Développement de la télégraphie électrique en Angleterre

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DÉVELOPPEMENTS
DE LA TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE
EN ANGLETERRE.

Le post-master général vient de présenter à la Chambre des communes un rapport très-long et très-détaillé, qui permet d’apprécier l’importance des développements dont la télégraphie est susceptible.

Le nombre des bureaux télégraphiques est de 5 400. Il paraît suffisant pour les besoins d’un pays dont la surface ne dépasse pas le quart de la France, et dont la population n’excède pas 20 millions d’habitants. Mais si le nombre des stations paraît avoir à peu près atteint son maximum, il n’en est pas de même des services que les appareils sont appelés à rendre au public. Ainsi le nombre des télégrammes ordinaires, c’est-à-dire transmis par la poste, s’élève à 15 millions, tandis que l’an dernier il n’était que de 12 millions. Actuellement le public consomme 3 télégrammes par 4 habitants, y compris les femmes et les enfants. On voit que chaque bureau transmet en moyenne 2 700 messages, soit 9 par jour de travail, non compris les dimanches et jours fériés.

Le réseau anglais a une longueur de 800 000 kilomètres, ce qui donne une ligne égale à vingt fois le tour de la terre et deux fois plus grande que la distance de la terre à la lune. Le trajet moyen est de 120 kilomètres par station, chiffre qui tient à la multiplicité des fils employés. Le nombre moyen est d’un peu plus de vingt messages transmis par chaque kilomètre de fil. Il y a, comme on le voit, environ un kilomètre de fil par 25 habitants.

Mais ces nombres ne donneraient qu’une faible idée de l’extension du service télégraphique de l’autre côté du détroit. En effet, la presse politique jouit du bénéfice d’un tarif réduit, et les télégrammes ne sont point compris dans le relevé précédent.

En 1872, on a transmis pour elle 28 000 000 de mots, c’est-à-dire six fois plus de matière que le Times n’en a publié. L’année précédente, on n’en avait transmis que 21 000 000. Certains débats parlementaires donnent lieu à une correspondance dont l’activité est bien faite pour nous surprendre, car dans une seule nuit on a transmis 200 000 mots aux différents journaux de province.

Certains journaux et certains particuliers louent des fils à l’année. Ces fils sont utilisés quelquefois pendant la journée pour la télégraphie privée. Le périmètre du réseau en location est de 8 000 kilomètres, donnant lieu à un revenu d’un million. Parmi les fils encore loués nous citerons ceux qui relient la Chambre des communes à l’office du Times, et ceux qui sont loués au Manchester Examiner. On ignore naturellement le nombre des mots ainsi transmis.

Nous citerons encore comme étant une institution tout à fait caractéristique, l’institution d’un bureau télégraphique roulant, qui rend de très-grands services et est quelquefois très-lucratif pour l’administration. L’an dernier, on l’a employé aux manœuvres d’automne, aux régates des universités d’Oxford et de Cambridge, au jeu de cricket, à l’exposition de la Société d’agriculture (club de Smiths-field), etc., etc. Quelquefois même des lignes provisoires sont établies. C’est ce qui a eu lieu pendant la durée d’un congrès d’échecs au Palais de cristal. L’office de cet établissement a été mis en communication provisoire avec Birmingham, Glasgow, Hull et Bristol.

C’est ainsi que le goût de la télégraphie électrique se généralise et pénètre dans toutes les sphères de la société.

Dans le relevé précédent nous n’avons point compris les messages de la télégraphie internationale qui, à cause de la position insulaire de l’Angleterre, sont expédiés par voie sous-marine. Les télégrammes d’Écosse et d’Irlande, qui ont un service à part, ne figurent pas non plus dans ce tableau.

W. de Fonvielle.