D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme/6

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VI

RÉSUME DES TROIS APPORTS

Tant de phrases, — mais il a fallu produire toutes les preuves, pour convaincre de la légitimité du néo-impressionnisme en établissant son ascendance et son apport, — ne pourraient-elles se condenser en ce tableau synoptique :

BUT
Delacroix.
l’impressionnisme.
le néo-impressionnisme.
donner a la couleur le plus d’éclat possible.
MOYENS
Delacroix. 1. Palette composée de couleurs pures et de couleurs rabattues ;
2. Mélange sur la palette et mélange optique ;
3. Hachures ;
4. Technique méthodique et scientifique.
l’impressionnisme. 1. Palette composée uniquement de couleurs pures se rapprochant de celles du spectre solaire ;
2. Mélange sur la palette et mélange optique ;
3. Touches en virgules ou balayées ;
4. Technique d’instinct et d’inspiration.
Le néo-impressionnisme 1. Même palette que l’impressionnisme ;
2. Mélange optique ;
3. Touche divisée ;
4. Technique méthodique et scientifique.
RÉSULTATS
Delacroix. En répudiant toute teinte plate et grâce au dégradé, au contraste et au mélange optique, il réussit à tirer des éléments en partie rabattus dont il dispose, un éclat maximum dont l’harmonie est garantie par l’application systématique des lois qui régissent la couleur.
L’impressionnisme. En ne composant sa palette que de couleurs pures, il obtient un résultat beaucoup plus lumineux et plus coloré que celui de Delacroix ; mais il en diminue l’éclat par des mélanges pigmentaires et salis, et en restreint l’harmonie en n’appliquant que d’une manière intermittente et irrégulière les lois qui régissent la couleur.
Le néo-impressionnisme. Par la suppression de tout mélange sali, par l’emploi exclusif du mélange optique des couleurs pures, par une division méthodique et l’observation de la théorie scientifique des couleurs, il garantit un maximum de luminosité, de coloration et d’harmonie, qui n’avait pas encore été atteint.