Cours d’agriculture (Rozier)/PIERRE ou PIERRE CALCUL

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome septièmep. 653-659).


PIERRE, Chirurgie, ou PIERRE CALCUL. (Mots synonymes) Concrétion calcaire qui se forme dans les reins, dans la vessie, dans la substance des poumons, du foie, de la rate, &c de l’homme & des animaux. Quatre causes générales concourent particulièrement à la formation de celles des reins & de la vessie. La pierre est un corps étranger à l’organisation animale dont elle dérange, blesse le tissu, & elle excite de vives douleurs. La composition des calculs est variée : on en trouve de si légers qu’ils surnagent l’eau, d’autres qui s’y précipitent ; ceux-ci sont attaqués & presque consumés par le feu, & les autres résistent à son action ; plusieurs calculs ont un noyau ou point central sur lequel s’appliquent des couches successives & concentriques de la même nature, & souvent de couleurs différentes ; leur surface est ordinairement lisse & polie ; quelques-uns sont un assemblage de plusieurs petits fragmens ou petits noyaux réunis ensemble, & ils présentent à l’extérieur une surface raboteuse qu’on nomme mamelonnée.

Leur formation est due 1°. à l’humus ou terre calcaire renfermée dans la charpente des végétaux & des animaux qui servent à la nourriture de l’homme ; 2°. à la partie mucilagineuse qu’ils contiennent ; 3°. à l’air fixe ; (consultez ce mot) 4°. au sel alcali qui devient le minéralisateur des deux premières substances, & l’air fixe en devient le lien. À ces quatre causes, on doit en ajouter une autre, c’est la chaleur animale. Le calcul est une vraie cristallisation. À l’œil nu, j’ai vu des cristaux bien caractérisés dans la partie intérieure de la couche, mais non pas sur l’extérieure, parce que leurs pointes sont usées par le frottement ; la loupe & le microscope font voir plus en grand cette cristallisation.

L’urine fait connoître ces trois substances ; lorsqu’elle est récente, elle est limpide, claire, d’une couleur jaune ; après un repos de quelques jours, elle commence à déposer, contre les parois du vase qui la contient, un sédiment terreux, plus ou moins coloré ; à mesure qu’il se dépose, des moirées ou espèces de nuages glaireux, mucilagineux, paroissent, s’étendent & troublent la transparence de l’urine ; enfin, lorsque l’urine fermente de plus en plus, la partie terreuse achève de se précipiter, la liqueur devient trouble, le mucilage n’a plus de forme & il est confondu avec elle ; alors l’odeur alcaline ou urineuse se fait vivement sentir ; si enfin on laisse déposer le tout, on trouve au fond du vase, un composé en tout semblable aux matériaux de la pierre ou du calcul, & l’on est étonné de voir cette quantité donnée de fluide, tenir en dissolution une si grande masse de substances qui lui sont étrangères.

S’il est permis, jusqu’à un certain point, de se servir de comparaison, on peut dire que l’urine ressemble aux eaux minérales claires & limpides qui précipitent les substances qu’elles tenoient en dissolution dès qu’elles perdent leur air de combinaison, ou air fixe. En effet l’urine ne commence à se troubler que lorsque cet air, ce lien des corps, commence à s’échapper. Il est prouvé par les belles expériences de M. Hales, que le calcul contient six cent quarante-cinq fois son volume d’air ; cette masse d’air n’est pas sans doute la même dans toutes les espèces de calcul ; mais il est bien démontré que cet air fait dans les uns la moitié, & dans les autres, les deux tiers de leur poids.

Dès que les calculs sont calcaires, ils devroient donc tous être attaquables par les acides. Ils le sont en effet jusqu’à un certain point. Il résulte des belles expériences de M. Tenon, que de la plus ou moins grande proportion du mucilage dépend la plus ou moins prompte dissolution de la substance calcaire par les acides, & c’est à ces différens mucilages qu’est due la couleur des couches concentriques, & sur-tout la ligne de démarcation des unes aux autres. M. Tenon appelle ce mucilage le cannevas de l’édifice pierreux : personne ne respecte plus que moi ce savant académicien, mais il est permis d’avoir une opinion différente de la sienne. Tant que le mucilage (considéré d’une manière isolée) reste dans un fluide qui lui est analogue, il reste mou & tel qu’il est. Il est donc simplement un des matériaux qui entre dans la formation, il sert de gluten ; mais c’est l’air fixe qui est le lien de toutes les parties, & l’alcali leur minéralisateur. Les calculs les plus durs, sont ceux qui contiennent le plus d’air fixe, & les plus légers, ceux ou le mucilage surabonde.

Des signes qui indiquent la présence de la pierre. On la suppose formée dans les reins lorsque l’urine est trouble, épaisse, chargée de sables ou de terre semblable à de la craie, & lorsque les douleurs du dos & des reins sont vives. Leur violence excite quelquefois le vomissement, des maux de cœur, des foiblesses & le pissement de sang. Arrêtée dans l’uretère, le testicule du côté affecté remonte vers son origine ; le malade éprouve une douleur vive & une tension douloureuse sur tout le trajet de ce conduit jusqu’aux parties voisines de la vessie ; les urines se trouvent supprimées si la pierre est volumineuse.

Si on urine difficilement, s’il survient des érections fréquentes de la verge, si on sent de la pesanteur dans la région du pubis, si l’on a des envies infructueuses d’uriner, d’aller à la selle, accompagnées de douleurs & d’ardeurs, si les urines coulent goutte à goutte, si elles déposent un sédiment épais accompagné de mauvaise odeur, il est à croire que la pierre est dans la vessie.

Ces signes & un très-grand nombre d’autres, sont cependant équivoques. On ne peut décidément reconnoître la présence de la pierre que par la sonde, & encore elle doit être introduite dans la vessie par une main exercée à cette opération.

La pierre & la goutte sont les deux sœurs ; on a vu des personnes être délivrées de la pierre par la goutte, & la goutte cesser par la formation de la pierre. Les vieillards & les enfans, sont plus sujets à la pierre que les adultes, & des enfans l’ont souvent apportée en naissant. Ceux qui urinent souvent & qui jettent quantité de petits graviers, ne sont pas ordinairement attaqués de la pierre. Cette maladie est plus commune dans certaines provinces que dans d’autres. Cette singularité ne tiendroit-elle pas aux boissons ? en effet on voit très-peu de calculeux & de goutteux en Champagne, sans doute, parce que les vins de cette province sont plus diurétiques que ceux de Bourgogne, de l’Orléanois & sur-tout des provinces méridionales où on les fait trop cuver.

Les personnes dont les assaisonnemens des mets sont à l’huile, celles qui ont habituellement le ventre libre, sont rarement attaquées de la pierre.

Des remèdes contre la pierre. Les boissons préparées avec les plantes ou autres substances diurétiques, & prises à bonne dose, dès qu’on s’aperçoit des premiers symptômes, facilitent la sortie des sables, des mucilages, en excitant l’envie d’uriner & en augmentant la quantité & le cours des urines. On a recommandé aux calculeux, l’usage du bois néphrétique, de la busserole, (consultez ces mots) des fraises, des fruits mûrs & fondans, une nourriture végétale, l’usage du petit lait, des plantes nitreuses, & ces préservatifs sont bons dans les commencemens, mais lorsque la pierre est formée, ils sont d’un foible secours. L’eau de chaux faite avec les écailles d’huître, ou même de chaux ordinaire, a produit d’assez bons effets, ainsi que l’usage des savons, d’eaux minérales de Contrexeville en Lorraine, de Rougeau en Languedoc ; l’eau de chaux est réputée comme le meilleur palliatif connu. L’opération de la taille débarrasse radicalement de la pierre, & on a eu beau faire, il faut à la fin s’y résoudre. Cependant on a vu des cures complettes opérées par l’eau de chaux. On en a obtenu aussi le remède publié par mademoiselle Stéphens, parce que tous les calculs ne se ressemblent pas, ce remède, étoit composé de coquilles d’œufs & de limaçons, calcinées & réduites en poudre ; d’une tisane composée d’une décoctions de fleurs de camomille, de feuilles de fenouil, de persil, de bardanne qu’on fait bouillir dans deux pintes d’eau ; d’une boule de savon du poids de quatre onces & demie, dans laquelle on incorpore du miel & du charbon de cresson sauvage, calciné en vaisseau clos jusqu’à noirceur. Si on désire de plus grands renseignemens sur ce remède, on peut consulter les Mémoires de M. Geoffroi, insérés dans les volumes de l’académie des sciences de Paris, année 1739, page 175 & 441 ; cet académicien y détaille tous les procédés.

M. Hulme du collège royal de médecine de Londres, publia en 1777 le résultat d’un essai qui fut heureux, sur Jean Dobey, âgé de soixante-treize ans ; voici comment s’explique l’auteur : L’effet des remèdes jusqu’alors administrés à ce malade, n’avoit été que passager ; l’opération étoit la dernière ressource que désiroit ce malheureux vieillard. Je repassai alors dans mon esprit le tableau de certains effets que présentent les affinités chimiques, & je me rappellai la faculté dont jouit l’air fixe de dissoudre les pierres. Je me déterminai en conséquence à éprouver ce que produiroit dans le corps humain un remède imprégné de cet air fixe. Pour cet effet, le malade prit quatre fois par jour, quinze grains de sel alcali fixe de tartre, dissous dans trois onces d’eau ordinaire, je leur substituai ensuite la même mesure d’eau dans laquelle on avoit étendu vingt gouttes d’esprit de vitriol foible. Mon but étoit que l’intervalle mis entre ces deux potions, augmenteroit la force de leur choc dans la région inférieure, & faciliteroit leur écoulement dans le corps du malade. Peu de jours après, je fus heureusement surpris d’apercevoir dans l’urine du malade plusieurs fragmens de calculs, & un corps muqueux blanchâtre, semblable à une eau saturée de craie. Les faisceaux pierreux qui unissoient cette matière blanchâtre, annonçoient assez son origine & la faisoient reconnoitre pour un calcul réduit à un état de ramollissement & de division. Après avoir fait sécher cette substance, elle se trouva très-légère malgré son volume.

Le malade rendoit ordinairement ces calculs vers le point du jour, & il éprouvoit pendant ce traitement, une légère douleur & une légère cuisson vers le col de la vessie & dans l’urètre, effet que j’attribuai au passage des corps durs & raboteux qui le traversoient. De jour en jour, le malade rendit une plus grande quantité de pierres & de corps crétacés ; de sorte que le calcul dont il étoit tourmenté, sembloit s’être dissous & avoir entièrement coulé avec les urines. Il rendit, dans l’espace d’un mois plus de cent-quatre-vingt fragmens pierreux de toute grandeur, sans compter ceux qu’il avoit rendus lorsqu’il satisfaisoit au besoin d’uriner. Pendant que ces graviers étoient encore humides, leur couleur étoit rousse, mais ils devenoient blancs par la dessiccation. Les uns n’avoient que l’épaisseur d’une lame très-mince, d’autres formoient un volume plus considérable ; ce qu’ils avoient de commun étoit un côté convexe & lisse, & le côté opposé concave & raboteux ; d’où il est aisé de conclure qu’ils étoient les débris d’une grosse pierre.

L’usage du remède dont on a parlé, prolongé pendant trois semaines, facilita la sortie des graviers & guérit radicalement le mal ; on lui joignit des purgatifs doux lorsque le ventre étoit trop resserré ; mais le sel de tartre & le vitriol provoquent assez communément les selles & les urines. Le régime nutritif n’a rien de particulier. Ses potions en formoient la plus grande partie le matin & le soir & midi. L’eau de genévrier, mêlée avec l’eau commune, composoit sa potion & étoit suivie d’un verre de vin blanc. Le malade avoit rarement soif.

J’ai vu une fois réussir ce remède, & plusieurs fois ne produire aucun effet. Cependant avant d’en venir à l’opération, il est toujours bon de l’essayer.

Pierre, calcul. Médecine vétérinaire. Le bœuf & le cheval sont plus sujets aux pierres que l’homme. Elles peuvent se rencontrer par-tout, mais elles diffèrent par leur dureté, leur couleur, leurs formes extérieures & intérieures ; les pierres auxquelles les chevaux sont le plus sujets, sont les pierres salivaires, les pulmonaires, les bézoards, les biliaires, les pancréatiques, les calculs ou pierres des reins, celles de la vessie : les salivaires, les biliaires, les pancréatiques, les bézoards, contiennent toutes un noyau dans le centre, qui est tantôt un petit caillou, un grain d’avoine, ou un autre corps étranger. Toutes les pierres se forment par couches sphériques plus ou moins épaisses ; lorsqu’on les scie, on observe une infinité de rayons qui paroissent partir du centre.

On a observé souvent que les bœufs nourris dans l’étable, & que l’on tue l’hiver, ont des pierres dans le foie, dans la vésicule du fiel ; dans les conduits biliaires & même dans la vessie, & quelquefois dans l’urètre. Le 9 mai 1762, M. de Varennes de Champfleury envoya à M. Bourgelai, de sa part du bureau d’agriculture de la ville de Clermont-Ferrand en Auvergne, un mémoire à consulter sur un calcul arrêté dans l’urètre d’un bœuf âgé d’environ huit années, & qui lui avoit causé la mort. Ce calcul pesoit quatorze grains suivant ce même mémoire. La vessie en contenoit plusieurs de la forme du plomb mis en grenaille, pesant en tout quarante-deux grains. Au premier aspect, chacun de ces petits calculs paroissoit métallique, la couleur en étoit brillante & semblable à de l’or. Tous ces calculs sont déposés dans le cabinet d’histoire naturelle de M. de la Tourette, conseiller en la cour des monnoies de Lyon. Quelque temps après, le bureau d’agriculture, établi à St. Etienne-en-Forest, consulta M. Bourgelat sur le même fait. À l’ouverture d’un bœuf, on avoit trouvé à peu près, dans le milieu du canal de l’urètre, un calcul rond, légèrement aplati, dur, très-lisse & de couleur métallique. Le paysan auquel appartenoit le bœuf, prétendoit en avoir perdu quatre autres, auparavant, de la même maladie ; on vit dans l’urètre de celui-ci deux pierres semblables, mais de grosseurs inégales. Ce même bureau observe dans son mémoire, que les bœufs qui font des charrois loin de leur domicile, & qui vivent de foin sec, y sont plus sujets que ceux qui pâturent dans les prairies. En 1780 je trouvai dans la vésicule du fiel d’un bœuf, un calcul rond, de la grosseur d’un œuf de pigeon, formé de plusieurs couches ou lames posées les unes sur les autres, qui se détachoient facilement & prenoient feu aisément à la flamme d’une chandelle. Nous pourrions encore rapporter plusieurs exemples de pareilles pierres trouvées dans les reins & dans la vessie des chevaux. Les premières sont dures & compactes, pour l’ordinaire, tandis que les secondes ne le sont pas, & se brisent aisément sous les doigts ; comme elles contiennent plus de sels que celles des reins, c’est une cause qu’elles décrépitent davantage sur le feu.


De la formation des pierres.

Les auteurs sont partagés sur la cause de la formation des pierres. Le sentiment le plus probable de tous, est que ces concrétions se forment à la suite du ralentissement & de inaction des sucs dans les couloirs exposés à un frottement plus considérable ; quand la sérosité se trouve arrêtée, & qu’elle est forcée de séjourner, les parties s’unissent js’épaifiissent, se durcissent à peu près de la même manière que l’urine s’attache aux côtés du vase dans lequel on la laisse reposer, ou bien, comme le tartre qui se forme à la racine des dents. Les pierres augmentent peu à peu de volume, par l’apposition de nouvelles couches ; en un mot, point de pierre, dans la vessie sur-tout, qui njait un noyau,


Des moyens pour guérir là pierre, dont les bœufs & les chevaux.

Nous ne croyons point qu’on puisse trouver pour les animaux, sur-tout de grande taille, des médicamens qui, pris par la bouche, soient capables de dissoudre une pierre, lorsqu’elle est formée dans la vessie ; ils seroient trop altérés quand ils arriveroient à ce viscère. C’est donc mal à propos qu’on a vanté l’usage de l’uva ursi, du savon d’Espagne, de l’eau de chaux, &c. ; ces remèdes ont été toujours infructueux. Le plus sûr moyen, selon nous, est de faire l’extraction de la pierre, par l’opération de la taille ou lithothomie ; mais avant de la pratiquer, il faut s’assurer de l’existence de ce corps. Les signes qui l’indiquent, sont équivoques & univoques.

Les premiers sont les douleurs, aiguës que le cheval éprouve en urinant ; il ne rend que très-peu d’urine à la fois, quelquefois mêlée de sang, sur-tout si l’animal a un peu marché ; enfin il donne les signes qui caractérisent la rétention & la suppression d’urine. (Voyez ces mots)

Les seconds, ou les signes univoques, ou certains, sont ceux qui se tirent des sens & que l’on connoît par les doigts : pour connoître donc si la pierre existe dans la vessie, abattez le cheval, renversez le sur le dos, & élevez lui le train de derrière, introduisez dans l’anus la main trempée dans l’huile, appliquez-la à la face interne de l’intestin rectum, du côté qui répond a la vessie, & vous vous assurerez par ce moyen de l’existence de la pierre.

Pour disposer l’animal à l’opération, retranchez-lui le foin & l’avoine, mettez-le à l’eau blanche & à la paille pendant trois ou quatre jours ; saignez-le deux fois, & purgez-le le second jour après la seconde saignée ; trois jours après ce purgatif, procédez l’opération de la manière suivante :

L’appareil nécessaire étant disposé, jetez le cheval à terre & renversez-le sur le dos, en lui élevant le train de derrière ; c’est-à-dire, qu’il faut lui tirer les pieds de derrière vers la tête ; maintenez-le dans cette situation, par des bottes de paille, ensuite assujettissez les jambes de derrière avec des plates-longes, approchées vers la tête ; l’animal ainsi pris & écarté, fendez avec un bistouri, de la longueur d’un pouce & demi ou environ, le canal de l’urètre longitudinalement, vers le bas de la symphise des os pubis ; introduisez une sonde cannelée & courbée, pour pénétrer dans la vessie, prenez ensuite un bistouri tranchant des deux côtés, dans la forme du lithothome ordinaire, afin qu’il puisse glisser dans la sonde & inciser du même coup le col de la vessie, en évitant de toucher le rectum ; la vessie étant ouverte, quittez le bistouri & prenez les tenettes, qui doivent être plates & presque tranchantes, afin de pouvoir les faire glisser dans la sonde à la faveur de laquelle elles entrent, sans avoir besoin de conducteur ; chargez la pierre & faites en l’extraction.

L’opération doit être prompte, par la raison qu’il faut profiter de la présence de l’urine dans la vessie ; cette humeur étant évacuée, les parois de ce viscère s’affaisseroient & s’approcheroient de la pierre, ce qui rendroit l’extraction plus difficile, en exposant sur-tout l’artiste vétérinaire à pincer les duplicatures où rides que formeroit alors la vessie. Si le calcul est trop gros, on peut aisément le casser avec les tenettes ; il est mol & friable dans le cheval ; mais lorsque les pierres ou graviers sont petits, introduisez une curette en forme de cuiller avec laquelle vous les extrairez ; injectez la vessie avec une légère décoction de graine de lin ; cela fait, détachez le cheval, & faites-le rentrer dans l’écurie sans mettre sur la plaie aucun appareil. L’opération finie, saignez l’animal deux fois le même jour, ôtez-lui toute nourriture solide, donnez-lui pour boisson ordinaire, une eau blanche, légère ; administrez beaucoup, de lavemens émolliens dans les trois premiers jours. Le quatrième jour, donnez-lui deux jointées de son mouillé, avec deux livres de paille le matin, & autant le soir ; le lendemain & les jours suivans, augmentez le son & la paille par degrés. Pendant ce temps, la suppuration s’établit dans la plaie, ayez le soin de la tenir propre avec des lotions adoucissantes, & si les chairs viennent à excéder, bassinez la plaie avec la teinture d’aloès ; par ce traitement vous préviendrez l’inflammation & les suites fâcheuses qui pourroient en résulter ; dès les premiers jours les urines passent en partie par la verge, & la plaie est cicatrisée au bout d’un mois. M. la Fosse qui a fait cette opération, dit : « que puisque les chevaux sont sujets au calcul, il est en droit de conclure, d’après l’expérience, que l’on peut hardiment la pratiquer à leur égard. » M. T.