Délicieuses voluptés/12

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(pseudo non identifié)
Éditions de Minuit, 8 rue de Tracy (p. 107-119).
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XII

L’après-midi devait être plus fertile en événements libertins.

Au cours du repas, Roger de Huchetelles afin d’éviter de croiser les yeux de Colette de Verneuse, ce qui l’eut immensément troublé, porta ses regards exclusivement sur la douce Jacqueline. Et ce, à la secrète joie de Madame de Rembleynes.

Car, nous l’avons dit, la bonne dame espérait que le fils du Marquis allait devenir amoureux de sa fille. Et une union future des deux familles, par le mariage des enfants, était un projet depuis longtemps caressé par la vieille châtelaine.

La timidité de Roger semblait s’être dissipée avec l’aventure du matin. Aussi, sans aucune gêne, il prenait part à la conversation générale, et de temps à autre, posait de furtifs regards sur Jacqueline.

Il la trouvait jolie et pleine de charmes ; et comme ce matin, il avait remarqué par l’échancrure du corsage de la jeune fille, la naissance de deux mignons globes blancs, dressés entre la fente mystérieuse qui les séparait, il faisait de multiples efforts pour que se renouvelasse un si gracieux spectacle.

Et l’on eût dit que l’astucieuse Jacqueline devinait le secret désir du jeune homme, car elle trouvait mille prétextes pour se pencher vers lui et approcher sa poitrine de son visage.

Oh ! les jolis petits seins ! Et comme Roger voudrait bien les explorer de la main, les caresser, les baiser comme il avait baisé ce matin, la jambe et la cuisse de Mademoiselle de Verneuse !

Et comme le jeune Roger était assis tout près de Jacqueline, il tentait comme par mégarde, d’effleurer sa poitrine, à travers la fine étoffe du corsage.

Jacqueline en apparence n’y portait nulle attention, mais au cours des tentatives de son voisin, l’on pouvait constater chez elle, un léger frémissement, en même temps, que durcissait à l’extrémité des jolis globes, la pointe mignonne, tendant impudiquement la soie du corsage.

Ah ! quel malheur, pensait Roger qu’il nous soit impossible de pousser plus avant…

Quant à Colette, s’apercevant du manège des deux jeunes gens, elle accaparait Madame de Rembleynes, attirant son attention pour lui éviter de trop voir les essais polissons de Roger de Huchetelles.

Une pluie malencontreuse empêcha les jeunes gens de sortir après le repas, et les obligèrent à chercher un moyen de se distraire dans l’intérieur du château.

Jacqueline proposa de monter dans la bibliothèque. Et cela lui rappela l’histoire de Colette et de son oncle Gaston.

— Dis, Colette, c’était dans une bibliothèque comme celle-ci ?…

— Oh ! non, chérie mignonne, elle était bien plus grande…

Et les deux jeunes filles de rire, sans que Roger en comprît la raison…

En parcourant les rayons chargés de vieux livres, Colette de Verneuse se demandait comment elle allait s’y prendre pour se livrer à quelques ébats libertins et s’amuser aux dépens de Roger, en l’excitant. Car, c’était le but que se proposait la jeune lesbienne : Affoler complètement le jeune homme en plein éveil sexuel, jouir voluptueusement de ce qu’il s’en suivrait, et si possible, manœuvrer de telle sorte que le jeune de Huchetelles et la douce Jacqueline perdissent leur pucelage, l’un avec l’autre, l’un par l’autre.

En attendant, il fallait trouver un passe-temps agréable et un tantinet libertin.

Tout à coup, Colette se frappa le front. Eureka ! s’écria-t-elle joyeusement. Elle sortit de la bibliothèque, un vieux petit livre du siècle dix-huitième, un recueil de Jeux de salons, fertiles en incidents galants, avec des gages et pénitences pour le moins singuliers…

Et, immédiatement, elle proposa un jeu en apparence innocent.

Comme de juste, Roger de Huchetelles perdit à chaque coup. D’ailleurs, avec la plus gracieuse mauvaise foi, ses compagnes y aidèrent, et tout heureux des pénitences imposées, le jeune homme cherchait à être en faute le plus souvent.

Que dût-il faire comme pénitence ? C’est là où l’imagination libertine de Colette se donna libre cours !

Et combien de fois le jeune homme dût-il baiser les mains et même les pieds des jeunes filles, s’agenouiller devant elles, les déchausser et les rechausser !

Et même pour finir, Colette s’enhardit à imposer à Roger quelque chose qui l’affola complètement : Déshabiller Jacqueline ! Et baiser au fur et à mesure qu’il en débarrasserait le corps de la jeune fille, le corsage et les lingeries…

À ce commandement imprévu, Roger rougit d’émotion ; mais il est heureux dans le fond, car cela donne une intense satisfaction à son désir amoureux.

Gauchement, il dégrafe la robe blanche et le corsage, et il les fait glisser et va les poser sur un fauteuil, après les avoir baisé pieusement ! Puis, il revient vers la jeune fille, rougissante autant que lui.

Comme elle est jolie, en combinaison avec le petit pantalon froufroutant et hardiment fendu d’une grande échancrure en son milieu, d’où surgit d’affolantes touffes blondes !

En tremblant, Roger enlève le pantalon, le porte à ses lèvres et en respire le voluptueux parfum intime. Puis il déboucle la ceinture qui retient les délicieuses jarretelles mauves…

Voilà Jacqueline presque nue ! Encore un léger voile, la fine chemise transparente que le jeune homme fait glisser après avoir fait passer les rubans roses pardessus les épaules, le long des bras.

D’un air amusé, l’œil brillant et un sourire polisson aux lèvres, la belle Colette assiste à la délicate opération et se réjouit du trouble et de l’émoi de Roger. De ses gestes, elle encourage Jacqueline à se laisser faire, puis quand le déshabillage est terminé, elle commande à nouveau, véritablement inspirée par le démon du libertinage :

— Jacqueline ! va te coucher sur ce divan bas ! Et vous, Roger, agenouillez-vous et baisez-lui les fesses !

Cette fois-ci, Jacqueline hésite ; quant à Roger, complètement affolé, il ne sait plus quelle doit être son attitude devant cette scène pour le moins… scabreuse, dont il est le principal acteur.

Mais, d’un signe, Colette encourage Jacqueline qui se couche sur le divan ; et autoritaire, cette fois, elle s’écrie :

— Allons, Roger ! Exécutez-vous !…

Le jeune homme est comme ivre. Jacqueline est devant lui, couchée sur le ventre, posée sur les genoux et les jambes légèrement repliées, de telle sorte que ses fesses mignonnes proéminent, admirablement mises en valeur, et bien éclairées.

Roger peut les contempler tout à son aise ! Et il reste là, en extase, devant le merveilleux spectacle offert à sa vue. Jamais encore, si ce n’est pendant un court instant, l’autre jour, au parc, il n’a vu les fesses d’une femme. L’on pense si sa curiosité trouve à se satisfaire ! Et avec d’autant plus de ferveur que le joli derrière exposé à ses yeux, est celui de Jacqueline, dont il souhaitait voir et caresser les seins mignons tout à l’heure, pendant le repas ! Combien a-t-il plus maintenant, puisque c’est le derrière de la jolie fille qui est devant lui, offert à ses baisers.

Oh ! le merveilleux globe ! Chaque fesse bombe délicieusement dans une harmonie de chair bien blanche ; et les séparant, une large fente ambrée semble se perdre dans un charmant mystère plein d’ombre, d’où sortent timidement quelques poils blonds comme des fils d’or frisés.

Roger est véritablement attaché aux fesses, et ses yeux ne voient qu’elles ! Il faut pour le tirer de son extase, la voix de Colette qu’il entend soudain :

— Allons Roger, embrassez-les !…

Jacqueline est toujours en position d’attente, le derrière haut. Alors, doucement, Roger s’incline, et y pose ses lèvres, passionnément.

Ah ! ces baisers sur les jolies fesses rebondies de l’exquise petite blonde ! Le jeune homme y colle ses lèvres, amoureusement, pieusement, en proie à une sorte de délire sacré ; il passe de l’une à l’autre, en s’attardant longuement dans la fente qu’il parcourt toute, du haut en bas…

Mais voici que la douce Jacqueline commence à gémir, émue par ces baisers qui l’excitent. Alors, Colette se levant, repousse Roger ; puis elle va s’allonger à côté de la petite cousine, et se met en devoir d’éteindre le feu allumé par le jeune homme.

Et Roger, avec stupeur, assiste à la répétition de la scène lesbienne, seulement entrevue dans le parc…