Cours d’agriculture (Rozier)/SCOLOPENDRE, ou LANGUE DE CERF

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 142-143).


SCOLOPENDRE, ou LANGUE DE CERF. (Planche IV.) Tournefort la place dans la première section de la seizième classe des herbes apétales sans fleurs, dont les fruits naissent sur le dos des feuilles, & il l’appelle lingua cervina officinarum. Von-Linné la classe dans la famille des fougères de la criptogamie, & la nomme asplenium scolopendrium.

Fleur & fruit ; on découvre au dos des feuilles des sillons roussâtres ; ces sillons sont formés par des capsules très-petites qui constituent la fructification : on les distingue à l’aide du microscope. Les fleurs & les fruits sont développés en E ; la capsule D est munie d’un anneau élastique, lequel, en se séchant, se contracte en F, de manière à ouvrir la capsula : ce mouvement en fait sortir beaucoup de semences menues comme de la poussière G.

Feuilles, simples, entières, en forme de langue, en cœur à leur base, lisses, portées par de longs pétioles.

Racine A, nombreuse, entrelacée dans les insertions des pétioles des vieilles feuilles.

Port ; les pétioles partent de la racine & en grand nombre, & tiennent lieu de tiges. Ils sont recouverts d’un vert-brun, quelquefois très-longs. La longueur des feuilles varie depuis trois pouces jusqu’à un pied & demi Elles sont roulées en spirale sur elles mêmes avant leur développement.

Lieu ; les bois, les montagnes, les fentes des rochers, les terrains humides ; la plante est vivace ; sa plus grande vigueur est en automne.

Propriétés ; feuilles d’une odeur aromatique très-peu sensible, d’une saveur légèrement austère & un peu âcre. La scolopendre fait partie des plantes capillaires ; on l’employe dans les aposèmes apéritifs, béchiques & vulnéraires. On prescrit les feuilles sèches depuis demi-dragme jusqu’à demi-once en macération au bain-marie, dans cinq onces d’eau.