Cours d’agriculture (Rozier)/SCOLOPENDRE, ou LANGUE DE CERF
SCOLOPENDRE, ou LANGUE DE CERF. (Planche IV.) Tournefort la place dans la première section de la seizième classe des herbes apétales sans fleurs, dont les fruits naissent sur le dos des feuilles, & il l’appelle lingua cervina officinarum. Von-Linné la classe dans la famille des fougères de la criptogamie, & la nomme asplenium scolopendrium.
Fleur & fruit ; on découvre au dos des feuilles des sillons roussâtres ; ces sillons sont formés par des capsules très-petites qui constituent la fructification : on les distingue à l’aide du microscope. Les fleurs & les fruits sont développés en E ; la capsule D est munie d’un anneau élastique, lequel, en se séchant, se contracte en F, de manière à ouvrir la capsula : ce mouvement en fait sortir beaucoup de semences menues comme de la poussière G.
Feuilles, simples, entières, en forme de langue, en cœur à leur base, lisses, portées par de longs pétioles.
Racine A, nombreuse, entrelacée dans les insertions des pétioles des vieilles feuilles.
Port ; les pétioles partent de la racine & en grand nombre, & tiennent lieu de tiges. Ils sont recouverts d’un vert-brun, quelquefois très-longs. La longueur des feuilles varie depuis trois pouces jusqu’à un pied & demi Elles sont roulées en spirale sur elles mêmes avant leur développement.
Lieu ; les bois, les montagnes, les fentes des rochers, les terrains humides ; la plante est vivace ; sa plus grande vigueur est en automne.
Propriétés ; feuilles d’une odeur aromatique très-peu sensible, d’une saveur légèrement austère & un peu âcre. La scolopendre fait partie des plantes capillaires ; on l’employe dans les aposèmes apéritifs, béchiques & vulnéraires. On prescrit les feuilles sèches depuis demi-dragme jusqu’à demi-once en macération au bain-marie, dans cinq onces d’eau.