Cours d’agriculture (Rozier)/VESSIE

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Libairie d’éducation et des sciences et des arts (Tome dixièmep. 83-85).
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VESSIE. Médecine rurale. C’est l’organe destiné à recevoir l’urine. On peut comparer la vessie à une espèce de poche, ou de bouteille membraneuse et charnue, susceptible d’une grande dilatation, tout comme d’un resserrement extrême.

Elle est située au bas de l’abdomen, immédiatement derrière la symphise des os-pubis, vis-à-vis le commencement de l’intestin rectum. Sa figure est à peu près nu ovale raccourci, plus large en devant et en arrière que de côté et d’autre, plus arrondie en haut qu’en bas, quand elle est vide ; et plus large en bas qu’en haut, quand elle est remplie.

Elle est composée de trois membranes. La première, qui est une continuation du péritoine, est musculeuse. La seconde est nerveuse, et la troisième est veloutée. C’est dans ce velouté qu’on trouve des glandes qui filtrent continuellement un suc propre à lubrifier les parois et à empêcher l’impression des sels de l’urine, qui pourroient exciter l’inflammation de cet organe. Elle est attachée par sa partie supérieure à l’ombilic, au moyen de l’ouraque ; par sa partie inférieure, à l’os pubis, au moyen encore du péritoine ; et par sa partie postérieure, à l’intestin rectum dans les hommes, et à la matrice chez les femmes. La vessie est percée, latéralement dans sa partie postérieure, par les deux uretères qui viennent se dégorger dans sa cavité, d’une manière oblique, afin que l’urine ne puisse point refluer vers les reins. On y observe encore une autre ouverture antérieurement qui permet à l’urine de sortir, lorsqu’elle est poussée au dehors.

Mais pour empêcher que l’urine sortît involontairement, la nature a pourvu le col de la vessie d’une infinité de fibres charnues, pour former un véritable sphincter qui retient l’urine, et s’oppose à son écoulement continuel, qui auroit lieu sans cet obstacle.

On appelle urèthre ce canal qui perce le col de la vessie ; il s’y forme quelquefois des callosités. Cela joint au gonflement des vaisseaux variqueux, et de celui de la prostate sont autant d’obstacles qui peuvent s’opposer à l’issue de l’urine, et qu’on ne peut point surmonter quelquefois par la sonde. Quand on a tenté ce dernier moyen, et qu’il n’a eu aucun succès, on doit alors procurer l’issue des urines, en pratiquant la ponction au périné.

La vessie est exposée à de tristes maladies, relativement à sa situation, à sa construction, et à l’urine qu’elle contient. La vessie déplacée et tombée dans les bourses, cause une suppression d’urine. Cet état demande l’opération de la main pour être remise à sa place, et y être maintenue, à la faveur d’un bandage.

Quand la vessie est devenue épaisse, calleuse, ou qu’elle s’est endurcie à la suite de la pierre, et qu’elle donne lieu à une incontinence d’urine, c’est un mal incurable.

La douleur de la vessie qui vient du calcul, de l’acrimonie, ou du défaut de la mucosité, d’une métastase, d’une inflammation, d’un ulcère qu’on reconnoît par l’évacuation du pus, est toujours d’un mauvais augure. Le traitement doit être relatif à la connoissance de la cause. L’hémorragie occasionne quelquefois le pissement du sang, qui, devenant grumeleux, s’oppose à la sortie de l’urine. On y remédie par l’usage des délayans savoneux, et en introduisant la sonde dans la vessie.

« Le sphacèle du sphincter, ou la paralysie qui produit l’incontinence d’urine, est une maladie incurable. La convulsion de cette partie, suivie de la suppression d’urine, demande les antispasmodiques.

La mucosité qui oint la surface interne de la vessie, devenue plus tenace, donne une urine filamenteuse, avec un sédiment muqueux, ou bouche le conduit urinaire. Son acrimonie ou son défaut occasionne quelquefois tantôt une douloureuse rétention d’urine, et tantôt son incontinence ; quelquefois encore elle est la source de la formation du calcul.

Mais si la pierre s’engendre dans la vessie, son principe, pour l’ordinaire, se trouve dans les reins. Ensuite, ce calcul passant par les uretères dans la vessie, s’augmente par de nouvelles incrustations journalières. Sa génération doit être prévenue par les meilleurs moyens.

Si, par malheur, ces moyens et les remèdes n’ont pas pu détruire la pierre, il faut alors recourir à l’opération et au meilleur lithotomiste.

La vessie est souvent exposée à recevoir un flux d’humeurs viciées qui détermine une maladie, connue sous le nom de catharre de vessie, qui s’annonce toujours par des symptômes effrayans, et qui disparoît en abandonnant le mal aux soins de la nature. Hoffman est le premier qui a connu cette maladie : et après lui, Lieutaud, qui nous en a laissé une bonne description, dans son traité de Médecine Pratique. M. AMI.