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Croyances et légendes du centre de la France/Tome 1/Livre 03/06

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CHAPITRE SIXIÈME

MÉDECINE (Suite) :
MAL À SAINT ; — SAINTS GUÉRISSEURS.


Indépendamment des secours matériels de toute espèce que l’humanité souffrante trouve autour d’elle, dans nos villages, elle sait encore combattre les maux auxquels elle est en butte par des remèdes spirituels. Le jeûne, par exemple, s’emploie aussi bien pour le salut du corps que pour celui de l’âme. S’il arrive que le malade n’ait pas la force de supporter, ou le temps de s’imposer cette pénitence hygiététique, alors il a recours à un voisin ou à une voisine qui se charge de jeûner à sa place, moyennant finance. Il en coûte ordinairement cinquante centimes par jeûne, juste le prix de la journée de nourriture d’un journalier. Nous avons, au reste, quelques personnes qui font métier de jeûner, d’accomplir des vœux, ou d’aller en pèlerinage pour leur prochain. C’est ainsi qu’au moyen âge, il existait des quéreurs de pardons, dont l’unique profession était de faire des pénitences et d’aller au loin quérir non-seulement des indulgences, mais de la santé pour ceux qui les payaient. Cet usage existe encore en Bretagne ; il existe même chez les musulmans, où l’on voit beaucoup de pèlerins mercenaires entreprendre, tous les ans, le voyage de la Mecque et accomplir cette pénitence par procuration.

Mais ce qui surtout contribue à rassurer nos pauvres villageois, lorsque la maladie les atteint, c’est l’assistance qu’ils sont certains de trouver auprès d’un grand nombre de saints. — Ce n’est pas à eux que le prophète eût adressé le reproche qu’il faisait au roi Asa : Nec in infirmitate sua quæsivit Dominum, sed magis in medicorum arte confisus est[1].

Ordinairement, on donne le nom de mal à saint ou de mal de saint à une infinité d’affections graves contre lesquelles on peut se contenter d’implorer le secours d’un saint, ce qui coûte bien moins cher que les soins d’un médecin. Pourtant, dans quelques-uns de nos cantons, la locution mal de saint désigne particulièrement le catarne (voy. p. 299) et parfois les convulsions en général. — Cette expression était autrefois française :

Si c’estoit mal de sainct, ou de fièvre quartaine…,

dit le vieux satirique Régnier, sat. xi.

À l’exemple de nos panseux de secret, presque tous nos saints ont une spécialité en médecine, et cette spécialité est indiquée, tantôt par quelque circonstance de la biographie du bienheureux, tantôt, — et c’est le cas le plus ordinaire, — par un rapport de consonance entre le nom du saint et le nom de la maladie.

Ainsi, sainte Anne, à Nohant-Vic, près la Châtre, est invoquée par les nourrices qui n’ont point de lait, parce qu’elle allaita la sainte Vierge.

Sainte Apolline guérit du mal de dents, parce que on les lui cassa, à Alexandrie, durant son martyre.

Saint Eutrope soulage les hydropiques ; saint Aignan (saint Teignan) les teigneux.

Ceux qui ont des orbillons (orgelet, maladie des paupières), vont à Mers (Indre), pour invoquer saint Orban (Urbain).

Le Précieux sang, à Neuvy-Saint-Sépulcre, arrête le saignement de nez et la dysenterie[2].

Sainte Claire ou saint Clair, à Vatan (Indre), guérit de la cécité[3] ; saint Ouen des affections de l’ouïe.

Saint Boniface remédie au marasme qui amaigrit la face.

Saint Genou, dans l’Indre, préserve de la goutte, maladie qui atteint surtout les articulations.

Saint Phallier, à Chabris (Indre), rend les femmes fécondes. (Voy. les Esquisses pittoresques de l’Indre, p. 263.)

Saint Acaire tempère l’humeur acariâtre de certaines femmes quand on peut les lui mener. — « Nicot, en son Dictionnaire, dit Ménage, dérive le mot acariâtre du nom de saint Acaire, qu’on appelle en latin Acarius, et auquel, dit-il, on meine les acariastres. » — D’un autre côté, saint Raboni met à la raison les maris peu endurants. Sa chapelle, située dans la vieille église de Montmartre, près Paris, était autrefois très-fréquentée par les épouses incomprises et maltraitées, qui s’y rendaient de fort loin, et la tradition rapporte que l’une d’elles apprenant, au retour d’un semblable pèlerinage, que son mari venait de mourir, s’écria en levant au ciel ses yeux baignés de larmes… de joie : — « Que ta bonté est grande, ô saint Raboni ! toi qui accordes bien au delà de ce que l’on ose espérer ! »

Saint Langouret, non loin de Palluau (Indre), rend la santé aux enfants affligés de maladies de langueur. — Voyez, à propos de ce saint, tout à fait inconnu dans la légende officielle, le mot saint dans le Glossaire du Centre. — Les Normands, en pareille circonstance, mènent leurs enfants à saint Pâti (de pâtir) de Fatouville.

Saint Firmin, près de Bourges, guérit de la fièvre, parce que l’on a besoin d’être affermi lorsqu’elle nous fait trembler. — La source médicinale de Saint-Firmin était autrefois si fréquentée que l’on avait été obligé de placer une sentinelle à la porte de la fontaine, de crainte que la foule des buveurs n’en épuisât les eaux et pour que chacun d’eux pût entrer à son tour[4].

L’église d’Orsan, dans le Cher, posséda longtemps et possède peut-être encore le cœur de Robert d’Arbrissel. Ce viscère, que l’on vénérait sous le nom de Monsieur Saint-Cœur, opérait une foule de guérisons miraculeuses, mais soulageait spécialement les personnes affectées de maladies de cœur[5].

Saint Fiacre, à Chassignolle, près la Châtre, est invoqué contre les fics (hémorrhoïdes) et le fleur de sang[6]. — Au reste, Baillet, dans sa Vie des saints, t. IX, p. 26, assure que saint Fiacre a réellement le don de guérir les hémorrhoïdes.

Enfin, au dire de notre vieux polygraphe Nicolas Catherinot (Sanctuaire du Berry), les pauvres malingreux qui ne peuvent ni vivre ni mourir et que le mal étreint trop fort, s’adressent à saint Genefort[7], en s’écriant :

Grand saint Genefort !
À la vie ou à la mort !

Remarquons, à propos de ces analogies de consonnance, qu’une règle semblable a guidé les corps de métiers dans le choix de leurs patrons : — Les cordonniers invoquent saint Crépin, parce que son nom a de la ressemblance avec le mot latin crepida, qui signifie chaussure. — Les couvreurs et les charpentiers, qui travaillent sur les combles des bâtiments, fêtent l’Ascension. — Les cabaretiers ont pour patron saint Laurent à cause de son gril. — Les boulangers, saint Michel, parce qu’ils font des miches. — Les paveurs, saint Roch, parce qu’ils emploient des fragments de roches. — Les meuniers, saint Martin, parce qu’ils font un fréquent usage du marteau pour piquer leurs meules ;  etc.,  etc. — Ces préjugés onomatiques n’étaient pas étrangers aux anciens. Ainsi, Pline, en parlant de l’influence de la voie lactée sur les moissons, s’exprime en ces termes : Lactei circuli de fluvio, velut ex ubere aliquo, sata cuncta lactescunt.

Parmi tous nos saints guérisseurs, il en est deux surtout qui ont une clientèle considérable : ce sont saint Marien, patron d’une paroisse située près de Boussac, et saint Marin, qui possède un petit oratoire champêtre non loin d’Argenton-sur-Creuse. Saint Marin et saint Marien guérissent les rechignoux, c’est-à-dire les enfants que des maladies de langueur rendent criards, grognons ou marris (du latin mœrere, mœrens). — On voit dans l’église de Saint-Marcel, située non loin de la chapelle de Saint-Marin, une inscription gothique où il est question des rechignoux. Ce terme répond au vieux mot réchin, qui signifiait chagrin, maussade. Au onzième siècle, un comte d’Anjou, Foulque IV, était surnommé le Réchin, à cause de sa mauvaise humeur et de sa mine rechignée.

Voici de quelle manière on procède à la cure de l’infirmité des rechignoux : — Arrivés au but de leur pèlerinage, les parents déshabillent leurs enfants, qui d’ordinaire, pendant cette opération, manifestent par un redoublement de pleurs et de cris tous les symptômes de leur affection. Puis, au moyen d’une perche, le sacristain du lieu porte et fait toucher aux mains et à la figure du saint, dont la statue est haut placée, la coiffure et la chemise des rechignoux, qui, cette formalité accomplie, et leur toilette remise en ordre, sortent du saint lieu, pleins de bonne humeur et de mièvrerie. — Ces miracles sont tellement connus de nos populations que, si nous venons à parler d’une personne bourrue et grondeuse, nous ne manquons jamais de dire : — « Elle aurait besoin d’aller à saint Marin. »

Dans le Perche, c’est à saint Criard, saint tout local, que l’on conduit les rechignoux en pèlerinage. — « À un jour donné de l’automne, quel que soit l’état du temps, quel que soit l’état de santé des enfants, toutes les nourrices apportent leurs nourrissons devant l’image vénérée de saint Criard, dont la chapelle est située dans un hameau très-retiré de l’arrondissement de Nogent-le-Rotrou[8]. »

Quant à la coutume de porter aux mains et à la figure du saint la défroque des rechignoux, elle semble être de tous les temps et de tous les pays. On n’agit pas autrement en Italie, en Espagne et ailleurs encore, lorsqu’on implore le secours d’un bienheureux. C’est ainsi que les Grecs touchaient avec des rameaux garnis de laine les genoux, les mains et la figure des dieux qu’ils invoquaient ; c’est ainsi que « les mouchoirs et les linges qui avaient été en contact avec le corps de saint Paul acquéraient la propriété de guérir les malades et de délivrer les possédés de l’esprit malin[9]. »

Lorsqu’un malade est en danger de mort, et que l’on pense qu’une messe de saint peut le tirer d’affaire, on porte l’argent de cette messe au saint qui passe pour guérir la maladie dont le moribond est atteint. Si le cas est pressant, et que l’église ou la chapelle du saint soit trop éloignée, on obtient le même résultat en levant l’offrande au saint, c’est-à-dire en donnant à un pauvre l’argent que l’on destinait au saint. Si l’on n’a pas de pauvre sous la main, on lève simplement l’argent de la messe, ce qui consiste à faire porter immédiatement cet argent hors de la paroisse.

Malheureusement, il est des maladies qui, quoique de nature différente au fond, présentent absolument les mêmes symptômes ; alors, il devient très-difficile de deviner à quel saint on doit avoir recours. Dans cette circonstance, après avoir remarqué le point de l’horizon vers lequel se portent avec le plus de persistance les regards du moribond, vous pouvez être assuré que c’est dans cette direction que se trouve le domicile du saint libérateur.

Si, néanmoins, il vous restait encore quelque incertitude, comme il existe presque toujours une fontaine dans les dépendances de ces lieux vénérés, rendez vous sur ses bords et déployez sur sa surface une chemise du malade. Descend-elle rapidement au fond de l’eau, vous n’avez pas besoin d’aller plus loin. — Vient-elle, au contraire, à surnager, cherchez ailleurs, car le saint de céans ne s’occupera pas le moins du monde de la guérison de votre malade ; il n’y peut rien. — Mais il n’y a pas de temps à perdre, peut-être ? — Alors, levez une messe à l’intention de tous les saints.

N’oublions pas de remarquer qu’en fait d’expédients sanitaires, nos villageois comptent pour beaucoup la chemise. Ainsi, pour rendre la santé à un malade, il suffit quelquefois de faire bénir l’une de ses chemises, de la lui faire porter pendant neuf jours et de la donner ensuite à un pauvre.

Pour ce qui est de l’oracle des fontaines, on sait que chez les Celtes, ainsi que, chez les Romains, les sources étaient regardées comme des divinités. En vain, plus tard, les Capitulaires de Charlemagne disaient : — « Si, lorsqu’il se trouve dans une paroisse des infidèles qui allument des flambeaux et qui rendent un culte aux arbres, aux fontaines ou aux pierres, le curé ne redresse pas ces abus, il doit savoir qu’il se rend coupable d’un vrai sacrilège » ; en vain, depuis cet avertissement, les canons de l’Église tonnèrent-ils cent fois contre ces coutumes païennes, la vieille croyance celtique, bravant et Capitulaires et canons, s’est perpétuée jusque dans notre siècle de lumières.

Nous connaissons, dans nos pays, un grand nombre de fontaines dont les eaux sont certaines (efficaces) contre les fièvres et une foule d’autres maux. Nous citerons, entre autres, celle de Saint-Pantaléon, près Cours-les-Barres, dans le Cher, et celles de Saulot, près Saint-Benin-d’Asy, et de Huez, près Bôna, dans la Nièvre. « Le fiévreux., dit M. le comte Jaubert, dans le Glossaire du Centre, après y avoir bu, ne manque pas de déposer aux alentours une pièce de menue monnaie. Malheur au passant qui s’avisera de la ramasser ! il attrapera à son tour la fièvre, et le premier en sera à jamais débarrassé ».

L’Italie possède également de ces sources merveilleuses. À Naples, dans la belle église de San Francisco, existe une chapelle dédiée à saint Blaise, dont les murs et les piliers sont tapissés de cols en cire. Ces cols sont autant d’ex voto appendus en ces lieux par les malades qui ont été guéris de maux de gorge après avoir bu de l’eau d’un puits qui se trouve dans ladite chapelle. On peut s’y procurer, moyennant finance, des carafes pleines de cette eau bienfaisante, et sur le verre desquelles sont représentés, en couleur rouge, des cols de toutes Jes formes.

Ainsi que nous l’avons dit, nos pères les Gaulois étaient imbus de croyances semblables que leur avaient léguées leurs aïeux les Aryas, qui, eux aussi, étaient dans l’habitude d’invoquer les eaux « comme venant du ciel, comme augmentant la force et protégeant contre la maladie[10] ». Dans une prière des Védas, on trouve le passage suivant : « Sachez, vous tous, ô brahmanes ! que l’eau contient l’immortalité, que l’eau contient les remèdes médicaux… Le dieu Sama (la lune) a dit que toute médecine existe dans les eaux[11] ». — Encore de nos jours les eaux du Gange, le fleuve sacré par excellence des Indiens, guérissent, au dire de ces peuples, de tous les maux, et purifient de toutes les souillures. — Ajoutons que les Turcs de Constantinople s’adressent aussi très-souvent aux génies des fontaines pour en obtenir la santé, et que les hadjis, qui font le pèlerinage de la Mecque, ne manquent jamais d’en rapporter de l’eau d’un puits sacré appelé Zemzem. Cette eau a une vertu bien précieuse ; non-seulement elle vous délivre de tous les maux du corps, mais elle affranchit votre âme des taches du péché : « une seule goutte, prise au moment même de la mort, vous épargne cinq cents ans de purgatoire. Aussi cette eau miraculeuse, contenue dans de petits vases, est-elle transportée par les pèlerins dans tous les pays mahométans[12] ».

Quelque déraisonnables que soient les pieuses pratiques que nous venons de rapporter, elles sont pourtant loin de l’être autant que celles auxquelles on se livrait, il n’y a pas encore très-longtemps, dans les plus hautes classes de la société, et dont Saint-Simon, dans ses Mémoires (t. II, ch. c), nous fournit un curieux exemple : — « Tous les vœux, dit-il, et toutes les dévotions singulières que fit la duchesse d’Albe pour obtenir la guérison de son fils, surprirent fort ici, jusqu’à lui faire prendre des reliques en poudre par la bouche et par lavement. Enfin il mourut… » — Dans ces derniers temps, en 1864, la reine d’Espagne, étant très-fatiguée par suite d’une grossesse, « fit transporter le bras droit de saint Jean d’une église de Catalogne dans sa propre chapelle, où il a dû rester jusqu’à l’accouchement de Sa Majesté[13] ».

Nos saints ne s’occupent pas seulement de la santé de l’homme ; plusieurs d’entre eux daignent aussi donner leurs soins à celle du bétail. — Si, dans le cours de l’année, les aumailles, les bêtes à laine, etc., sont attaquées de badauderie[14], de convulsions ou de toute autre maladie qui se termine ordinairement par la mort, on lève l’argent d’une messe, ni plus ni moins que pour un chrétien, et l’on se hâte de porter cet argent au desservant de l’église ou de la chapelle dont le saint traite particulièrement du mal que l’on veut combattre. — Les bonnes ménagères savent parfaitement aussi à quel bienheureux s’adresser pour assurer la santé de leur basse-cour et même pour accroître la fécondité de leurs poules. Mais lorsqu’il s’agit de volailles, on se contente de lever un sou pour faire dire un évangile.

Entre tous nos saints vétérinaires, saint Antoine est assurément le plus en renom. À Mouhers, dans le canton de Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre), c’est à ce bienheureux que l’on s’adresse pour tout ce qui concerne la conservation du bétail en général. Dans le même département, l’ancienne commanderie de la Lande, commune de Prissac, possède une chapelle où, le 17 janvier, jour de la fête de Saint-Antoine, on célèbre une grande messe à laquelle on se rend de fort loin, particulièrement dans l’intérêt de la race porcine. Or, « il y a une dizaine d’années, le curé de là paroisse, qui était nouvellement arrivé et qui ne connaissait pas encore cet usage, s’étonnait de voir une vieille femme réclamer douze évangiles de suite, et ne put s’empêcher de lui demander pourquoi elle en faisait dire une aussi grande quantité. La vieille lui répondit : — « Monsieur le curé, sauf votre respect, c’est que notre truie a amené cette nuit douze petits cochons, et je pourvoyons les petits et la mère[15] ».

Au reste, dans la capitale du monde chrétien, à Rome même, saint Antoine est également regardé comme le patron des quadrupèdes. Un religieux de son ordre s’exprime ainsi dans un conte de Boccace (IVe journée, Nouvelle X) : « Vous savez, Messieurs et Mesdames, que vous êtes dans l’habitude de nous donner, tous les ans, une part de vos revenus, afin que le bienheureux saint Antoine ait soin de votre bétail. » — « Auprès de Sainte-Marie-Majeure, à Rome, et devant l’église de Saint-Antoine, s’élève une colonne érigée en mémoire de l’abjuration d’Henri IV. Au pied de ce monument se pressent, le 17 janvier, tous les chevaux du pape, des cardinaux et des princes romains, la queue et la crinière ornées de fleurs. La messe achevée, un prêtre, placé devant la petite porte de l’église et armé d’un goupillon, leur donne la bénédiction. À mesure qu’il asperge les chevaux, les harnais et les postillons, les domestiques entrent dans l’église pour baiser une croix rouge peinte sur le buste de saint Antoine, et déposer l’offrande de leurs maîtres au bas de ce buste richement colorié… Cette cérémonie rappelle les fêtes des mulets et des chevaux de Rome ancienne[16]. » — Encore à présent, à Naples, le jour de la Saint-Antoine, les bestiaux sont conduits à la bénédiction. Cet usage était très-commun au moyen âge.

S’il existe, en Berry, une foule de lieux saints[17] que s’empressent de visiter, chaque année, les personnes dévotieuses de nos campagnes, on y trouve également de pieux rendez-vous où s’assemblent, à de certaines époques, les honnêtes quadrupèdes qui partagent les labeurs incessants de l’agriculteur, ou qui, tout en menant une vie oisive, n’en contribuent pas moins à son bien-être journalier.

La Chapelle-du-Fer, mentionnée sur les cartes de Cassini sous le nom de Chapelle-Saint-Jean-aux-Fers, est, tous les ans, le but d’un pèlerinage qu’accomplissent, dans l’intérêt de leur conservation, tous les bestiaux de l’extrémité méridionale du bas Berry. La Chapelle-du-Fer, véritable Mecque au petit pied pour toutes les bêtes des alentours, est située près des limites du département de l’Indre, sur le territoire de la paroisse de Saint-Plantaire en un lieu désert, et aux abords de la grande forêt de Murat.

La veille de la Saint-Jean, tout possesseur de bétail conduit son troupeau à ce lieu vénéré. Les aumailles, les chevaux et les ânes, la plupart décorés de rubans et de vertes ramilles, précèdent les moutons et les brebis fraîchement tondus et soigneusement lavés. Guidée pieusement et en silence par ses maîtres, cette immense multitude, irréprochable dans sa tenue, et comme pénétrée d’un instinct religieux, défile processionnellement autour de la chapelle.

Le lendemain, le jour même de la Saint-Jean, une grande messe est célébrée pour attirer la bénédiction du ciel sur les bestiaux de toute espèce. Pendant le saint sacrifice, la foule des assistants, qui sans cesse se renouvelle, lance de tous les points de l’enceinte, du côté de l’autel et en guise d’offrandes, une innombrable quantité de poignées de laine[18]. Comme on envie la bonne chance de ceux dont les toisons tombent le plus près de l’autel ou viennent à toucher les ornements sacerdotaux, souvent il arrive qu’à la fin de la cérémonie le desservant se trouve littéralement enseveli sous une montagne de laine. — À la Chapelotte, dans le haut Berry, c’est à la tête du saint de la paroisse que les fidèles jettent la dépouille de leurs brebis. — Ce genre d’offrande rappelle les présents que l’on faisait, dans le vieux temps, aux patrons des églises, et dont Grégoire de Tours parle en ces termes : « Multitudo rusticorum… exhibens lanas, vellera, formas ceræ,…,  etc.[19]. »

Notons, en passant, que l’intérieur de la Chapelle-du-Fer était très-anciennement tapissé d’ex-voto de toute sorte. On y voyait, suspendus aux murailles, des têtes, des yeux, des bras, des jambes, des cœurs, des poupées humaines, des chevaux, des bœufs, des moutons, des cochons, etc. ; le tout en cire de plusieurs couleurs.

Dans le département de la Loire, c’est saint Ennemond « qui a la spécialité de guérir les animaux malades et sur l’autel duquel les paysans font dire des messes pour le rétablissement d’une vache, d’un âne ou d’un porc. Outre les messes, les desservants du sanctuaire vendent des petits pains à 25 centimes, qui guérissent non-seulement les bestiaux, mais encore les enfants[20]. »

Ailleurs, c’est saint Éloi qui s’occupe de la guérison du bétail. En 1862, il se vendait une petite brochure, imprimée à Vouziers par Aug. Lapie et intitulée le Médecin des pauvres, dans laquelle, entre mille prières spécifiques contre une foule de maladies, se trouve l’oraison suivante contre les tranchées des chevaux : « Cheval noir ou gris (il importe de désigner la couleur de la bête), appartenant à N…, si tu as les avives de quelque couleur qu’elles soient, ou tranchées rouges ou en trente-six sortes d’autres maux, de cas qu’ils y soient (sic), Dieu te guérisse et le bienheureux saint Éloi. »

Ne savoir à quel saint se vouer est, comme on le voit, une locution proverbiale tout à fait inapplicable dans notre heureux pays, car, non-seulement pour tous nos maux, mais encore pour tous les besoins, pour toutes les contrariétés de la vie, nous avons un saint à invoquer.

Les vieilles femmes de nos villages connaissent une foule de saints qui, pour la plupart, il est vrai, ne figurent point dans la légende, sans doute parce qu’ils tirent leur origine de quelque divinité païenne, mais qui n’en mettent pas moins de complaisance à les aider dans les plus vulgaires de leurs occupations domestiques. Il en est de même en Bretagne où, selon Émile Souvestre, « saint Herbot, par exemple, fait prendre le beurre et saint Yves fermenter la pâte[21]. »

Chez nous, saint Abdon (tape donc) et saint Sennen (nous disons sener pour semer), lorsque nous les invoquons à propos, préservent nos récoltes de la grêle[22]. — Avez-vous égaré quelque tête de bétail, récitez cinq Pater et autant d’Ave, puis allez jeter deux ou trois centimes dans la chapelle de Saint-Hubert, près d’Aigurande, et ce saint aura bientôt ramené votre bête à l’étable. Saint Hubert non-seulement ramène au bercail les bestiaux égarés, mais c’est encore à lui que l’on s’adresse pour se prémunir contre la rage et, en général, pour éloigner de soi les atteintes de toute espèce de bêtes malfaisantes. On rencontre dans la plupart de nos foires et assemblées des charlatans que nous nommons Saint-Hubert ou marchands de saint Hubert, qui promènent dans une petite boîte l’image de ce saint, à laquelle ils font toucher des bagues, des chapelets bénits, qui acquièrent à ce contact de grandes vertus préservatrices. Lorsque vous êtes muni d’un pareil talisman, et lorsque vous savez par cœur la fameuse oraison de saint Hubert qui commence par ces mots :

Grand saint Hubert qu’étez glorieux,
Du fils de Guieu (Dieu) qu’étez amoureux ;
Que Guieu nous garde en ce moument
Et de l’aspic et d’ la sarpent[23],
Du ch’ti chin et du loup maufait[24],
Etc.,  etc.,

vous pouvez entreprendre, sans crainte d’encombre, les plus lointains voyages et braver les jaguars, les tigres et les boas de l’ancien et du nouveau monde.

Nous avons déjà parlé, page 229, de quelques-unes de nos prières populaires. Il n’est guère de maladies ou d’accidents contre lesquels il n’en existe au moins une. — Nos paysans commençaient un peu à oublier toutes ces pratiques ; mais, si l’on en croit l’Union médicale (année 1861), voici que maintenant l’on s’efforce de les remettre en vogue « en imprimant à des milliers d’exemplaires des petits livres de prières pour guérir le mal de dents, les rhumatismes, la colique, pour arrêter les hémorrhagies, pour couper les fièvres, en un mot pour toutes les maladies des hommes et des animaux, car les chevaux aussi participent aux bienfaits de ces oraisons. L’une d’elles a été trouvée sur le sépulchre de Notre-Dame, en la vallée de Josaphat ! »

Quelques personnes possèdent encore des clefs de saint Hubert, qu’il suffit d’appliquer sur toute morsure suspecte pour en prévenir les suites. — La clef de saint Hubert sert principalement à panser les animaux.

Enfin, le dirons-nous ? les saints poussent si loin pour nous la complaisance, que nos vœux, même les plus criminels, trouveraient un appui dans les cieux !

Il existe aux environs d’Argent, dans le département du Cher, une fontaine consacrée à saint Mauvais, près de laquelle se rendent et prient les misérables qui désirent la mort d’un ennemi, d’un rival en amour, d’un parent à succession, etc., etc. Mais, par une heureuse compensation, non loin de la fontaine de saint Mauvais, s’élève la chapelle de saint Bon, dont les honnêtes gens ne réclament jamais en vain la protection[25]. — Saint Mauvais rappelle le saint Séquayre des Basques, auquel on recommande ses ennemis pour les faire sécher[26] ; il rappelle encore la Notre-Dame de la Haine des Bretons, « superstition bizarre et vraiment celtique, dit Émile Souvestre ; vestige éloquent de l’énergie farouche des vieux adorateurs de Teutatès[27]. » Enfin, saint Mauvais, saint Séquayre et Notre-Dame de la Haine nous font naturellement ressouvenir que les Hindous, dont le panthéon ne compte pas moins de trois cent trente-trois millions de divinités, trouvent aussi, au besoin, un dieu prêt à les assister chaque fois qu’ils ont une mauvaise passion à satisfaire.

Quant à la coutume de s’adresser à un saint pour être guéri de la maladie qui est de son ressort, elle nous a été transmise par les païens qui, comme nous, avaient un dieu à invoquer contre chacune de leurs infirmités. Les Romains, particulièrement, en vinrent à personnifier, à diviniser les maladies même des plantes[28]. Ce polythéisme effréné avait certainement pris naissance dans l’Inde, et l’on voit que le dogme de l’unité de Dieu, proclamé et propagé par Moïse, ne l’a pas encore entièrement vaincu.

Quelque puérils, quelque absurdes que soient les préjugés médicaux que nous venons de passer en revue, nos paysans sont loin d’égaler, sur ce point, la crédulité des anciens. Parmi nous, du moins, il n’y a aujour<fhui que la population la plus pauvre et la plus ignorante de nos campagnes qui ajoute foi à ces sottises[29] ; mais chez les Romains, aux siècles les plus brillants de leur histoire, ces superstitions étaient accréditées jusque dans les hautes classes de la nation, et l’historien le plus complet de ces sortes d’erreurs, Pline l’Ancien, qui, en maints endroits de sa vaste Encyclopédie, se montre esprit fort et même incrédule en face de croyances plus ou moins acceptables, Pline lui-même, disons-nous, admet et préconise bon nombre de ces folles idées.

Voici, entre mille, quelques-unes des recettes indiquées par cet auteur :

Pour guérir les tumeurs, faites frotter le côté droit du malade par trois personnes de nations différentes avec un onguent composé d’axonge et de reine des prés (spiræa ulmaria) que l’on aura pilée sans employer le fer. Que le malade crache trois fois à sa droite pendant la friction. (Liv. XXIX, ch. 112.)

Autre remède pour le même mal : — Une jeune fille nue et à jeun, ainsi que le malade, touche la partie affligée avec le dos de la main, en disant : « Apollon s’oppose à l’invasion du mal qu’une vierge nue a conjuré. » Puis la jeune fille retourne sa main et répète trois fois les mêmes paroles en crachant à chaque fois ainsi que le patient. (Liv. XXVII, ch. 106.)

Pour calmer sur-le-champ la migraine, on recueille dans un pan de sa toge la mousse qui croît sur la tête des statues, et, après l’avoir enveloppée dans un morceau de linge de couleur rousse, on la suspend autour du cou du malade. (Liv. XXIV, ch. 106.)

On remédie aux luxations en employant de l’herbe sur laquelle les chiens ont l’habitude de lâcher leur urine, et que l’on arrache du sol sans le secours du fer[30]. (Liv. XXIV, ch. 111.)

Pour chasser un rhume de cerveau, il suffit de s’envelopper l’un des doigts de la main ou du pied avec un morceau de peau de chien. (Liv. XXX, ch. 15.)

Voulez-vous hâter la délivrance d’une femme en mal d’enfant ? — Jetez un crible, au hasard, sur un chemin ; prenez les brins d’herbe qui se trouveront avoir passé à travers les trous dudit crible et attachez-les au cou de la malade. (Liv. XXIV, ch. 109.)

Remède contre la toux : — Procurez-vous une de ces petites grenouilles vertes qui juchent sur les arbres, et qui, de là, font entendre leur voix criarde ; crachez-lui dans la bouche et lui rendez la liberté ; vous êtes sûr de ne plus tousser. (Liv. XXXII, ch. 28.)

Remède contre les piqûres de scorpions : — On assure qu’il suffit de confier à un âne, en lui parlant de très-près dans l’oreille, que l’on a été piqué par un scorpion, pour que, à l’instant même, le mal cesse. (Liv. XXVIII, ch. 81.)

Remède contre le hoquet : — Celui qui ramassera et mettra de côté un morceau de terre sur lequel un cheval aura laissé l’empreinte de l’un de ses pieds, — ce qui se trouve aisément, — n’aura qu’à songer au lieu où il le tiendra en réserve, pour se débarrasser du hoquet. (Liv. XVIII, ch. 42.)

Il n’est guère possible, on en conviendra, que l’imagination en délire aille plus loin, et l’on s’étonne tout d’abord qu’un écrivain tel que Pline ait enregistré des rêveries aussi déraisonnables ; mais comme, après tout, ce sont là autant de renseignements curieux sur les défaillances où peut tomber l’esprit humain et sur l’état de la civilisation d’un grand peuple à l’une des plus florissantes époques de son histoire, on n’ose blâmer l’éloquent naturaliste d’avoir grossi son recueil de ces incroyables inepties ; seulement on regrette de ne pas le trouver supérieur à son siècle par la manière dont il accueille et apprécie la plupart de ces extravagances.

FIN DU PREMIER VOLUME.
  1. Paralipomen., xvi, 12.
  2. « Il est arrivé qu’en la présente année 1639, le ciel faisant paroître son indignation contre la terre par les persécutions des maladies de dissenterie, flux de sang et autres, dont le ravage estoit aussi général que périlleux pour ceux qui en estoient attaquez, le fléau de Dieu s’estant estendu mesme dans ce bourg et paroisse de Neufvic-Saint-Sépulchre, la plus grand’ part des habitans, pour appaiser le courroux du ciel, se résolurent, par un mouvement de piété ; de recourir aux prières vers le Précieux sang qui repose en l’église Sainct-Jacques dudit Neufvic, et de rendre tous les ans pareils culte et adoration à notre bon Dieu sous l’invocation de son Précieux sang, le dimanche immédiat devant le jour de sainct Fiacre… » (Extrait de l’Acte de fondation de la fête du Précieux sang ; — Communication de M. Léon Mauduit de la Châtre.)
  3. Voy. dans le Compte rendu des travaux de la Société du Berry (années 1864-1865), p. 260, d’intéressants détails sur la dévotion à saint Clair de Vatan. On s’y rend en pèlerinage de plus de dix lieues à la ronde ; le quatrième dimanche après Pâques.
  4. Alexis Monteil, d’après Chenu, Antiquités de Bourges.
  5. M. Raynal, Histoire du Berry. t. I. p. 460.
  6. Nos paysans disent toujours fleur de sang pour flux de sang. — Fleur est ici la traduction du mot latin fluor, et nos villageois, en s’exprimant ainsi, sont aussi conséquents que nos docteurs patentés lorsqu’iis appellent les menstrues fleurs, et la leucorrhée fleurs ou flueurs blanches.
  7. Saint Genefort est un saint berrichon dont la fête tombe le 25 février.
  8. Docteur Brochard, de la Mortalité des nourrissons dans l’arrondissement de Nogent-le-Rotrou. Paris, chez J.-B. Baillière, 1866.
  9. Actes des Apôtres, xix, 12.
  10. M. Alfred Maury, Croyances et Légendes de l’antiquité ; — Rig-Véda, t. I, p. 38.
  11. Traduction de M. Daniélo, Histoire et tableau de l’univers, t. III, p. 243.
  12. Arminius Vambéry, Voyages dun faux derviche, traduite de l’anglais par M. E. Forgues.
  13. Revue germanique du 1er avril 1864.
  14. Nous appelons ainsi l’avertin ou le tournis. — Voy. le mot Badauderie dans le Glossaire du Centre.
  15. M. le docteur Élie de Beaufort, Recherches archéologiques dans les environs de Saint-Benoît-du-Sault (Indre).
  16. Mary-Lafon, Rome et ses environs en 1853 ; — Dionys. Halic., II, 30, 31.
  17. Tels que Sainte-Solange, non loin de Bourges ; Vaudouan, aux environs de la Châtre ; la Trinité, à Cluis-Dessous,  etc.,  etc. — Voy. sur le pèlerinage de Vaudouan, la note 1 de la page 90.
  18. Nous entendons par poignée de laine la toison entière d’une brebis.
  19. De Gloria confess., c. 2.
  20. M. Taxile Delord.
  21. Les Derniers Bretons.
  22. Catherinot, Sanctuaire du Berry.
  23. Voy. sur la sarpent, la note 1 de la page 201.
  24. Ch’ti chin et chin maufait signifient, dans le langage berrichon, chien enragé ; nous disons ch’ti (chétif) pour mauvais, méchant. — Voy., pour maufait, la page 127.
  25. L. Laprade, Erreurs et préjugés des paysans.
  26. Émile Souvestre, les Derniers Paysans.
  27. Les Derniers Bretons.
  28. « Fragilis etlaboriosa mortalitas in partes ista (nu mina) digessit, infirmitatis suae memor, ut portionibus coleret quisque, que maxime indigeret. — Itaque nomina alia aliis gentibus, et numina in iisdem innumerabilia reperimus : inferis quoque in genera descriptis, morbisque, et multis etian pestibus dum esse placatas trepido metu cupimus. Ideoque etiam publiee Febris fanum in Palatio dicatum est… » (Pline, Bist. nat., liv. Il, ch. 6.)

    Le poëte Prudence s’écrie de son côté :

    Par furor illorum quos tradit fama dicatis
    Consecrasse deos febrem scabiemque sacellis.

    Le dieu Crepitus pouvait bien aller de pair avec les dieux de la fièvre et de la gale. — Quant aux divinités à invoquer contre les maladies des plantes, nous ne parlerons que du dieu ou de la déesse Robigo (la rouille des blés). Ce dieu avait deux temples : l’un, entouré d’un bois sacré, était situé dans l’intérieur de Rome ; l’autre s’élevait sur la voie Nomentane, hors de la porte Capène. Les Robigales se célébraient le 25 avril.

  29. Malheureusement cette population est fort nombreuse. Pour ne parler que du sud-ouest de notre province, il résulte d’un travail fort consciencieux de M. Arondeau, chef de bureau de la statistique au ministère de la justice, inséré dans le compte rendu de la Société du Berry (années 1856-57), que le département de l’Indre est l’un de ceux où l’instruction primaire est le plus arriérée. En effet, sur 100 de ses conscrits, 31 seulement savent lire et écrire, tandis que la moyenne, par toute la France, est de plus du double (63), et que dans le Bas-Rhin 97 sur 100 savent au moins lire. — Nous pourrions citer plus d’une de nos communes rurales où le maire seul sait lire et écrire, et encore quel écrivain quel lecteur !
  30. Voy. p. 62, en quelles circonstances l’emploi du fer était encore interdit.