Cours d’agriculture (Rozier)/LYCHNIS, ou CROIX DE MALTHE, ou DE JERUSALEM, ou FLEUR DE CONSTANTINOPLE

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 351-352).


LYCHNIS, ou CROIX DE MALTHE, ou DE JERUSALEM, ou FLEUR DE CONSTANTINOPLE. Tournefort la place dans la première section de la huitième classe des fleurs en œillet, dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle lychnis hirsuta, flore coccineo major. Von Linné la classe dans la décandrie pentagynie, la nomme lychnis calcedonica.

Fleur. En œillet, de couleur écarlate vive, à cinq pétales ; l’onglet de la longueur du calice, qui est renflé & divisé en cinq parties. Les bords du calice soutiennent les pétales qui se couchent horizontalement ; dix étamines & cinq pistils occupent le centre de la fleur.

Fruit. Capsule presque ovale, à une seule loge, à cinq valvules, contenant des semences en grand nombre, rousses, & presque rondes.

Feuilles. Oblongues, vertes, velues, embrassent la tige par leur base.

Racine. Fibreuse.

Port. Suivant la culture & le climat, les tiges s’élèvent à deux ou trois pieds, & sont cylindriques ; les fleurs naissent au sommet, disposées en grouppes.

Lieu. Originaire de la Tartarie la plante est vivace, & elle est cultivée dans les jardins.

Culture. On en connoît plusieurs variétés ; la plus recherchée est celle à fleur écarlate & double ; celle à fleur blanche, soit double, soit simple, est moins parante. Il y en a encore à fleur blanche, fouettée d’incarnat. Cette plante se multiplie par ses semences & par ses drageons. On la seme au premier printemps, dans une terre douce, légère, substancielle, ou rendue telle par le terreau, & on la replante à demeure, dans une terre semblable, dès que la plante est assez forte. Un peu avant l’hiver on fait très-bien d’enlever la terre qui environne son pied, & lui en substituer de nouvelle : c’est le moyen d’avoir de plus belles fleurs. Quoique le lychnis craigne l’humidité habituelle du sol, il demande, pendant l’été, de petits & fréquens arrosemens.

Pour le multiplier par drageons, on détache des tiges qui partent du collet de la racine, les petits rejetions enracinés ou non, & on en fait des boutures dans des vases ou des caisses, qui demandent d’être à l’ombre, ou du moins de ne recevoir que le soleil du matin. L’époque de cette opération est au commencement de l’automne & du premier printemps. Lorsqu’on est assuré que les boutures ont pris racine, on les lève de la pépinière, pour les transporter à demeure dans le parterre ou dans les plates-bandes du jardin, ayant soin de les couvrir avec des feuilles, ou avec des vases renversés, pendant la plus forte chaleur du jour, afin de faciliter leur reprise ; & on enlève ces vases pendant la nuit. Cette fleur, dont la couleur est si tranchante, subsiste pendant long-temps, & produit un très-bel effet dans les jardins.


Lychnis, Coquelourde des Jardiniers. Quoique Von Linné la regarde comme une espèce à part de celle des lychnis, elle en est cependant si rapprochée, que je crois pouvoir ici les réunir, sans commettre une bien grande erreur botanique. Tournefort la nomme lychnis coronaria dioscoridis, sativa. Von Linné l’appèle agrostema coronaria, & tous deux la placent dans la classe indiquée ci-dessus.

Fleur. En œillet, d’une belle couleur pourpre, à cinq pétales nuds, couronnés à leur base de cinq nectaires ; le calice est à dix angles, dont cinq alternativement plus petits.

Fruit. Capsule presque anguleuse, fermée, à une seule loge, à cinq valvules, renfermant des semences noires, rudes, & en forme de rein.

Feuilles. Adhérentes aux tiges, ovales, simples, entières, cotonneuses, blanchâtres.

Racine. Menue simple.

Port. Tige de douze à dix huit pouces de hauteur, herbacée, cotonneuse, articulée, cylindrique, rameuse ; les fleurs sont seules à seules au sommet, portées fut des pédoncules qui partent des aisselles des feuilles.

Lieu. Originaire d’Italie ; cultivée dans les jardins ; la plante est vivace.

Culture. Comme celle de la précédente, & elle est moins délicate sur le choix du terrein.