Dédicaces/Être tout de beauté, tout de bonté

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Œuvres complètes - Tome IIIVaniervolume III (p. 240-241).

IX


À Henri Bauër.


Être tout de beauté, tout de bonté,
Été naïf, vouloir l’être resté ;

Contempler et jouir comme de soi
Non sans une espèce de quant à moi ;

Se fier à la pente naturelle
Avec peut-être peu compter sur elle ;

Falloir, de par un pur devoir à rendre,
Ce devoir, néanmoins y condescendre ;

Se sentir maître, au fond, de l’action,
Après, pourtant, telle étroite option,

La tâche est douce, elle est bien rude aussi,
Couronne d’or, immortelle et souci,


Sceptre de diamants couleur de larmes,
Grandeur, belles, oui, mais imbelles armes,

Lois qu’on va dicter, mais plutôt en rêve !
Voir se noyer ses vaisseaux de la grève,

Amiral dont la mer n’a pas voulu
Et qui l’a déposé sur le rivage

Inattendu de quelque île sauvage
Pour le régal de l’habitant goulu.