manifeste par une couleur livide, & enfin bleuâtre ou violette.

Les saignées aux oreilles ou aux veines du ventre, sont indiquées dans cette maladie. Elles doivent être suivies de boissons fréquentes, d’une eau blanche faite avec la farine d’orge à laquelle on ajoute quelques gobelets de bon vinaigre. M. T.


Feu Sacré. (Voyez Érysipèle)