Cours d’agriculture (Rozier)/MILLE-FEUILLE

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 546-547).


MILLE-FEUILLE. (Voyez planche XIII, page 496) Tournefort la place dans la troisième section de la quatorzième classe, qui comprend les herbes à fleurs radiées, dont les semences n’ont ni aigrette ni chapiteau de feuilles, & il l’appelle mille-folium, vulgarè album. Von Linné la nomme achillea mille-folium, & la classe dans la singénésie polygamie superflue.

Fleurs. Radiées, composées d’un amas de fleurons hermaphrodites dans le disque, & ornées d’un cercle de demi fleurons femelles dans la circonférence. B représente un fleuron : c’est un tube évasé à son extrémité, & découpé en cinq parties. Le demi fleuron C est sillonné dans sa longueur, terminé par trois dentelures : ils reposent les uns & les autres au fond du calice D, & produisent les semences E.

Feuilles. Adhérentes aux tiges, oblongues, deux fois ailées, leurs découpures linéaires & dentées.

Racine A. Ligneuse, fibreuse, noirâtre, traçante.

Port. Tige d’un pied & demi & plus, suivant les terreins, roides, menues, cylindriques, cannelées, velues, rameuses ; les fleurs naissent au sommet en forme de corymbe applati ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges. Il y a une variété du mille-feuille, à fleur rouge ou pourpre. Cette plante peut figurer dans les jardins.

Lieu. Les bords des chemins ; la plante est vivace & fleurit pendant tout l’été.

Propriétés. Les feuilles. Saveur amère, légèrement austère, d’une odeur aromatique, légère, lorsque les feuilles sont récentes & froissées. Cette plante est réputée astringente & résolutive. Quelques auteurs l’ont vantée dans les hémorrhagies internes, pour déterger les ulcères des poumons & de la vessie ; dans la diarrhée & la dissenterie, pour expulser les graviers des reins & de la vessie ; les autres, au contraire, soutiennent que le succès est fort douteux.

Usage. On a qualifié cette plante du nom d’herbe au charpentier, parce que pilée & appliquée sur une plaie récente ou une coupure, elle facilite la réunion des lèvres & la cicatrice. Cette guérison n’est-elle pas purement mécanique ? On sçait qu’il suffit d’intercepter le contact de l’air extérieur à une plaie récente, pour qu’elle se cicatrise d’elle-même. La nature fait ensuite elle seule la cure, qu’on attribue mal-à-propos à la plante : une compresse imbibée d’eau pure auroit eu le même succès sur un homme sain. On prépare un syrop avec la mille-feuille, qui ne produit pas plus d’effets que le suc des feuilles, épuré & édulcoré avec du sucre.