Délicieuses voluptés/15

La bibliothèque libre.
(pseudo non identifié)
Éditions de Minuit, 8 rue de Tracy (p. 135-141).
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XV

Un après-midi, comme Jacqueline était restée seule à lire dans sa chambre, Roger errait dans la cour devant le château.

Il vit soudain arriver mademoiselle de Verneuse, portant deux gros livres sous le bras. La jeune femme avait un bizarre sourire en fixant Roger du coin de l’œil.

Assez troublé, le jeune homme lui demanda :

— Vous allez à la bibliothèque ?

— Mais oui, Roger…

— Voulez-vous que je vous accompagne ?

Le jeune homme avait un air suppliant. Malicieusement, Colette lui répondit :

— Mais oui, vous m’aiderez à ranger ces livres…

Le cœur battant, Roger de Huchetelles suivit la jolie fille, et monta derrière elle le grand escalier qui menait à la bibliothèque.

Colette de Verneuse allait, quelques marches en avant de lui, et il pouvait admirer sous la robe ses jolies fesses bien rebondies sautiller au rythme de ses pas. Un rapprochement se fit dans l’esprit du jeune homme, et il compara la croupe de mademoiselle de Verneuse à celle de Jacqueline. Son désir se précisa, il se promit de baiser les fesses de Colette comme il avait baisé celles de la petite blonde.

Aussi, arrivé dans la bibliothèque, il ne fut attentif qu’à serrer de près la jolie Colette, laquelle tout d’abord fit mine de ne rien comprendre, et lui commanda assez sèchement de monter à l’échelle et de ranger ses livres.

Mais quand il eut achevé ce rangement, et que descendu de l’échelle, il se trouva près d’elle, Colette s’assit dans un large fauteuil et l’attira par la main.

— Roger, comme vous étiez heureux l’autre jour d’embrasser les fesses de Jacqueline !…

Le jeune homme, interdit, commençait à rougir et ne répondit pas. Mais Colette continua :

— Mais oui, Roger, vous êtes un petit polisson, et comme l’autre jour vous étiez content de me caresser !… Allez ! petit vicieux…

Et soudain, Colette se levant, approche ses lèvres du visage du jeune homme.

Instinctivement, celui-ci cherche sa bouche, et la libertine suivant son mouvement, a vite fait de la placer sur la sienne. Les deux jeunes gens s’enlacent et échangent un long baiser.

Mais Colette desserre son étreinte, et en plongeant ses beaux yeux dans les yeux de Roger, elle lui demande, en le tutoyant pour la première fois :

— Roger, tu m’embrasserais comme tu as vu Jacqueline m’embrasser ?…

— Oh ! oui Colette…

— Viens là !…

Mademoiselle de Verneuse, écarta les jambes en s’enfonçant dans le fauteuil, puis faisant agenouiller le jeune homme devant elle, elle lui attira la tête sous sa robe retroussée.

Roger frémit alors en frôlant des lèvres les cuisses de la jolie fille… Elle, de la main, le guide vers les profondeurs soyeuses en écartant le linge, et soudain il se sent en contact avec quelque chose qui lui chatouille agréablement la bouche, cependant qu’un subtil parfum sexuel commence à l’enivrer.

Le jeune homme sent bien que ses lèvres sont assez loin des fesses de Colette posées sur le fauteuil, il en touche néanmoins la naissance, de chaque côté de la fente prestigieuse qui s’offre à sa caresse. Mais autre chose s’offre à ses baisers en se dressant comme un obstacle devant sa bouche gourmande. Le même fruit inconnu, velouté et humide qu’il a caressé de ses doigts l’autre jour au parc, est là devant lui !… Colette d’un mouvement brusque de ses reins l’approche de ses lèvres, et comme il comprend soudain, elle s’abandonne toute à ses longs baisers passionnés.

Avec ardeur, Roger la caresse, y mettant plus de fougue que d’habileté, mais Colette corrigeant ses mouvements maladroits, le maintient d’une poigne vigoureuse et amène sur ses lèvres le centre du plaisir.

Roger est ivre, et sa passion est au paroxysme. Avec quel cœur il caresse la jolie fille ! Il en sent voluptueusement le flux humide, et infatigablement, il continue son amoureuse besogne, quand soudain, Colette le repousse brusquement et s’affaisse dans le fauteuil avec un grand cri…