Croquis honnêtes/14

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Gangloff (p. 51-53).

Le Fil de la Vierge.

Un grand homme, un vrai grand homme, Joseph de Maistre, a dit quelque part qu’à côte de toute religion « pousse » une mythologie. Rien n’est plus vrai, ni plus profond.

Autour de la Vérité fleurit la Légende.

Mais, comme l’observe encore Joseph de Maistre, les légendes de toutes les fausses religions sont le plus souvent immorales et dangereuses, et il appartient au seul christianisme de donner naissance à des légendes très nobles, très morales, très pures.

Et j’ajouterai « très charmantes ».

La savez-vous par cœur, cette jolie romance de Scudo sur le fil de la Vierge ? Et pouvez-vous l’écouter sans pleurer ?

Le pédant qui entend nos bonnes gens parler de ces beaux fils légers et blancs en leur attribuant une origine virginale ; le pédant, dis-je, qui est toujours un vilain monsieur et un monsieur ennuyeux, hausse les épaules en signe de profond dédain et nous fait en régie un cours d’histoire naturelle. Le pauvre homme !

Eh ! nous savons aussi bien que toi, brave licencié, ce qu’est « naturellement » le fil de la Vierge, et nous avons suivi tes cours, hélas !

Mais ce que tu ne sais pas, très docte Trissotin, ce sont les honnêtes, les aimables, les belles pensées que fait naître vue d’un de ces fils presque immatériels dans Famé de nos sœurs et de nos filles.

Involontairement elles pensent à Marie, et se disent ? Je vais essayer de lui ressembler davantage. »

Trouve-moi donc, ô Vadius, trouve-moi quelque chose de mieux,

Ou tais-toi.