Critique du jugement (trad. Barni)/Tome II/P2/S2/LXXXIX-Rem

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Traduction par Jules Barni.
Librairie philosophique de Ladrange (IIp. 188-198).




§. LXXXIX.


De l’espèce d’adhésion *[1] que réclame une preuve morale de l’existence de Dieu.


D’abord toute preuve, qu’elle soit fondée sur une exhibition empirique immédiate de ce qui doit être prouvé (comme la preuve par l’observation de l’objet ou par l’expérience), ou bien qu’elle soit tirée a priori de certains principes par la raison, est soumise à la condition de ne pas persuader seulement, mais de convaincre, ou du moins de tendre à la conviction ; c’est-à-dire que le principe ou la conclusion ne doit pas seulement être un motif subjectif (esthétique) d’adhésion (une simple apparence), mais avoir une valeur objective ou être un principe logique de connaissance : sinon l’entendement serait surpris, mais non pas convaincu. C’est à cette espèce de preuve illusoire qu’appartient celle qu’on donne dans la théologie Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/201 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/202 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/203 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/204 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/205 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/206 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/207 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/208 Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/209 la possibilité de la pensée, et non celle de l’objet pensé même).

De tout cela il résulte que, relativement à l’existence de l’être premier conçu comme Dieu, ou de l’âme, conçue comme esprit immortel, il n’y a pas pour la raison humaine, au point de vue théorique, de preuve qui mérite ô’obtenir notre adhésion même au plus faible degré ; et cela par cette raison toute simple, que nous manquons de tout fondement pour déterminer les idées du supra-sensible, puisqu’il nous faudrait l’emprunter aux choses du monde sensible, ce qui ne convient nullement à un pareil objet, et qu’ainsi, en l’absence de toute détermination de cet objet, il ne nous reste rien que le concept d’un quelque chose qui n’est pas sensible, qui contient le dernier principe du monde sensible, mais qui ne nous donne aucune connaissance (qui étende notre concept) de sa nature intérieure.


Notes de Kant[modifier]

  1. * Fürwahrhalten.


Notes du traducteur[modifier]