Cours d’agriculture (Rozier)/MARRUBE BLANC

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 443-444).

MARRUBE BLANC. (Voyez Planche X, page 400) Tournefort le place dans la troisième section de la quatrième classe des herbes à fleur d’une seule pièce en lèvre, & donc la lèvre supérieure est retroussée, & il l’appelle marrubium album vulgare. Von Linné le nomme marrubium vulgare, & le classe dans la didynamie gymnospermie.

Fleur. Composée d’une seule pétale B à deux lèvres ; la supérieure C est relevée & fendue en deux dans presque toute sa longueur ; l’inférieure D est divisée en trois parties, dont la moyenne est large & découpée en cœur ; les deux autres sont étroites & arrondies ; les quatre étamines, dont deux plus grandes, & deux plus courtes, sont intérieurement attachées à la corolle, de manière que chacune des lèvres en porte deux. E représente le pistil qui repose au fond du calice F, c’est un tube représenté en G, avec dix dentelures à son sommet, recourbée en manière de hameçon.

Fruit. H composé de quatre semences ovoïdes & noirâtres.

Feuilles. Arrondies, cannelées, blanchâtres, ridées, portées sur des pétioles.

Racine A. Fibreuse & noire.

Port. Tiges nombreuses, velues, quarrées, branchues, de la hauteur de douze à dix-huit pouces ; les fleurs naissent en manière de rayon, tout autour des tiges, & y sont adhérentes ; les feuilles, sont apposées deux à deux sur chaque nœud

Lieu. Les terreins incultes, les bords des chemins ; la plante est vivace, fleurit presque pendant tout l’été.

Propriétés. L’odeur de cette plante est forte & aromatique ; sa saveur est âcre & amère. C’est une des meilleures plantes médicinales d’Europe. Les feuilles font expectorer avec assez de force & de promptitude dans la toux catarrhale & dans l’asthme pituiteux. Elles échauffent & raniment les forces vitales ; dès-lors elles sont très-souvent nuisibles dans la phtisie pulmonaire, essentielle, récente, avec un peu de fièvre & de toux, quoiqu’elles aient été recommandées dans ce cas. Elles sont indiquées dans les suppressions du flux menstruel & des lochies, par impression des corps froids, & dans la salivation par le mercure.

Usages, On donne les feuilles récentes, depuis deux drachmes jusqu’à trois onces, en macération ; au bain marie, dans cinq onces d’eau. Leur suc exprimé, depuis demi-once jusqu’à trois, édulcoré avec du sucre ou avec du miel : les feuilles sèches, depuis une drachme jusqu’à demi-once ; en macération, au bain-marie, dans cinq onces d’eau ; feuilles sèches & pulvérisées, depuis quinze grains jusqu’à une drachme, incorporées avec un syrop, ou délayées dans deux onces d’eau.

On donne, pour les animaux, le suc à la dose de quatre onces, ou l’infusion, à la dose de deux poignées, dans une livre d’eau ou de vin.


Marrube noir. (Voyez. Ballote)