Découverte de la licorne

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NÉPAL.Découverte de la licorne. — L’existence de cet animal, que l’on regardait depuis long-temps comme fabuleuse, ne saurait plus être révoquée en doute. La dépouille d’une licorne vient d’être envoyée à la société asiatique de Calcutta, par les soins de M. Hodgson, résident de la compagnie des Indes dans le Népal.

La Bible parle de la licorne ; Aristote décrit l’oryx (âne indien), qui selon lui n’avait qu’une corne ; Pline indique la fera monoceros (bête fauve à une corne) ; les historiens chinois citent le kiotouan (animal à corne droite), comme habitant la Tartarie. Toutes ces notions devaient faire conjecturer qu’on serait amené un jour à découvrir la licorne. Cette espérance vient enfin d’être réalisée par M. Hodgson. La peau et la corne qu’il a envoyées à Calcutta appartenaient à une licorne morte dans la ménagerie du radjah de Népal. Elle avait été présentée à ce prince par le lama de Digourtchi qui l’aimait beaucoup. Les gens qui l’amenèrent au Népal apprirent à M. Hodgson que cette espèce d’animal, à qui on donne dans le Thibet méridional le nom de tchirou, se plaisait principalement dans la belle vallée de Tingri, située dans la province thibetaine de Dzang. Elle est remplie de couches de sel autour desquelles les tchirous se rassemblent par troupes. La forme du tchirou est en général gracieuse comme celle de toutes les autres antilopes ; il a aussi les yeux incomparables de cette espèce. Sa couleur est rougeâtre, comme celle du faon, à la partie supérieure du corps, et blanche à l’inférieure. Ses caractères distinctifs sont : d’abord une corne noire, longue et pointue, ayant trois légères courbures, avec des anneaux circulaires vers la base ; ces anneaux sont plus saillans sur le devant que sur le derrière de la corne ; puis deux touffes de crin qui sortent du côté extérieur de chaque narine ; beaucoup de soies entourent le nez et la bouche, et donnent à la tête de l’animal une apparence lourde. Le poil du tchirou est dur et paraît creux comme celui de tous les animaux qui habitent au nord de l’Himâlaya, et que M. Hodgson a eu l’occasion d’examiner. Ce poil a environ 5 centimètres de longueur ; il est si touffu, qu’il présente au toucher comme une masse solide. Au-dessous du poil, le corps du tchirou est couvert d’un duvet très-fin et doux, comme presque tous les quadrupèdes qui habitent les hautes régions des monts Himâlaya, et spécialement comme les chèvres dites de Kachmir.

Le docteur Abel, de Calcutta, a proposé de donner au tchirou le nom systématique d’antilope Hodgsonii, d’après celui qui a mis son existence hors de doute.

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