Dédicace (Verhaeren)
DÉDICACE
Ces vers
Où ton passé scintille encor
Comme un amas de braises d’or,
Parmi les cendres.
Ces vers
Sombres ou clairs,
Je les rimai jadis en des saisons jolies,
Où l’existence était pour tous une embellie,
Où l’on ne pouvait croire, où l’on ne croyait pas
Qu’un jour pour te broyer sous son poids, l’Allemagne
Hélas ! ô Flandre, à cette heure, tu n’as plus guère
Comme lumière
Que la lueur oblique et rouge de la guerre.
Mortes sont tes cités et morts sont tes beffrois.
Tu deviens un pays de plus en plus étroit.
Pourtant, plus on t’opprime et plus ta destinée
Met à se maintenir une force acharnée.
Rien ne peut ni plier ni casser ton vouloir,
Si bien qu’en ces temps noirs
Dût-on ronger encor, douce terre flamande,
Ton sol étreint par le malheur,
Tu resterais quand même et toujours assez grande