Aller au contenu

Cours d’agriculture (Rozier)/HOQUET

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 498-500).


HOQUET, Médecine rurale. C’est un mouvement déréglé de l’estomac, par lequel il s’efforce de se débarrasser de ce qui le surcharge. Par cette définition, le hoquet diffère beaucoup du vomissement : dans ce dernier, les malades rejettent par la bouche beaucoup de matières, tandis que dans le hoquet, tout se borne à des efforts inutiles.

Le hoquet peut être simple, essentiel, ou symptomatique ; il est essentiel, lorsque la cause qui le produit a son siège dans l’estomac. il est, au contraire symptomatique, lorsqu’il dépend de l’affection d’un autre viscère.

Une infinité de causes produisent cette maladie, telles qu’un amas de vers, une saburre acre & très-abondante dans l’estomac, l’irritation de ses houppes nerveuses ; l’inflammation de ce viscère, des vents, &c.

Il peut être l’effet des poisons pris intérieurement, & de l’impression d’un miasme malin.

Il peut être encore subordonné à un excès dans le boire & le manger, à la suppression de quelque évacuation habituelle, à la rentrée de quelque éruption cutanée, & à la rétropulsion de la goutte. L’inanition & la réplétion, selon Hippocrate, sont capables de le déterminer.

Il peut aussi reconnoître pour cause, l’inflammation du foie, de la rate, & des autres viscères du bas-ventre. On l’observe très-souvent dans les affections des nerfs, & dans les vives passions de l’ame.

Le hoquet excité par un purgatif fort, ou par un excès dans le boire & le manger, expose rarement le malade aux dangers de perdre la vie. Celui qui est l’avant-coureur d’une crise, qui doit se faire par le vomissement, est toujours salutaire.

Hippocrate regarde le hoquet comme un signe mortel, s’il paroît à la fin des fièvres ardentes. & malignes : si les yeux sont rouges, & la voix du malade, rauque, il est d’un très-mauvais augure ; il est toujours l’annonce de L’inflammation du cerveau. Vallesius dit n’avoir jamais vu guérir de malade exténué, ou attaqué de fièvre ardente, lorsque le hoquet, qui survenoit sur la fin, étoit continuel.

Le hoquet produit par un amas de matières contenus dans l’estomac, & qui cède aisément à l’usage des évacuans appropriés, n’est jamais à craindre. Il est toujours un signe des efforts que la nature fait pour se débarrasser de ce qui la surcharge ; mais s’il dépend de l’inflammation du foie, il est toujours mortel, sur-tout s’il est symptôme de la gangrène.

Le traitement de cette maladie se rapporte aux causes qui la déterminent.

1°. On combattra le hoquet causé par l’embarras des sucs putrides dans les premières voies, par des émétiques doux, donnés en lavage, & des purgatifs appropriés. On y combinera les vermifuges, s’il y a des signes qui annoncent la présence des vers. On opposera au hoquet, par inflammation de l’estomac, la saignée, qu’on répétera plus ou moins, suivant les indications. On pratiquera celle du pied, si la suppression de quelque évacuation habituelle lui a donné naissance

On rappelleroit à la peau, par des frictions douces, légèrement irritantes, l’éruption d’une humeur répercutée.

Les alexipharmaques, les carminatifs, les antispasmodiques seront également employés ; les premiers pour arrêter les effets & les progrès des poisons ; les seconds, pour chasser les vers ; & les derniers, contre l’affection des nerfs. Le musc, le camphre, & le nitre seront les vrais spécifiques contre le hoquet convulsif.

Le hoquet essentiel ne cède pas toujours à l’usage des émétiques pris & donnés au commencement des fièvres putrides. Quand des matières épaisses & collées aux parois des intestins le produisent, il faut alors répéter les émétiques, la maladie fût-elle à son dernier période, & donner, après l’effet de ce remède, de temps en temps, une cuillerée d’oximel scillitique, & d’une tisanne de chiendent aiguisée avec le vinaigre scillitique ; à ces remèdes incisifs, on peut ajouter l’usage de l’hiera picra, donné à la dose de deux drachmes, si le malade est d’une bonne constitution ; je n’en saurois assez recommander l’usage ; son exhibition a eu toujours d’heureux succès.

Quant au hoquet simple, il se guérit de lui-même, ou en faisant boire de l’eau froide à celui qui en est atteint : il suffit d’interrompre le spasme des muscles de la déglutition. On connoît un moyen infaillible qui consiste à serrer fortement les parties latérales du petit doigt de la main[1] ; il sera aisé de s’en convaincre soi-même quand on en sera attaqué. Le hoquet essentiel tire son origine de l’affection des nerfs. Il est d autant plus incommode qu’il est opiniâtre, & tourmente nuit & jour les malades. Il faut alors donner les remèdes antispasmodiques les plus forts, tels que le musc, à la dose de dix à quinze grains, incorporé dans suffisante quantité de sirop d’armoise. Il faut encore appliquer au creux de l’estomac sur le cartilage xiphoïde, un emplâtre fétide, fait & préparé avec la thériaque & l’assa fætida.

Enfin, on opposera au hoquet symptomatique les remèdes propres à détruire l’affection essentielle dont il dépend. M. AMI.


  1. Est-ce à la pression douloureuse, ou plutôt à la fixation des idées, causée par la pression, qu’est due la disparition du hoquet ? Je crois que le second en est la cause, puisqu’il suffit de fixer par des discours sérieux, imprévus, chagrinans, brusques parfois, pour produire le même effet, ou bien en causant une légère surprise. Le grand point est de fixer l’attention, la tenir, pour ainsi dire, suspendue. Les regards collés sur un très-petit point, & sans éloigner l’œil pendant un certain temps, dissipent le hoquet. Il est facile de citer un grand nombre d’exemples en ce genre. (Note du Rédacteur.)