Cours d’agriculture (Rozier)/SERPENTAIRE

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 183-184).


SERPENTAIRE (Voyez Planche IV, page 142) Tournefort la place dans la première section de la troisième classe des herbes à fleur d’une seule pièce irrégulière en forme de cornet, dont les fruits sont attachés au bas du pistil, & il l’appelle Dralunculus polyphyllus. Von-Linné la nomme Arum dracunculus, & la classe dans la gynandrie polyandrie.

Fleur C, composée d’une seule feuille irrégulière, terminée en pointe, large à sa base, & se roulant sur elle-même comme un cornet. Par ce roulement, elle forme une espèce de tube dans lequel sont renfermées les parties sexuelles ; les étamines sont rangées en anneau au-dessus des ovaires qu’elles touchent, & leur nombre approche de celui de 600 ; le pistil est compose de 2 à 300 ovaires, d’un stile court & du stigmate D qui a la figure d’une corne.

Fruit ; les ovaires deviennent, par la maturité, autant de baies molles, cylindriques, rangées en épi E, autour de la base du pistil. Une de ces baies entières est représentée en F, & coupée transversalement en G ; elles sont partagées en trois loges qui renferment les semences H.

Feuilles, divisées en cinq segmens, & même davantage ; chaque foliole soutenue par des espèces de pétioles B qui se réunissent en un seul ; elles sont étroites, en forme de fer de lance, entières, luisantes.

Racine A, presque sphérique, bulbeuse, avec des fibres capillaires, enterrée profondément.

Port ; une seule tige droite, haute de deux à trois pieds, cylindrique, lisse, marbrée, imitant la peau de serpent, d’où lui vient son nom ; toute la plante, & sur-tout quand elle est fleurie, exhale une très-mauvaise odeur, à peu près semblable à celle du serpent en putréfaction.

Lieu ; les provinces méridionales de France ; la plante est vivace, & fleurit en juin. On la cultive dans les jardins, dans les endroits ombrages. — Il est fâcheux que son odeur soit désagréable ; car le port de cette plante est très-pittoresque.

Propriétés ; la racine récente est un purgatif violent & dangereux ; sèche, elle purge & entraîne beaucoup de sérosités ? donne des coliques, & un ténesme souvent de longue durée. Il est très-douteux qu’elle produise de bons effets dans l’asthme pituiteux, l’hydropisie de poitrine, l’ascite par suppression d’humeurs secrétoires ; elle n’est d’aucune utilité contre la morsure des serpens… Extérieurement, le suc exprimé a pu déterger des ulcères sanieux, fétides & insensible ; mais pour toutes les autres espèces d’ulcères, principalement les ulcères d’un caractère cancéreux, elle porte un préjudice évident.

Usages. On donne la racine desséchée & pulvérisée depuis cinq grains jusqu’à vingt-cinq, délayée dans quatre onces d’eau. Depuis quinze grains jusqu’à une drachme, en infusion dans cinq onces d’eau.