Dédicaces/À Aman Jean, sur un portrait enfin reposé de moi

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Œuvres complètes - Tome IIIVaniervolume III (p. 182).

LXXXIII

À AMAN JEAN


sur un portrait enfin reposé qu’il avait fair de moi


Vous m’avez pris dans un moment de calme familier
Où le masque devient comme enfantin comme à nouveau.
Tel j’étais, moins la barbe et ce front de tête de veau
Vers l’an quarante-huit, bébé rotond, en Montpellier.

J’allais dans des Peyroux, tranquillement avec ma bonne,
J’y faisais mille et des fortins de sable inexpugnables
Et des fossés remplis, mon Dieu, des eaux les moins potables
Suivant l’exemple que Gargantua pompier nous donne.

J’y voyais passer des processions, des pénitents
Et proclamer la République en ces candides temps
Où tant d’un tas d’avis n’étaient pas encore inventés.

Mais malgré ce souci de nos jours qu’il agite et trouble
Et d’autres ! au tréfonds de mes moelles encor butées
Je demeure assuré, — conforme à votre excellent double.


Hôpital Broussais, décembre 1891.