Cours d’agriculture (Rozier)/FLOUVE

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FLOUVE, (Anthoxanthum odoratum. Classe II, ordre III, graminée. Juss.)

Fleurs, réunies en épi, de couleur brune, calice à deux valves, oblong et acuminé ; deux écailles intérieures, deux étamines.

Feuilles. Alternées, vaginées, dont les gaines sont fendues jusqu’au nœud d’où elles partent.

Fruit. Une semence solitaire couverte de la valve intérieure et persistante du calice.

Port. Tige simple d’un pied à deux pieds de hauteur.

Durée. Vivace.

Lieu. Dans les prés hauts, les bois, très-commune au Bois-de-Boulogne.

Culture. Encore peu pratiquée, elle se fait en pleine terre dans tous les sols, pourvu qu’ils ne soient pas trop humides ; on sème les graines au printemps ou au commencement de l’automne.

Usages économiques, Cette plante a été fort recommandée comme fourrage. Je ne pense pas que cultivée seule, elle puisse être d’un produit assez abondant pour lui mériter les frais de culture, et l’emploi d’un terrain plus utile pour un autre objet ; mais celle belle graminée étant pourvue, sur-tout par ses racines, d’une odeur des plus suaves, il seroit utile d’en mêler des graines à tous les semis de plantes fourrageuses graminées ; car sa présence est indispensable dans le foin, pour lui donner l’odeur particulière, bien connue, qui en caractérise la meilleure qualité, parce qu’elle croit naturellement dans la plupart des pairies naturelles.

Les racines de la flouve odorante conservent très-long-temps l’odeur balsamique qu’elles possèdent : j’en conserve en herbier, depuis dix-huit ans, qui ont encore leur parfum. Je suis convaincu que, cultivée dans les terres sablonneuses où elle croît naturellement, et dans la vue d’en obtenir un produit utile par ses racines, on feroit entrer celles-ci en poudre, ou entières, dans diverses préparations qui appartiennent aux arts du pharmacien, du distillateur ou du parfumeur. Mises dans le tabac en poudre, ces racines lui communiquent un arôme analogue à celui de la fève de Toka, si recherchée des amateurs de tabac, et devenue très-rare dans le commerce.

Le professeur Fourcroy pense que les émanations odorantes qui s’échappent de toutes les parties de l’anthoxanthum odoratum, sont dues à la présence de l’acide benzoïque : les agriculteurs placés dans des circonstances favorables, pourroient suivre cette idée, échappée, comme tant d’autres, des flots d’éloquence dont ce savant possède le rare avantage d’enrichir ses leçons, et dont les vues ou les apperçus sont toujours de grands pas vers la vérité. (Tollard aîné.)